A Família Carpentier: François Carpentier, diretor técnico das Minas de Ervedosa e a I Guerra Mundial

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A 2 de agosto de 1914, a França mobiliza todos os franceses para a I Guerra mundial. Todos deveriam responder à chama quer estivessem no país ou estrangeiro.

A família Carpentier vivia nas Minas de Ervedosa, concelho de Vinhais, distrito de Bragança e fora apanhada de surpresa…

O Diretor técnico da mina, François Carpentier, e a sua família, esposa Cécile Carpentier e as suas duas filhas, a mais velha Cécile, com 5 anos e a mais nova Lucienne, nascida na vila de Torre D. Chama, Mirandela, com apenas 2 anos, viviam em Portugal desde 1910. O irmão de François, Achille, e a família tinham-se juntado a estes em 1913. Achille Carpentier, a sua esposa Julienne e a sua filha Lucienne Louise, de apenas 1 ano viviam também nas Minas de Ervedosa. Trabalhavam e aparentemente viviam felizes e sobretudo em paz!

Eis que a guerra surge na Europa e todos os cidadãos franceses no estrangeiro devem regressar ao seu país. Os irmãos Carpentier em Ervedosa tiveram de regressar para se alistarem nos seus regimentos. Partiram para defender a sua Pátria, com a esperança de regressarem a Portugal, no entanto o destino surpreende-os e as Minas de Ervedosa tiveram de mudar de proprietários. O sonho dos Carpentier tinha ficado por ali…

Foram tempos difíceis para Mina de Ervedosa, assunto que ficará para mais tarde…

No entanto, chegou-nos até nós, através de um descendente de François Carpentier, um sobrinho neto, e bisneto de Achille Carpentier, umas cartas partilhadas entre esta família durante a I Guerra mundial e algumas fotografias. No total são 25 cartas trocadas entre François e a sua esposa, Achille e a sua esposa e Elysée e Louis, também irmãos destes Carpentier. Apenas vamos apresentar algumas, aquelas que achamos mais pertinentes pelo conteúdo relacionado com locais onde se vão encontrando, relatos de como vivem no Front, uma referência às minas de Ervedosa, nomeadamente ao dia de comemoração da Santa Bárbara, padroeira dos mineiros – 4 de dezembro, a carta de Achille, prisioneiro, que escreve à mãe informando-a que os filhos François e Elysée, perderam a vida…

A família Carpentier é originária de Liévin, Nord Pas-de-Calais, França. O pai, também François Carpentier, era mineiro nessa região e os filhos seguiram a profissão do progenitor. Eram quatro irmãos: Louis Carpentier tinha nascido a 14 de março de 1879, era o mais velho dos irmãos, era mineiro de profissão e participou na I Guerra mundial como sapador, ou seja, cavava minas debaixo das linhas inimigas para as fazer explodir. Não estava exposto ao fogo como os soldados de infantaria, artilharia, aviação ou da marinha.

François Carpentier nasceu a 30 de abril de 1881, pertencia ao Regimento de Infantaria nº73, nº de matrícula 3214, recrutamento de Béthume. Morreu em Vitry-le-François, na retaguarda de Verdun. Portanto, concluímos que esteve na batalha de Verdun. Morreu em 22 de abril de 1916, vítima de ferimentos em combate, como consta na sua caderneta militar.

Achille Carpentier nasceu a 28 de julho de 1884 e era “Caporal du 145ème d’infanterie de Maubeuge” como consta em algumas cartas. Foi feito prisioneiro no dia 8 de setembro de 1914, dia da queda de Maubeuge, vila no Norte de França, onde se encontrava com o seu Regimento. Foi prisioneiro durante 4 anos, em Munster, na Alemanha.

Elysée Carpentier nasceu a 1 de junho de 1893, pertenceu ao Regimento de Infantaria nº78, nº de matricula 2479, de recrutamento de Béthume. Participou na Batalha de Verdun, pois foi dado com desaparecido em Fleury-devant-Douaumont, desapareceu no dia 28 de fevereiro de 1916, como consta na sua caderneta militar.

