Jean Póvoa, déporté il y a 80 ans dans le Train de Loos, dernier train à partir vers la déportation


Le 1 septembre prochain marque les 80 ans du dernier train, appelé le «Train de Loos» (lire ICI, ICI et ICI) de déportés envoyés vers l’Allemagne pendant la II Guerre mondiale. Parmi les 871 déportés de ce train – dont 3 Portugais ou d’origine portugaise – seulement 284 reviendront des camps.

Les trois Portugais sont Henri de Moraes (lire ICI) – il meurt dans le transport entre deux camps de concentration -, Benoît da Costa Araújo (lire ICI) – il sera le seul à revenir de l’enfer d’Allemagne – et Jean Póvoa – il meurt le 2 mai 1945, le lendemain de la libération du camp de Sachsenhausen.

Jean Póvoa est né à Noeux-les-Mines (62), le 1er décembre 1922. Fils de José Póvoa, née à Cernache (Coimbra), le 21 juin 1895 et décédé le 15 juin 1952, à Bully-les-Mines et de Daise Marie, née le 18 juin 1897, à Noeux-les-Mines et décédée le 07 décembre 1962, à Bully-les-Mines. La profession du père de Jean Póvoa était houiller.

José Póvoa, le père, est venu en France dans le cadre du Corpo Expedicionário Português (CEP) pour participer à la I Guerre mondiale, ayant embarqué à Lisboa le 23 février 1917. Après quelques escapades, qui lui ont valu plusieurs punitions, il quitte le CEP le 28 mai 1919 pour s’installer à Auchel.

Jean Póvoa, le fils, faisait partie de la classe de recrutement de 1942, il entra en Résistance en 1943 au sein du Front National, secteur de Bully-les-Mines.

Avant la déportation, il était un ouvrier mineur à Noeux-les-Mines.

Jean Póvoa a été arrêté, a été fait otage, à Hersin-Coupigny, le 16 août 1944, détenu à Béthune, puis à Loos, déporté le 1 septembre 1944, à Sachsenhausen, affecté en octobre au Kommando de Lichterfelde. Il serait mort le 2 mai 1945, lors de l’évacuation du camp de Sachsenhausen.

Marcel Houdart, ancien Résistant, déporté aussi dans du Train de Loos, dans son livre «Des Noeuxois dans la Résistance et Déportation : ceux du Train de Loos» écrit sur Jean Póvoa : «Parchim est dépassé dans la grêle, le 1er mai. C’est ici, tout près, à Bergade, que Jean Póvoa va succomber, le 2 mai, après notre passage et cela suppose qu’il a été exécuté avec d’autres, enterré par des villageois après identification par son numéro de matricule 97.652. Il avait 22 ans… mort la veille de la Libération !»

Jean Póvoa est médaillé, à titre posthume, par décret du 4 juillet 1956, de l’Ordre de la Libération. Son nom figure sur le monument aux morts de la II Guerre mondiale de Noeux-les-Mines.

Il est déclaré comme «Mort pour la France».

La maman de Jean Póvoa, Daise Marie, après démarches, recevra notification du Ministère des Combattants et Victimes de Guerre, le 18 novembre 1954, que son fils est considéré comme Déporté et Résistant. Pour appuyer cette demande, un écrit est présent dans le dossier de Jean Póvoa, archivé au Ministère de la Défense, qui nous a été aimablement confié par Grégory Celerse, Président de l’Amicale du Train de Loos. Nous pouvons consulter ci-dessous le détail des actions héroïques menées par Jean Póvoa au service de la France.

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Association Nationale des Anciens F;F;I-F.T.P.F. du Pas de Calais

Attestation

Je soussigné, Arsa Anselme, Lieutenant-colonel F.F.I, homologué en Commission Nationale sous numéro 32.184, agissant pour délégation de signature de Monsieur Mugnier Marcel, liquidateur national du Front Nationale, mouvement homologué par décision ministérielle J.O du 22-7-48, page 7.173, certifié sur l’honneur que :

Monsieur Póvoa Jean, né le 1er décembre 1922 à Noeux-les-Mines (Pas de Calais) est entré dans la Résistance dès 1943, secteur de Bully-Mazingarbe.

Il participa à des actions directes contre l’ennemi, notamment :

– De juillet 1943 à avril 1944, distribution de tracts et journaux clandestins, sabotage à la fosse 2 d’Hersin-Coupigny.

– Fevrier 1944 : récupération de dynamite puits 2 à Hersin-Coupigny.

– D’avril 1944 à août 1944 : transport d’armes à Bully-les-Mines et Noeux-les-Mines.

– Avril 1944 : sabotage de la ligne de chemin de fer Paris-Dunkerque, à Mazingarbe.

– Août 1944 : sabotage de l’usine à Mazingarbe de plusieurs réservoirs de benzol. La même nuit, récupération de fusils et revolvers sur des soldats allemands à la gare de Noeux-les-Mines.

Arrêté le 16 août 1944 pour faits de Résistance et trouvé porteur d’un revolver, il fut interné à Béthune et à Loos. Déporté en Allemagne le 1er septembre 1944, il décède en Allemagne le 2 mai 1944.

En foi de quoi, je délivre cette attestation pour servir et valoir ce que de droit.

Fait à Lens, le 17 décembre 1953

Lieutenant-colonel F.F.I.

Arsa

Homologation N°32.184

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