Vient de paraître: «Le chasseur d’éléphants invisibles», un recueil de nouvelles de Mia Couto

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Puisant aux racines de l’imaginaire, de la vie quotidienne et de la tradition orale, entre fiction et réalité, dès les premières nouvelles de ce recueil, qui dépassent rarement les cinq ou six pages, le ton est donné. Ainsi, dans «Un gentil voleur», le vieil homme, qui avait pris pour un voleur l’agent des services de santé venu le visiter, lui dit: «Il y a soixante ans en arrière, je suis presque mort de la variole. Quelqu’un est-il venu me rendre visite? Mon épouse est morte de la tuberculose, quelqu’un est-il venu nous voir? Le paludisme a pris mon fils unique, c’est moi qui l’ai enterré tout seul. Mes voisins sont morts du sida, personne ne s’en est jamais occupé. Ma défunte femme disait que c’était notre faute parce que nous avions choisi de vivre loin des endroits où se trouvent les hôpitaux. Elle, la pauvre, ne savait pas que c’était l’inverse: ce sont les hôpitaux qui s’installent loin des pauvres».

Puis, dans la nouvelle «Le chasseur d’éléphants invisibles», qui donne le titre au présent recueil, c’est le chasseur Lauro Tsatso qui, face aux techniciens du ministère de la Santé venus lui expliquer que le virus de la Covid-19 était invisible, sourit, car sa spécialité c’étaient précisément les créatures invisibles et que, finalement, ils étaient entre collègues. En effet, expliquait-il, «les animaux qu’il chassait surgissaient la veille comme des entités sans corps. Même l’éléphant paraissait plus petit que le néant».

Et un peu plus loin, lorsque l’un des agents de la santé lui parlent de distanciation sociale et de la nécessité de rester chez lui, le chasseur Tastso lui répond: «Mais je suis déjà chez moi», tout en désignant le paysage désertique autour.

Dans «Le chasseur d’éléphants invisibles», qui vient de paraître aux éditions Chandeigne, traduit par Elisabeth Monteiro Rodrigues, Mia Couto nous montre encore une fois à quel point il maîtrise l’art de la nouvelle: «Avec sa langue reconnaissable entre toutes – peut-on lire en quatrième de couverture du présent ouvrage – il saisit les transformations qui bouleversent les sociétés contemporaines et les individus en proie à un monde incertain».

Se servant de l’humour et de l’ironie pour mieux mettre au jour et témoigner des contradictions, des absurdités et de situations parfois presque surréalistes, il revisite une série de sujets de l’actualité africaine, en l’occurrence le Mozambique.

Avec «Le chasseur d’éléphants invisibles» nous pénétrons à nouveau dans le monde merveilleux de Mia Couto, auteur mozambicain, né en 1955, fils d’émigrés portugais, lauréat du prix Camões en 2013 et dont plusieurs ouvrages ont déjà été publiés en France.

 

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