Temos o exemplo desta família que enviou quatro irmãos para participarem no campo de batalha, mas as famílias francesas depressa se habituaram a este cenário, os filhos eram recrutados para esta terrível guerra, sem opção de escolha. François e Achille vieram de Portugal para defenderem a sua pátria querida, tal como os soldados portugueses que em 1917 foram mobilizados para participarem nesta terrível guerra que dizimou famílias inteiras…



Transcrevemos as cartas e faremos algumas observações



1ª carta de 9 de outubro de 1914

De François, em Saint-Astier, para Achille, prisioneiro

Monsieur Achille Carpentier,

Caporal du 145ème d’infanterie de Maubeuge

Prisonnier de guerre en Allemagne

aux bons soins du Bureau International de la Croix Rouge

9 rue de l’Athénée

Genève (Suisse)


Cher frère,

J’apprends que tu es prisonnier, et m’empresse de te donner de nos nouvelles. Ta femme et ta fille sont toujours bien portantes de même que Cécile et mes deux petites filles. Elysée était en bonne santé fin septembre date de sa dernière lettre. Louis, notre frère, a dû se battre au commencement d’octobre. J’ignore ce qu’il sera advenu de lui.

Moi je suis toujours au dépôt et n’ai couru aucun risque jusqu’à présent.

Ecris à ta femme par le même intermédiaire et dis si tu es bien et si tu as besoin de quelque chose.

Sois fort et courageux surtout et tache de nous revenir bien portant à la fin de la terrible épreuve qui t’est imposée.

Mes compliments à Louis Mercredi s’il est avec toi.

Reçois l’expression de la toujours meilleure affection de ton frère.

François

2ª carta de 20 de outubro de 1914

Carte postale de François Carpentier à Saint Astier

à Madame veuve François Carpentier, sa mère (Désirée Andry), résidant alors rue Thiers ; à 62 Liévin.

Chère Mère,

Serez-vous rentrée chez vous à la réception de cette carte. En tout cas j’attends impatiemment de vos nouvelles. J’ai vu François Bouchard hier et je lui ai donné vingt francs. J’écris à Louis aujourd’hui. Toujours pas de nouvelles d’Achille. Elysée doit avoir reçu ma lettre. Je suis maintenant premier à partir au feu.

J’ai bon courage et espoir comme vous le savez.

Je vous embrasse de tout cœur.

François

3ª carta de 2 de novembro de 1914

De François à son frère Achille, prisonnier.

Monsieur Achille Carpentier

Prisonnier de guerre

Unbeanstande

Kmdtr. S. Gef Lagers

Raus Spital T

Münster

(Allemagne) Via Pontarlier

Cher frère,

Lucienne me communique ta carte du 14 septembre.

Je suis heureux que tu sois en bonne santé ainsi que Louis. Mes amitiés à ce dernier.

Ta femme et ta fille sont en excellente santé. Aucune nouvelle de maman qui doit toujours être à Liévin.

Je me porte à merveille et n’ai pas encore vu le feu. Je t’embrasse de tout cœur.

François.

4ª carta de 7 de dezembro de 1914

D’Elysée, Vincennes, à son frère François

Cher frère,

J’ai reçu le télégramme dont vous me parlez dans votre lettre du 5 courant et j’y ai fait réponse de suite.

Vous me demandez de vous écrire souvent, c’est ce que je fais, je m’étonne que vous ne receviez pas mes lettres. Je vous ai écrit 2 ou 3 fois de Villiers-sur-Marne, de Vincennes, la première fois que j’y suis revenu de Béthune et de différents endroits du front et dernièrement de l’hôpital (sic) de Dieppe où (sic) j’ai été en traitement.

J’ai été blessé de 2 éclats d’obus ou plutôt de balles de srapnell (sic), un à la rotule de la cuisse et l’autre dans la région du coccyx. On ne me les a pas extraits, le premier parce qu’il était logé dans la région de l’aine et le second incrusté dans la première vertèbre de la colonne vertébrale. L’extraction pourra (sic) se faire dans un temps indéterminé le mouvement du sang faisant voyager les balles. Je n’en souffre aucunement en ce moment et les plaies n’ont jamais suppurée (sic).

