LusoJornal / LSG

David Vasconcelos: «Nous devrions tous avoir une conscience collective»

David Vasconcelos est né en France de père portugais et mère française, toutefois ses influences vont bien au-delà de ces deux origines, par son histoire personnelle et goûts musicaux, par ses études, son entourage et amis qui l’ont aidé à créer l’association. Il est le Président de l’association Ibérica à Séclin, qui fait à la fois la promotion des valeurs et de la culture portugaise et espagnole. Elle donne à la fois des cours de langue portugaise et des cours de danse, notamment flamenco.

Mais David Vasconcelos est artiste lui-même. Il nous dit comment il a vécu le temps du confinement et comment l’association elle-même a pu continuer son action.

 

Qu’avez-vous fait pendant la période de confinement?

Ibérica, Centre culturel ibérique des Hauts-de-France a un devoir moral envers ses 350 adhérents. Nous avons plus d’une centaine d’élèves en cours de langues et danse. Un des seuls cours de langue portugaise du Portugal dans notre région avec une professeure diplômée. Immédiatement à l’annonce du confinement, les professeurs, en concertation avec les administrateurs, ont décidé de proposer aux élèves de suivre les cours de langues par les moyens numériques à disposition (courriel, envois de cours, visioconférence, appels téléphoniques). De ce fait aucun cours n’a été perdu et les élèves ont pu poursuivre leur apprentissage qu’il s’agisse des cours de langues ou de danse. Il était important de ne pas rompre le lien et de nombreuses structures ont su rebondir à l’aide notamment des réseaux sociaux. Concernant les spectacles culturels prévus dans notre Peña Sede Ibérica de Seclin, le Conseil d’administration a souhaité soutenir les artistes, le monde culturel et artistique est fortement impacté. Nous avons donc mis les intervenants en activité partielle afin qu’ils puissent prétendre à des droits pour leurs intermittences et à un salaire.

Nos artistes interviennent chaque année dans plus de 80 établissements, ce volet a été fortement impacté. En effet, la période de mars à juin est le Rush annuel. Ces interventions artistiques en milieu scolaire sont un vecteur culturel important. Notre action a été de maintenir le lien avec les enseignants afin de tenter de reprogrammer à une date ultérieure les prestations prévues.

Par ailleurs, l’activité administrative d’une association est lourde en fin d’année, car il faut programmer, organiser les futures saisons. Nous avons avancé ce travail de quelques mois, depuis plusieurs semaines nous travaillons sur l’année 2020-2021 qui se remplit de spectacles, cours et activités diverses.

Nous existons depuis plus d’une dizaine d’années, l’activité de l’association n’a eu cesse de s’accroître avec le temps sur le territoire. Les bénévoles ont refusé de baisser les bras et préféré parier sur l’avenir. La force de notre association réside avant tout dans le fait que nous nous appuyons sur des professionnels et amateurs de la culture et de l’art, cela nous permet certainement d’être efficaces et réactifs.

 

La situation actuelle vous parait-elle préoccupante?

Bien entendu, comment penser autrement? Néanmoins, si le peuple suit les règles simples «barrières de sécurité», nous devrions sortir progressivement de cette crise. Malheureusement, on constate, même avant le début du déconfinement, des dérives, des sorties et regroupements inutiles. Aujourd’hui, plus que jamais nous devrions tous avoir une conscience collective et en finir définitivement avec les pratiques individualistes qui mettent en danger les autres.

 

Qu’attendez-vous du «nouveau monde»?

L’expression du «nouveau monde» pourrait faire référence aux grandes découvertes. Doit-on imaginer qu’au-delà d’une crise sanitaire de quelques mois, à condition que les choses rentrent dans l’ordre, notre vie aura changé? Malheureusement le peuple risque de rapidement oublier: les personnes décédées, ceux qui auront perdu leur travail, le restaurateur ou l’entreprise du coin qui aura fait faillite, les personnes déprimées, les familles appauvries, les personnes battues au sein de leur couple, les artistes qui n’auront rien perçu pendant des mois… Quelle sera l’attitude du peuple? Solidaire ou retour à l’individualisme?

Qu’aurons-nous découvert? Après tout, certains diront que nous sommes loin d’une dictature portugaise de plus de 40 ans ou d’une guerre mondiale? En réalité nous devrions nous serrer les coudes et faire preuve d’empathie, se rappeler que beaucoup de gens auront souffert et souffriront encore bien longtemps au-delà de ces quelques mois.

C’est pour cela que nous nous engageons à réouvrir notre Peña-Sede Ibérica dès que possible et à apporter notre contribution solidaire à tous par l’accession à la culture, la joie et l’amitié.

 

[pro_ad_display_adzone id=”37509″]

LusoJornal