LusoJornal / Dominique Stoenesco

3ème Rencontre des Professeurs de Langue, Littérature et Cultures Lusophones en France

Le 3 mai dernier a eu lieu à l’Ambassade du Brésil, à Paris, la IIIème Rencontre des Professeurs de Langue, Littérature et Cultures Lusophones en France (EPLLIC), dans le cadre des commémorations liées à la Journée internationale de la langue portugaise et de la CPLP. Réunissant notamment des professeurs de l’enseignement secondaire et des universitaires, la rencontre s’est déroulée en présence des Ambassadeurs João Bernardo de Miranda (Angola), Paulo César de Oliveira Campos (Brésil), Hércules Cruz (Cap-Vert), Alberto Maverenge Augusto (Mozambique), Jorge Torres Pereira (Portugal), ainsi que de la Consule-générale du Brésil, Maria-Theresa Lazaro.

L’EPLLIC se veut un espace de dialogue, de réflexion et de propositions pour la promotion et le développement de l’enseignement de la langue portugaise en France. En ouverture du programme de cette journée, les Ambassadeurs Paulo César de Oliveira Campos et Jorge Torres Pereira ont souligné la richesse et la diversité de la langue portugaise dans le monde, la présence de la France comme membre observateur au sein de la Communauté des Pays de Langue Portugaise et l’intérêt qu’ont les pays lusophones à créer des synergies en faveur de la promotion et de l’enseignement du portugais. Par ailleurs, se référant à la réforme du Baccalauréat, ils ont déploré l’absence du portugais dans le groupe des Langues de Spécialité pouvant être présentées aux épreuves de ce diplôme, rappelé la pétition lancée par l’Association des Études Portugaises, Brésiliennes, d’Afrique et d’Asie lusophones (ADEPBA) et annoncé qu’ils allaient demander aux autorités françaises de réviser leur position.

Daniel Rodrigues, Maître de conférences à l’Université de Clermont-Auvergne a présenté la Cartographie des études lusophones en France, réalisée en partenariat avec l’Ambassade du Brésil, qui se veut être un outil d’information et de valorisation de l’enseignement du portugais, destiné essentiellement aux étudiants, professeurs et chercheurs. À travers la création d’une base de données et d’un réseau de contacts, cette cartographie offrira notamment des informations sur les différentes formations en France (Universités ou Grandes Écoles), qu’elles soient littéraires, scientifiques ou commerciales, où l’étude du portugais peut être poursuivie.

«Naissance de l’enseignement du portugais en France», tel était le titre de l’exposé présenté par Jacqueline Penjon, professeure émérite de l’Université Sorbonne-Paris 3. Le premier cours de langue et de littérature portugaises à la Sorbonne a eu lieu le 14 mars 1919, financé par le Gouvernement portugais et confié à Georges Le Gentil, normalien, professeur de lycée. Mais, dès la fin du XIXé siècle on vit déjà fleurir à Paris des traductions et aussi des revues et des journaux en portugais, ainsi que des tentatives privées d’organisation de cours de portugais.

En 1908, est créé le Groupement des universités et grandes écoles pour les relations avec l’Amérique latine, dont le but était, entre autres, de développer les études françaises au Brésil. Réciproquement, en 1922, l’Académie Brésilienne des Lettres subventionne un cours de littérature brésilienne à la Sorbonne. «L’envoi par la France a souligné Jacqueline Penjon – de jeunes normaliens ou agrégés dans les universités portugaises et brésiliennes, comme professeurs ou lecteurs, fera naître plusieurs vocations de lusitanistes (Jean-Baptiste Aquarone, Léon Bourdon, Paul Teyssier, etc.). Leur retour en France et leur passion pour les études lusophones permettront d’ouvrir certaines universités françaises au portugais».

Quant au Secondaire, l’enseignement de la langue portugaise ne sera institutionnalisé que dans les années 70, après l’arrivée massive de Portugais en France, avec la création d’un Capes (1970) et d’une agrégation (1974), ainsi qu’une mission d’inspection générale qui sera confiée à Solange Parvaux.

En deuxième partie de cette rencontre, Adelaide Cristóvão, Coordinatrice de l’enseignement portugais en France, a présenté le programme culturel de la Journée internationale de la langue portugaise qui aura lieu à l’Unesco, le 22 mai. Puis, trois interventions ont mis en valeur quelques actions en faveur de l’enseignement du portugais en France: Alice Fernandes (Association Alter Brasilis, à Paris) a fait un bref historique des activités culturelles et des cours de portugais dispensés par cette association, dont les effectifs sont de 350 apprenants, adultes et enfants, mais qui peine à résoudre ses problèmes de locaux; Liliane Santos, enseignante à l’Université de Lille, a présenté un panorama chiffré et commenté de l’enseignement officiel du portugais en France (Primaire, Secondaire et Supérieur), en insistant sur la «nécessité d’une politique volontariste des autorités institutionnelles en faveur de cet enseignement»; Raquel Compulsione, professeure de portugais à la Section brésilienne du Lycée International de l’Est Parisien, a évoqué la coopération scolaire entre la France et le Brésil et présenté la situation dans les établissements où elle enseigne au lycée de Noisy-le-Grand (70 élèves) et au collège de Bry-sur-Marne (106 élèves).

Un débat s’en est suivi, portant essentiellement sur la réforme du Baccalauréat et le sort réservé à la langue portugaise, sur le rôle des Ambassades lusophones face à cette situation, sur la formation des professeurs et le besoin qu’ils ressentent d’échanger davantage sur leurs expériences pédagogiques.

Luciana Gouveia, Déléguée générale de l’association Cap Magellan, a exposé en détail le plan de la future Campagne de Promotion de la Langue Portugaise, dans le cadre des États Généraux de la Lusodescendance, qui sera lancée à la rentrée 2019.

À la fin de cette troisième édition de l’EPLLIC, des groupes de travail se sont constitués, ayant pour objectifs principaux de poursuivre la réflexion à propos du développement de l’enseignement de la langue et des cultures lusophones en France.

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