(page 2)

La carte de monsieur Maillet est datée du 25 octobre.

Je vais écrire à Cécile pour lui donner de mes nouvelles afin qu’elle le fasse (sic) parvenir à notre frère Achille.

Je vais repartir au front à la fin de la semaine avec autant de courage et d’ardeur que la première fois.

En tout cas que le télégramme ne vous parvienne pas je vous donne ici mon adresse, tant qu’on (sic pour quant au) mandat télégraphique je vous en accuserais (sic) réception (sic) par retour du courrier et en vous remerciant je reste votre frère pour la vie.
Elysée

Carpentier Elysée

23ème régiment de Dragons

11ème escadron

Vincennnes

5ª carta de 1915

D’Elysée (Hermont, près d’Auxi-le-Château (1))

à François et Cécile – 1915

Cher (sic) frère et sœur

Me voici arrivé au repos heureusement sans accident et pas pour longtemps. Nous reformons le groupe et nous rééquipons pour une période plus (i2 mots illisibles) que celle que nous avons fait depuis le mois de mai.

Il m’est arrivé un incident assez drôle ces jours derniers. Nous étions dans un secteur tranquille, les tranchées étaient distantes de 800 mètres, les prisonniers étaient rares de notre côté, mais on n’avait jusqu’à ce jour pu prendre un boche, ce n’est pas l’envie qui nous manquait. (J’oublie de vous dire que j’ai été bien près d’aller vous surprendre avec une nouvelle permission) on avait donc promis à celui qui ferait un prisonnier, une permission de 8 jours. On part en patrouille [p.2] de reconnaissance, avec l’espoir de ramener son boche, les deux premiers jours on n’aperçoit pas même l’ombre d’un, le 3ème jour repos. Le 4ème on repart et voici ou (sic) l’affaire se corse.

Presque aussitôt sorti (sic) de nos fils de fer nous nous trouvons nez à nez avec une patrouille ennemie, ah cela a été vite, les boches nous ont lancé une dizaine de grenades et demi-tour les voilà qui filent comme des lapins, on se couche on crie aux hommes de la tranchée de tirer, ils en abattent un, il était mort, nous rentrons, pas contents bien entendu. L’officier nous rassemble et nous demande de repartir, la réponse on la devine, nous repartons, avec notre panier à fruits et le couteau à (sic) cochons, nous avançons jusqu’à leurs tranchées les mains dans les poches (au sens figuré) nous leur jetons les grenades dans la g… figure et nous venons nous poster 200 mètres en arrière, la première heure rien mais presque aussitôt le veilleur avancé de droite se replie et nous signale une patrouille exactement à notre droite. Je me suis dit Elysée voilà ta permission qui vient te trouver. Nous nous mettons en tirailleurs en oblique vers la droite et 50 mètres en arrières (sic) et nous attendons 5 minutes qui nous ont paru 5 siècles. Je ne voyais et n’entendais rien mais aussitôt (?) à ma droite j’entends un charabia et un hu qui ressemblait à un grognement de cochon et le coup de sifflet qui veut dire debout et me voilà debout, et en avant dans la mêlée car c’était une mêlée, là je ne rappelle plus rien je frappe, je frappe, je tombe et me voilà avec un boche sur le ventre, oh pas bien longtemps, je me dis voilà mon prisonnier je vous vous tous passer devant mes yeux, demi-tour, je prends la place du boche et lui la mienne je le prends à la gorge et je lui crie en boche rendez-vous, il me réponds (sic) en français ce que Cambronne a répondu à Waterloo, je lui répète la question même réponse il se débattait le mec, mais je tenais bon, et puisqu’il ne voulait pas se rendre je lui ai fait avec mon couteau une jolie boutonnière, il g… crie un coup puis plus rien, je soupire je regarde autour de moi, personne, je siffle pas de réponse, mes camarades sont rentrés me dis-je je vais rentrer avec mon boche. J’attrape (sic) l’animal par les pattes et en avant, j’arrive dans la tranchée, on me demande où sont les autres. Voyez mon étonnement et qui grandit encore en voyant le boche remuez (sic) et pousser un grognement, on le ranime mais il meurt le pauvre presque aussitôt. On désespérait 15 hommes de perdus chez nous et 1 boche seulement. Mais non voici la patrouille qui rentre avec deux prisonniers vivants et un homme de chez nous blessé au lieu de reculer ils avaient poursuivi.

