Européennes’24 : João Martins Pereira est candidat dans la liste «Réveiller l’Europe» de Raphaël GlucksmannAmin Dernouni·Política·31 Maio, 2024 Le 9 juin, auront lieu les élections européenne 2024 et 37 listes sont répertoriés en France. João Martins Pereira, Conseiller municipal d’opposition à Charenton-le-Pont, d’origine portugaise figure, à la 47ème position, sur la liste «Réveiller l’Europe» conduite par Raphaël Glucksmann. Dans cette interview au LusoJornal João Martins Pereira, qui est également Conseiller des Communautés Portugaises, parle de son parcours, de son intérêt pour la politique et de son engagement au Parti Socialiste. Il parle également de l’Europe et de la montée de l’Extrême droite. Quelle est votre parcours ? Je suis né au Portugal, à Viana do Castelo et je suis arrivé en France quand j’avais un an. Je vis à Charenton-le-Pont depuis une vingtaine d’années, dans Val-de-Marne, je suis diplômé d’HEC en finances internationales et aujourd’hui je travaille dans le financement des énergies renouvelables. D’un point de vue politique, je suis élu de Charenton, dans l’Opposition depuis 2020, je suis par ailleurs vice-Président des jeunes socialistes européens, Secrétaire national des jeunes socialistes à l’Europe et à l’international, et Secrétaire fédéral du PS94 en charge justement de l’Europe, de l’international et du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Comment vous est venu cette volonté de faire de la politique ? La volonté de faire de la politique a commencé assez tôt dans ma vie, en comparant les régimes politiques, en m’intéressant à un moyen de me rendre utile à la société aussi, de pouvoir améliorer la vie des gens. J’ai trouvé que la politique est une façon qui me plaisait. Et donc, je suis rentré au Parti Socialiste en 2014, et ça va faire dix ans en octobre. Je suis également élu au Conseil des Communautés Portugaises (CCP) depuis novembre 2023, donc je représente aussi les Portugais qui vivent dans l’ère consulaire de Paris auprès du Gouvernement Portugais. En quoi l’Europe vous intéresse-t-elle ? Ça fait un peu partie de mon ADN. Je viens du village le plus au nord du Portugal, sur une frontière, donc déjà tout ce qui concerne l’impact concret qui peut avoir l’Europe sur une zone transfrontalière. Et mon histoire personnelle, le fait d’être né au Portugal, de vivre dans un autre pays européen, d’avoir vu les évolutions en Europe qui ont facilité un peu la vie des gens, le fait de ne plus avoir à faire la queue à la Préfecture pour un titre de séjour, le fait que mes parents puissent travailler en France sans problème, le fait que ma sœur et moi puissions aller à l’école sans problème, le fait de ne plus avoir à remplir la feuille E-111 pour aller au Portugal en vacances, juste avec la Carte européenne d’assurance maladie, pouvoir y aller sans souci, tout un tas de trucs concrets, de la vie quotidienne partagée par les millions de Portugais qui vivent à l’étranger… L’Europe c’est aussi, pour moi, le moyen adéquat pour traiter un certain nombre de problématiques de notre monde contemporain, que ce soit la transition écologique, que ce soit des sujets liés à l’énergie, que ce soit des sujets liés à la défense, et les sujets également liés au social. C’est donc une Europe proche des citoyens… Je ne traite pas l’Europe comme quelque chose d’éloignée du quotidien des gens. On parle de la facture d’énergie à la fin du mois, on parle du logement, on parle de santé, on parle de défense, on parle des sujets qui traitent de notre quotidien, et donc l’Europe est importante pour ça, quoi qu’on pense, et pour moi, à la fois sur ma vision politique, sur l’intérêt que ce niveau a pour traiter justement ces sujets du quotidien, et donc ma volonté de contribuer à changer la vie des gens, ça fait un petit peu tout ça, mes intérêts pour l’Europe. L’attrait des langues joue beaucoup, je parle portugais, espagnol, français, anglais, et je comprends aussi le catalan, ça fait qu’on regarde aussi ce qui se passe dans d’autres pays, et donc, évidemment, quand on s’intéresse au sujet européen, on s’intéresse aussi à ce qui se passe dans nos pays voisins. C’est cet intérêt pour les autres pays, qui me caractérise, qui m’a poussé aussi à m’intéresser au sujet européen. Et pourquoi le Parti Socialiste ? Parce