LusoJornal / Luís Gonçalves

Ana Laíns: chanteuse et ambassadrice du Portugal

Belle idée que celle de l’association L3C, en la personne d’Anne Serniclay d’avoir invité Ana Laíns à chanter à Béthune le dimanche 8 avril, dans le cadre du Centenaire de la Bataille de La Lys.

Lusojornal a eu le plaisir d’interviewer Ana Laíns. Une chanteuse qui a des choses à dire… un message assez fort.

 

Être venue chanter à Béthune au moment où l’on célèbre le Centenaire de la Bataille de La Lys est-ce pour vous un moment important?

C’est très important. Je connais beaucoup de personnes, au sein même de ma famille qui sont des descendants de ceux qui sont restés ici après la guerre. Le drame, la perte énorme dans l’Armée Portugaise, cela nous touche à tous, d’une forme directe ou indirecte. Nous sommes un pays avec de la mémoire, le monde doit avoir de la mémoire sinon on risque de compromette notre avenir. Honorer tous ceux qui ont donné leur vie pour notre pays c’est un énorme poids… je préfère ne pas trop penser, au risque que je fonde en larmes.

 

Félicitations pour votre très joli spectacle. On voit que ce que vous chantez vient de votre cœur, de votre intérieur…

C’est vrai. Je suis une portugaise orgueilleuse et extrêmement heureuse d’avoir eu la chance d’être née dans notre pays. Je pense que nous devions tous remercier d’être nés dans un pays des plus riches culturellement et avec des paysages parmi les plus beaux au monde. C’est mon opinion, même si elle est politiquement peut-être pas tout à fait correcte. Chaque fois que je chante du fado, j’ai la responsabilité de faire justice à mon pays. C’est pour moi un grand poids, un poids qui vient de l’intérieur.

 

Comment définissez-vous votre manière de chanter le fado?

Le fado c’est la vie. Je suis un personnage assez ambigu avec des sentiments très intenses pour le bien et pour le mal, pour le peu et pour le beaucoup, il n’y a pas en moi des demie-mesures. Tout cela finit par se répercuter dans ma musique. Il y a l’intensité, il y a le drame… il y a la joie d’être portugaise, de pouvoir célébrer l’accordéon du Minho, l’Adufe des Beiras. Je pense que mon fado réunit en fin de compte toute la portugalité.

 

Est-ce important de partager notre culture en la présentant à l’étranger?

Nous sommes tous d’une certaine façon des ambassadeurs de notre pays. Quand nous transportons notre culture, notre fado à l’étranger, nous avons une obligation et une responsabilité redoublée. C’est un honneur pour nous de représenter notre pays. C’est également très gratifiant de chanter à l’étranger, de chanter pour les émigrants. Ce n’est pas seulement une question de «saudade», c’est surtout une forme de nous sentir unis par le sang. Cela me rend nerveuse et très heureuse à la fois.

 

Ana Laíns a fait découvrir au public de Béthune un fado qui mélange les sonorités. Elle a fait corps avec le public en s’adaptant à lui, elle l’a conquis, le poussant à chanter et presque à danser.

Ana Laens: une ambassadrice du fado, une ambassadrice du Portugal.

 

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