Ce n’est pas moi qui a (sic) eu la permission mes deux camarades sont partis d’hier et moi j’attends de faire un prisonnier.

6ª carta de 27 de janeiro de 1915

De François et Cécile à Achille, prisonnier

C.M. Monsieur Achille Carpentier

Caporal au 145è d’Infanterie

Prisonnier français. Lager II. Block I

Camp de Rennbahnn

Münster. Westfalen (Allemagne) via Genève

Cher frère,

Ta carte du 23 écoulé me parvient aujourd’hui. Tout le monde est en bonne santé. Cécile part au Portugal la semaine prochaine. Je pense partir au feu à la même date. Inutile de t’inquiéter pour quoi que ce soit.

As-tu des nouvelles D’Auguste Sénécot? Sa femme n’a pas encore reçu de ses nouvelles et elle très anxieuse. Bonjour à Louis et à Léon.

Nous t’embrassons.

François – Cécile.

7ª carta de 9 de fevereiro de 1915

de Saint-Astier par François et Cécile Carpentier-Lehut,

reçue par Achille Carpentier le 22 février 1915

prisonnier au camp de Rennbahn à Münster

(mention manuscrite d’Achille: reçu le 22-2-15)

Cher frère,

Je pars au feu cette semaine. Cécile repart au Portugal. Louis sergent au génie m’a donné de ses nouvelles. Elysée m’a écrit commencement février.

Tout va bien pour notre famille.

Bonjour à Louis Mercredi et Léon et à Auguste si tu les vois.

Nous t’embrassons de tout cœur.

François-Cécile

D’Elysée à François

Le 6 juin 1915

Cher frère,

Cadeau que je vous fais pour mes 22 ans,

La médaille militaire est conférée au cavalier de 2ème classe Carpentier Elysée

«Ayant été fait prisonnier le 30 août s’est évadé le même soir (mots barrés) a rejoint un Régiment d’infanterie avec lequel il a combattu, a été blessé à la jambe gauche, après un mois d’hôpital est parti comme volontaire au groupe cycliste de la division a été blessé à la main droite est resté à son poste, a été quelques jours après blessé de deux balles de shrapnells.

La citation du cavalier Carpentier lui vaut la croix de guerre avec palme»

signé (Joffre)

Est-ce un beau cadeau, c’est à vous que je le fais hein, vous pouvez être fier du petit rinquinquin. Le général Joffre lui-même doit venir un de ces jours pour me décorer et me remettre ma citation que je vous enverrais pour que vous la remettiez à Cécile.

8ª carta de 19 de julho de 1915

De François à Saint Astier à Achille, prisonnier

Cher frère,

Deux mots pour t’informer que Louis et Elysée sont pour une semaine en permission et qu’ils sont venus la passer à St Astier.

Nous pensons bien à toi et t’envoyons nos meilleures affections.

Nous sommes tous les trois très bien portant et combien heureux de nous retrouver ainsi.

Cécile et les deux enfants t’embrassent affectueusement, nous trois également et te souhaitons bon courage et bonne santé.

François

Nos amitiés à Louis Mercredi.

F.

9ª carta de 19 de julho de 1915

de François à Saint Astier

à sa belle-sœur Lucienne à Ervedosa

Chère sœur,

Deux mots pour vous dire que Louis est depuis deux jours auprès de nous, en permission de sept jours et que nous attendons Elysée, ces jours-ci, également en permission.

C’est de la joie qui nous arrive.

Ainsi je leur consacrerai toute cette semaine et arrête ici ce billet pour vous embrasser vous et la petite Lucienne, au nom de nous tous.

Veuillez présenter nos amitiés à la famille de M. Maillet et dire à Madame Maillet combien je suis heureux de la longue et très aimable lettre que nous venons de recevoir.