que, pour moi, c’était la famille politique qui à la fois apporte finalement les solutions pour, encore une fois, changer la vie et évidemment, dans le sens du progrès, pour lutter pour l’émancipation, pour l’égalité des chances, pour faire en sorte de donner à tous la possibilité de se développer, et notamment une attention pour les plus fragiles. C’est complètement lié à mon parcours. Comme je disais, il se trouve que j’ai fait HEC, mais des fils de maçons et une femme de ménage à HEC, il n’y en avait pas mille quand j’y étais. Donc voilà, il y a plein d’éléments sociaux pour lesquels il faut apporter une réponse, et je crois que cette lutte pour l’égalité, qui n’est pas antinomique avec la liberté, au contraire, c’est un combat avec celui de l’émancipation qui est porté par la famille socialiste en France, au Portugal et au niveau européen. Ça a toujours été comme une évidence que c’était dans cette famille politique que je voulais m’inscrire. Mais entretemps, le monde est en constant mouvement… On a une bascule qui est en train de s’opérer, c’est une bascule géopolitique, avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, c’est une bascule économique, avec les conséquences de cette invasion, mais aussi la crise inflationniste, tous ces sujets de paix, également aussi en termes de relations internationales avec les Etats-Unis, avec la Chine, etc. On a une bascule politique avec une tradition, on va dire de recherche du consensus autour d’un bloc central entre les Conservateurs, les Libéraux et les Socio-démocrates, qui aujourd’hui ne relèvent plus de l’évidence pour personne, mais surtout pas pour les Conservateurs, qui aujourd’hui sont dans une dynamique d’ouvrir la porte à une coopération avec l’Extrême droite au niveau européen. Aujourd’hui on a ce risque et c’est la raison pour laquelle il faut absolument faire en sorte que l’Extrême droite en France et que la Droite en France, aient le moins d’Eurodéputés possibles. Il tenter une coalition forte ancrée à gauche et portée par le Parti Socialiste européen, par le groupe SNDI au Parlement européen, puisqu’aujourd’hui nous sommes le deuxième groupe le plus important au Parlement européen, et donc on peut porter cette alternative. Quelle est justement votre point de vue sur la montée des partis d’Extrême droite en Europe ? On ne peut pas le nier et on ne peut que le regretter, évidemment. Comment pourrait-on expliquer une telle montée justement ? Je crois qu’on a plusieurs éléments. On a d’abord un discours raciste qui s’est débridé, c’est-à-dire qu’aujourd’hui, tenir un certain nombre de propos en public n’est plus problématique. Il y a une tolérance vis-à-vis de ces propos, et moi, j’appelle évidemment à l’extrême vigilance, et à la réaction de la part des démocrates et des humanistes, de tous bords, de gauche ou pas, pour lutter contre la banalisation de ces discours. Et ça c’est quelque chose de vrai partout en Europe. D’ailleurs, je lie ce sujet-là avec le sujet des réseaux sociaux, avec une problématique spécifique d’ailleurs sur TikTok, et en plus des sujets de manipulation, notamment venus de l’extérieur, qui justement apportent du soutien à la diffusion de ces discours, en vue d’une déstabilisation de l’Europe. On sait qu’il y a des campagnes de désinformation ou de soutien, quand il y a des bots, par exemple, qui viennent de groupements, qui ont intérêt à la déstabilisation en Europe, ça se traduit aussi par cette montée de l’Extrême droite. On a une Extrême-droite qui a changé son discours sur l’Europe et d’ailleurs, qui a changé son discours de façon globale. On n’entend plus Jordan Bardella ou Marine Le Pen parler de sortir de l’Europe, on n’a plus ces discours-là, qui étaient finalement un angle d’attaque assez facile pour ceux qui souhaitaient s’opposer à l’Extrême-droite, parce qu’on pouvait présenter rapidement les complications du fait de sortir de l’Europe, de sortir de l’euro. Ils n’ont pas tellement de propositions en réalité, hormis sur le sujet de l’immigration. Ça s’arrête là. Ce n’est évidemment pas un programme politique complet pour l’Union Européenne et donc, on a l’impression que moins ils en disent, mieux ils se portent dans l’Assemblée. Aujourd’hui, l’Extrême droite est à 40% en France et je me refuse à croire que 40% de ce pays est Facho.