Les animaux, grandes victimes de la I Guerre mondiale au sein du Corps Expéditionnaire PortugaisAntónio Marrucho·Comunidade·27 Outubro, 2024 À la consultation de «Ilustração Portuguesa», série II, n°639, en date du 20 mai 1918, page 397, une photo nous choque : des chevaux allongés sur le bord d’une route et dans la légende on peut lire : «L’effet d’une grenade». À la vue de la photo et de la légende, nous nous sommes posé la question du rôle et la souffrance des animaux pendant la I Guerre mondiale. Comme pour les hommes (lire ICI), les conséquences pour les animaux domestiques ont été terribles, toutefois difficile de quantifier. Nous nous limiterons à aborder, dans le présent article, le cas des animaux qui ont servi, qui ont été utilisés, par le Corps Expéditionnaire Portugais (CEP). Par notre écrit, c’est comme une forme d’hommage que nous voulons rendre aux meilleurs compagnons des combattants du CEP. Les informations que nous allons présenter ont été extraites de la Caixa 1305, de l’Arquivo Histórico Militar. Selon les statistiques, il y aurait 6.390 chevaux au service du CEP le 9 décembre 1917, distribués par 3 catégories : ceux de selle, au nombre de 2.165, de trait 4.165 et de «dorso», 60. Les statistiques ont évolué pour atteindre un maximum de 7.827 en date du 20 janvier 1918 : 2.364 chevaux de selle, 5.224 de trait et 239 de «dorso». Entre les deux dates, on remarque une augmentation assez notoire des solipèdes de trait, chevaux très endurants et aptes à la traction de poids importants, acheminements de matériel, voire de soldats. Tous ces chevaux et mules ont été rapatriés de l’intérieur du Portugal, avant d’être embarqués à Lisboa, à destination de Brest. Dans un rapport envoyé au Chefe da Repartição do Gabinete do Ministério da Guerra et destiné au Ministre de la Guerre, les données sont un peu différentes, avec des compléments d’information. Informations recueillies par le rédacteur du Rapport, le Lieutenant-colonel Xavier de Brito, auprès du CEP. Le CEP les ayant obtenues, de son côté, auprès de l’Adido Militar du Portugal à Paris. La demande initiale de ces données est venue du Ministre de l’Amérique à Lisboa (Ambassadeur des États Unis à Lisboa). Il est indiqué que l’Armée portugaise, pendant la I Guerre mondiale, n’a employé que des chevaux et des mules, et que le Portugal a envoyé, par voie maritime, 7.783 solipèdes (chevaux et mules). On apprend, par cette note, que d’autres chevaux /mules sont venus renforcer le CEP, fournis par des dépôts anglais pour un total de 1.476 : 188 chevaux et 1.288 mules. Un certain nombre de solipèdes portugais ont été soignés dans des hôpitaux vétérinaires, un total de 521 : 212 chevaux et 309 mules. Quand ils revenaient au sein du CEP, après avoir été soignés par les Anglais, on les distinguait des autres, la lettre P (de ‘Portugal’) était gravée par un fer chaud sur le cheval ou mule. Par rapprochement et lectures des différents Rapports, quand les solipèdes étaient envoyés vers les services vétérinaires anglais, quand ils revenaient, ils étaient rajoutés sans avoir été déduits précédemment aux statistiques du CEP. Nous considérons donc plus juste de dire que sont venus du Portugal 7.262 chevaux et mules (7.783-521). Si on ajoute aux 7.262, ceux fournis par les anglais, 1.476, on arrive à un total de 8.738 chevaux/mules qui ont été au service du CEP. Notons que le CEP avait, lui-même, des services vétérinaires, au Quartier Général (QG) et au sein de chacune des deux Divisions. Pour diriger ce service, il y avait des Chefs de service vétérinaire, divisionnaire et section mobile. Concernant les pertes, 2.187 animaux ont été comptabilisés comme décédés pendant la campagne du CEP : – 1.443 le 9 avril 1948 (Bataille de La Lys)– 465 de maladies (69 en 1917, 394 en 1918 et 2 en 1919) – 95 sont décédé à Brest (débarquement) ou pendant le transport – 184 par Morno (maladie infectieuse provoquée par la bactérie Burkholderia. Impressionnant est le nombre de solipèdes décédés pendant la Bataille de La Lys, beaucoup plus que la perte en hommes, entre 2,5 et 5 fois plus, selon le nombre de pertes en combattant qu’on considère pendant la journée du 9 avril. En dehors des décès provoqués par la bactérie Burkholderia, les autres maladies les plus fréquentes chez les chevaux et mules étaient en relation avec l’appareil respiratoire, arthrite et colique. Si on fait un simple calcul, de la perte des animaux par rapport au total d’animaux du CEP, on arrive à un pourcentage de pertes de l’ordre de 25% (2.187 sur 8.738) à comparer avec celle en soldats/officiers, autour de 3,6%. Le service des statistiques du CEP a comptabilisé, par ailleurs, 8.220 plaies chez les chevaux/mules, à la suite d’accidents, blessures de combat ou de service. Au vu des chiffres que nous venons de citer, pourquoi ne pas les évoquer pendant les cérémonies de la Bataille de La Lys ? Pourquoi ne pas leur rendre hommage ? Pourquoi ne pas matérialiser le «merci» par une image, un symbole, dans un lieu de mémoire du Corps Expéditionnaire Portugais ?