J’écris une petite lettre à Achille pour lui donner la bonne nouvelle.

Recevez, Chère Sœur, mes meilleures affections.

François.

10ª carta de 14 de agosto de 1915

D’Achille Carpentier, prisonnier,

à sa femme Lucienne à Ervedosa

Ma chère Lucienne,

Reçu cette semaine les lettres n° 80, 81, 82, 83. Marie a écrit une lettre à Louis datée du 1er août et ne cause pas de la mort d’Eugène. Le sait-elle, Louis est très courageux et travaille le plus possible pour tâcher d’oublier. Continue chère femme lettres et beaucoup de détails sur santé de nos frères. Je te demanderai de m’envoyer un colis avec 2 dictionnaires Français-Portugais et Portugais-Français, saindoux, beurre en boîtes soudées et confitures- bien bouchées et bien empactées (sic) dans une légère caisse. Je te répèterai encore une fois que j’ai reçu le 2ème mandat. C’est la 2ème photo que je t’envoie. J’en ai envoyée une à Marie. Mon affection à nos frères, Cécile, des bécots pour les petites et dis à mon voyou que j’ai mis un gros bécot sur ma photo ainsi que pour toi. Meilleures amitiés aux Maillet.

Achille

11ª carta de 18 de setembro de 1915

D’Achille, prisonnier,

à sa femme Lucienne à Ervedosa

Ma chère Lucienne.

J’ai reçu cette semaine 3 lettres de toi, les n°s 89-90-91 et te dire si elles m’ont fait grand plaisir depuis 15 grands jours que j’en étais privé, comme je vois d’après les dates tu n’es jamais longtemps sans m’écrire, sûrement c’est la poste qui a du retard.

J’ai reçu aussi cette semaine un colis de Marie ainsi qu’une belle grande lettre. L’on est toujours sans nouvelles d’Eugène.

Je m’étonne beaucoup de ne pas recevoir de nouvelles de Cécile ou de François.

Nous sommes tous les deux en bonne santé. J’ai reçu le 3ème mandat.

Ma chère Lucienne, j’aurais été content de savoir si tu peux encore tenir longtemps, si tu as des allocations ou si la Sté (3) te fait quelque chose.

Embrasse bien les petites et tout le monde pour moi.

Je t’embrasse.

Achille Carpentier

12ª carta de 18 de setembro de 1915

De François à Saint Astier

à Achille, prisonnier

Cher Frère,

Deux mots pour te dire que je repars le 22 courant au front, au 273 comme chef de section des mitrailleurs métier qui me plaît énormément comme tu dois bien le penser.

Cécile, Lucienne et ta sœur restent encore quelque temps à St Astier. On s’occupe pour t’envoyer des vêtements.

Louis et Elysée se portent bien. Tout le monde t’embrasse de tout cœur.

François

Bonjour à Louis et à nos amis.

13ª carta de 12 de novembro de 1915

D’Elysée

à sa belle-sœur Cécile

Chère sœur,

Je m’étonne beaucoup de ne pas recevoir de réponse ni de vous ni de François, est-ce qu’il vous écrit ? Je suis très inquiet veuillez me répondre le plus tôt possible.

J’ai reçu des nouvelles de Louis me disant qu’il recevait des nouvelles de François, mais j’ai reçu sa lettre avec 8 jours de retard.

Avez-vous reçu mes lettres je vous ai dit dans une que j’étais changé de Régiment je suis maintenant au 73ème d’Inrie. Le régiment devait partir en Serbie mais on ne parle plus de rien je crois qu’il ne partira pas.

Je n’ai plus d’argent pouvez-vous m’en envoyer ?

Je conte (sic) sur vous pour me donner des nouvelles le plus vite possible.

Bonjour à la famille Lafaye, bons baisers aux enfants et recevez chère sœur mes sentiments affectueux.

Elysée

13ª carta de 22 de dezembro de 1915

De François à Saint Astier

à sa belle-sœur Lucienne à Ervedosa

Chère sœur,

Me voici à St Astier en permission de six jours. J’attends toujours réponse à ma demande d’une permission pour le Portugal et, en attendant, j’ai toujours pris celle-ci.

Mon général de Brigade a appuyé formellement pour le (illisible) et je crois toujours possible d’aller revoir Ervedosa avant longtemps ; il paraît que des permissions analogues ont été accordées pour se rendre en Suisse et en Hollande.

Je me suis habillé en civil en arrivant mais il n’y a que ma jaquette, qui était trop petite en temps de paix qui m’aille maintenant à peu près. Je me perds littéralement dans mes autres vêtements. D’ailleurs j’ai tiré quelques photos du civil de six jours, Cécile les développera et vous enverra une épreuve.

Je ne pèse plus que quatre-vingts kilos, il y a une différence avec le temps de paix. Mais je ne m’en porte pas plus mal. Je suis tout à fait bien portant malgré les fatigues les veilles et les privations que nous endurons au (page 2) front.

Je suis en première ligne dans un secteur pas trop mouvementé et tout marche bien. A mon avis on tâche de passer l’hiver le moins mal possible pour reprendre les affaires un peu plus activement au printemps. Car la guerre durera encore à peu près un an, à moins que des événements considérables (?)… et imprévus n’en viennent hâter la fin.

Donc c’est assez calme au front, les artilleurs continuent bien de s’arroser mutuellement et d’ennuyer l’infanterie mais ce ne sont pas des choses comparables avec celles que nous avons vues déjà.

Nous passons huit jours aux tranchées et huit jours dans des cantonnements de deuxième ligne. Ceci pendant un mois ou deux après quoi on va au repos un peu plus en arrière. On est bien ravitaillé, les soldats sont chaudement vêtus (peau de mouton, tricots, gants, chemises, caleçons, chaussettes, cache-nez) et dans chaque abris (sic) en première ligne se trouvent des réchauds à coke qui maintiennent une température agréable et permettent de se sécher un peu.

Deux ennemis s’ajoutent aux boches: la boue et les rats. C’est épouvantable! Mais on y arrivera tout de même, dans deux mois le plus gros de l’hiver sera passé.

(page 3)

Mon frère Louis se porte bien, il travaille toujours sous terre, en face de Givenchy. Elysée aussi est bien portant, il est toujours au 73ème. On leur a envoyé à chacun un bon colis de Noël.

On a eu dernièrement quelques nouvelles de Liévin. La mairie et l’église sont rasées. Une centaine de civils ont été tués lors des derniers bombardements. Des quartiers sont entièrement démolis. La brasserie Leroy où se trouvait un dépôt de munitions a sauté, il paraît qu’on voit toute la rue Défernez en étant sur la place Gambetta. Du n°3 on ne sait rien. Il est extraordinaire qu’on n’ait pas encore eu de nouvelles de maman, Achille devrait tenter d’écrire ou d’obtenir des nouvelles par d’autres personnes. Voulez-vous le lui demander? Moi j’ai écrit il y a un mois au Ministère des Affaires Étrangères et j’attends la réponse que je vous communiquerai aussitôt.

Je suis content qu’Achille continue bien portant : il faut qu’il s’arme de patience et d’espoir. Je comprends que le temps doit lui peser mais qu’il ne se plaigne pas et pense un peu à ceux qui auront souffert plusieurs années sur les champs de bataille et qui ne reviendront plus.

(page 4)

Je vais tâcher de lui écrire un petit mot ces jours-ci.

Cécile a reçu votre lettre du 16 et me charge d’y répondre; vous savez combien elle peut écrire quand je suis là.

Cécile et Lucienne se portent bien. Cécile est très sérieuse et grande, elle va volontiers à l’école où elle travaille convenablement. Lucienne aussi va à l’école mais je crois bien qu’elle doit donner du travail aux demoiselles. Elles sont contentes de m’avoir une semaine auprès d’elles, elles redeviennent un petit moment ce qu’elles étaient à la mine et elles parlent volontiers de ces heureux temps où père ne les quittait jamais. Cela reviendra, il faut l’espérer.

Cécile, la grande, se porte comme toujours, bien. Et toujours de caractère aussi confiant et aussi gai. Figurez-vous qu’hier j’avais bouché la fenêtre avec des couvertures pour aménager une chambre noire pour la photo. A un moment donné, je développais la plaque voilà la lampe électrique qui s’allume et répand une vive clarté dans la chambre. C’était Cécile qui, un instant auparavant avait tourné le bouton pour voir s’il y avait du courant et l’avait laissé tourné. Je crie à la catastrophe et voilà cette grande fille qui part à rire, mais à rire, jusqu’à en pleurer. (…) que voulez-vous que je fasse? Au plus beau

(page 5)

de ma colère je me suis mis à rire comme elle. Il est vrai qu’elle rit tellement maintenant c’est de m’avoir. Mais cela ne fait rien, elle n’engendre pas la mélancolie.

Je vois que la Ste Barbe (Ste. Barbe est à la fois, chez les catholiques, la sainte patronne des mineurs et des artilleurs, corps auquel appartient François) a été monotone à la mine et cela est assez naturel. Cependant ont l’a un peu fêtée au front, les sergents de ma Compagnie m’ont offert un beau bouquet avec un gentil souvenir et nous avons sablé le champagne en l’honneur de ma Grande Patronne (On s’étonne de cette espèce de profession de foi ; Achille, en effet, semble avoir été athée puisque sa fille Lucienne n’a pas été baptisée). Nous avions eu une messe spéciale et je vous promets que je garderai un émotionnant souvenir de ce jour de fête passé avec autant d’insouciance au milieu des dangers.

Cécile m’avait envoyé quelques jolies fleurs. Elles sont bien arrivées, je les ai mises dans un vase et elles ont bien repris. Ce n’était certes pas le magnifique bouquet de Ste barbe de la mine, mais ces jolies fleurs n’en avaient que plus de prix à mes yeux.

Je pense que le personnel d’Ervedosa a dû lui aussi penser aux bonnes Ste Barbe du temps de paix. Espérons que ces beaux

(page 6)

jours revendront pour tous, ouvriers comme employés. Tant (sic) qu’à moi je me promets de fêter ce jour comme jamais quand il me sera donné de reprendre mes travaux.

Pour Mr Maillet je ne comprends pas son silence qu’aucune raison ne peut justifier. Encore qu’il ne m’entretienne pas des petites misères et complications résultant de l’état de choses là-bas, il pourrait me donner plus souvent de ses nouvelles, des nouvelles des siens pour qui il aurait toute mon amitié. Et il pourrait encore me dire comment marche la laverie et ce qu’on y fait. Je ne crois pas qu’aucune de ces choses puisse être soumise à censure et il donnerait ainsi une satisfaction indiscutable. Je ne désire pas qu’il m’entretienne d’autre chose que de votre santé à tous et de la marche de la laverie, ce n’est pourtant pas si compliqué. Au lieu de cela, M. Maillet, sous prétexte qu’il a des ennuis, me laisse sans aucune nouvelle pour ne pas me faire faire de mauvais sang, dit-il. Mais ne comprend-il pas que je souffre plus dans mon amitié que de tout autre chose?

(page 7)

A part cela dites-lui que j’espère que ses lettres seront moins rares à l’avenir et présentez-lui mes meilleures amitiés, tout en embrassant pour moi Madame Maillet, Marcelle et Denise.

Armand m’a écrit depuis mon arrivée au front. Il est tout fier d’approcher ainsi de la zone d’action. C’est un brave cœur, je suis convaincu qu’il fera son devoir bravement, en bon français et que les siens n’auront qu’à s’enorgueillir de lui.

Ils sont à l’arrière pour le moment. Je crois et souhaite de tout cœur qu’ils n’aient pas à entrer en contact avec (?) les journées plus clémentes de mars ou avril.

Et ma nièce ? Cécile me dit combien elle est grande et experte. Combien sera grande sa joie quand elle reverra son papa ! Embrassez-la bien pour moi et dites-lui que son oncle pense bien souvent à elle et à vous tous.

Dites aussi à Denise que son ami pense aussi très souvent à elle et qu’elle devrait insister auprès de son père pour qu’il me donne des nouvelles plus fréquemment. A moins qu’elle

(page 8)

m’en donne elle?

Petite Cécile, Lucienne et la grande Cécile me chargent d’une brassée de baisers pour vous tous, j’y joins mes affections pour tous en vous embrassant de tout cœur.

François

14ª carta de 30 de dezembro de 1915

D’Elysée à François

Cher frère,

Avec mes meilleurs vœux de bonne année, je vous envoie cette carte pour vous annoncer ma rentrée de permission. J’espère que la vôtre se sera bien passée. Je crois être renvoyé dans le service de l’arrière sous peu comme prisonnier évadé je (ne) dois plus rester sur le front. Je dois retourner comme chauffeur dans une cuisine métallurgiste.

Je vous embrasse, Elysée.

15ª carta de 26 de agosto de 1916

D’Achille

à sa mère Désirée Andry, réfugiée à Rumilly, près de Cambrai, en pays occupé

Chère maman,

Mauvaises nouvelles à vous apprendre mon frère Elisé (sic) porté disparu depuis le 25 février et François mort de suite de ses blessures.

Grand deuil pour vous pauvre chère mère et du courage pour supporter cet affreux malheur.

Comme je voudrais être près de vous pour vous consoler de vos deux chers (?) fils qui ont courageusement fait leur devoir.

Votre fils qui ………………..

16ª carta de 8 de abril de 1917

D’Achille

à sa femme Lucienne

Ma chère Lucienne,

Reçu cette semaine tes belles lettres n°64, 69 et une sans n° du 16 mars. Suis heureux de l’état de santé de toute la famille surtout dis bien à notre père qu’il ne perde pas courage encore un peu de patience et il reverra ses chers enfants qu’il suive bien les conseils des Docteurs et qu’il ait bien confiance en eux c’est le meilleur des remèdes.

Les détails que tu me donnes sur notre chère petite me rendent bien heureux et me font venir les larmes aux yeux quand je reçoit une lettre. Père est content que sa fille l’aime beaucoup et il très fier des belles lettres qu’elle lui envoie. Pour la récompenser je lui envoie une belle cloche de Pâques (et pour toi une belle pensée).

Je viens de recevoir la photo d’Auby il est bien portant et grossi il est heureux d’avoir reçu des nouvelles de vous en même temps… lettre de Marie et Marcel qui eux aussi sont en bonne santé.

Je vous embrasse.

Achille

17ª carta de 2 de junho de 1918

D’Achille

à sa femme Lucienne à Ligny-les-Aire

Ma Lucienne,

Rien aujourd’hui pas de lettre ni colis ce sera pour dimanche prochain. Je suis toujours en très bonne santé et attends toujours avec patience le moment de vous revoir tous. J’espère que ce sera pour bientôt. Bonne embrassade à tous et à vous deux mes meilleurs baisers.

Achille

18a carta de 22 de setembro de 1918

D’Achille

à sa femme Lucienne, à Ligny-les-Aire

Ma chère Lucienne,

Je n’ai rien reçu de toi aujourd’hui, mais ne t’alarme pas à ce sujet. Je serais peut-être plus veinard dimanche prochain. Je suis toujours en très bonne (manque un mot: «santé») et puisse ma carte vous trouver tous de même. Des bons bécots à ma chère grande fille et dis-lui bien qu’elle se console et prenne encore patience un moment car son pauvre père ne pense pas être de retour pour l’instant.

De bons baisers aussi pour toi et à tous une bonne embrassade.

Ton Achille qui t’aime bien fort.

Carpentier

19ª carta de 20 de outubro de 1918

D’Achille

à sa femme Lucienne, à Ligny-les-Aire

Chère Lucienne,

Je viens de recevoir ta lettre du 27 août. Suis satisfait du bon état de santé à tous. Mais une fois pour toutes ne cesse pas d’envoyer des colis et des lettres et ne crois pas au rapatriement. Du moins pour l’instant. Reçu ton colis où il n’y avait pas de tabac tâche de faire ton possible pour qu’il y en ai (sic) à chaque coup.

Mes meilleurs baisers à vous deux et une bonne embrassade à tous.

Ton Achille.

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