Archives de victimes des conflits contemporains/Caen Archives de victimes des conflits contemporains/Caen Archives de victimes des conflits contemporains/Caen Archives de victimes des conflits contemporains/Caen Archives de victimes des conflits contemporains/Caen Archives de victimes des conflits contemporains/Caen Archives de victimes des conflits contemporains/Caen Archives de victimes des conflits contemporains/Caen Archives de victimes des conflits contemporains/Caen Archives de victimes des conflits contemporains/Caen Archives de victimes des conflits contemporains/Caen Archives de victimes des conflits contemporains/Caen Home Comunidade Fernand Raymond da Cruz: un travailleur en Allemagne dans le cadre du STO pendant la II Guerre mondialeAntónio Marrucho·17 Maio, 2025Comunidade Fernand Raymond da Cruz est né le 11 août 1924 dans la ville de Croix, dans le Nord de la France, et décède le 21 mai 2003 à Bergues, ville immortalisée par le film «Bienvenus chez les Ch’tis». Entre les deux dates : une vie que nous allons vous raconter. La naissance de Fernand a lieu au 49 rue Jean Jaurès, à Croix, juste à côté de la maison considérée la plus ancienne de la ville. Fernand Raymond da Cruz est un exemple de portugais – ou lusodescendants – qui ont été soumis au STO – Service Travail Obligatoire – envoyés en Allemagne pendant la II Guerre mondiale. Un parmi les 600 mille français, pour un total de 15 millions de travailleurs étrangers exploités en Allemagne. Une Loi du 16 février 1943 détermine que tous les jeunes des classes 1940, 1941 et 1942, âgés de 20 à 22 ans, à condition qu’ils soient déclarés aptes après avoir été convoqués à une visite médicale, sont concernés par un service obligatoire du travail, ceci constituant une sorte de substitut au service militaire. Ils devaient, pour une majorité d’entre eux, travailler en Allemagne pour une durée de deux ans contre la perception d’un salaire. La Loi du 16 février 1943 précise les sanctions auxquelles s’exposent les Français qui essaieraient de se soustraire à leurs obligations. Fernand Raymond da Cruz n’a que 19 ans en 1943 et, à la veille de la sortie de cette Loi, il était déjà en Allemagne. La propagande allemande a diffusé des petits films montrant la vie idyllique des travailleurs français et étranger en Allemagne… de la propagande, loin, très, très loin de la réalité, le travail deviendra forcé pour des salaires non honorés, beaucoup d’entre eux deviendront des prisonniers. Par la fiche de contrôle de son état de santé, avant l’envoie en Allemagne, on apprend qu’il mesurait 1,60 m et pesait 64 kg. En date du 5 février est remis un titre d’identité et de voyage par Commandants du Grand Paris à Fernand Raymond da Cruz. Le dossier étant considéré complet le 13 février, il part vers l’Allemagne. Une deuxième Fiche médicale en date du 15 février 1943 est établie dans laquelle il est déclaré serrurier dans la ville de Gelsenkirchen (bassin de la Ruhr), proche de Dortmund. L’adresse en France sur la Fiche indiquait qu’il habitait le 7 place Fénelon, à Wasquehal. Une enquête est réalisée par les autorités occupantes responsables de recruter des travailleurs, 11 rue des Ursins Paris, en date du 12 avril 1943. Le document qui en résulte indique que Fernand Raymond da Cruz est inconnu dans les différentes archives : Renseignements généraux, Affaires juifs et Sommier judiciaire (fichiers de police). La ville de dans laquelle Fernand est déclaré en détention ou au travail, Gelsenkirchen, en Allemagne, était très importante dans le système du Reich, ville minière où l’on exploitait le charbon et l’acier. Gelsenkirchen est vers la fin de la guerre, en 1944, un camp de travail détaché de Buchenwald. La ville a été l’une des cibles privilégiées de l’aviation alliée, Gelsenkirchen a été détruite aux 3/4. Le club de football FC Schalke 04 prospérera pendant le Troisième Reich. La loi n°51-538 du 14 mai 1951 a institué un statut de personne contrainte au travail en pays ennemi (PCT). Les articles L.308 et suivants du Code abordent le thème des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre établissant et définissant un certain nombre de normes. Le 14 mars 1957 une fiche, intitulée «Fiche de contrôle du paiement de l’indemnité forfaitaire aux réfractaires et au personnel contraint au travail» est établie au nom de Fernand Raymond da Cruz, suite à une décision en date du 26 octobre 1955. Remontons le temps, pour compléter l’histoire de Fernand Raymond da Cruz : ses grands-parents paternes s’appelaient Cândido da Cruz, de profession journalier, et Raimunda da Purificação. Ses parents étaient Joseph Raymond da Cruz (José Raimundo da Cruz) né à Argoselo (Vimioso), le 24 mai 1902 et Appoline Marsan, née le 10 mai 1900, à Lallaing et décédée en 1971. Fernand a été reconnu par sa maman le 28 août 1924 (17 jours après sa naissance) et légitimé par le mariage de ses parents le 30 juillet 1927. Le couple Joseph et Apolline ont eu plusieurs enfants avant leur mariage. Fernand était un des cinq enfants du couple. Le prénom des autres 4 étant Sabine, Gérard, Raymond et Jacques. Dans l’acte de mariage des parents de Fernand Raymond da Cruz, le nom de son père est déjà francisé en Joseph Raymond, alors que sur l’acte de naissance de Fernand il s’appelait encore José Raimundo. Appoline Marsan, mère de Fernand, était la fille de Sylvie Dassonville déjà décédée au moment du mariage et d’Édouard Ulysse Marsan donné comme disparu à cette date. Le couple avant le mariage habitait à Wasquehal, au 18 impasse Lavoisier. L’acte de mariage nous donne des informations précieuses, tel que le nom des témoins : Joseph Padrão et Alphonse Manuel. La famille Joseph Padrão est encore, de nos jours présente dans la ville de Wasquehal. José Carlos Padrão (nom à la portugaise) a été l’un des fondateurs, en 1933, de l’Association des Anciens Combattant Portugais de Wasquehal, Croix, Flers (lire ICI). José Carlos Padrão, soldat du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) a participé à la I Guerre mondiale, est resté en France, formant une famille sur la ville de Wasquehal (lire ICI). José Carlos Padrão était originaire de São Pedro dos Sarracenos, juste à côté du village de José Raimundo da Cruz. On suppose que c’est José Carlos Padrão qui a fait venir José Raimundo travailler en France, le pays manquait de main-d’œuvre pour se reconstruire après la Grande Guerre. Au même moment que José Raimundo da Cruz, vient avec lui en France, son frère António, né en 1904. Au recensement de 1931, António travaille à Croix, dans la Filature du Nord, tandis que José Raimundo devenu Joseph Raymond da Cruz travaille dans les Peignages Holden. Pour la petite histoire, Isaac Holden, écossais, en s’installant à Croix et en créant son usine en 1852, va multiplier la population de la ville par 10. L’usine disposera de 10 cheminées sur les 7,5 hectares qu’elle occupe. Elle détiendra un record : la plus haute cheminée d’Europe avec 105 mètres. La ville de Croix fournissait 16% de la laine peignée de France. Démantelé, l’emplacement de Holden, dans la rue du même nom, devient le siège mondial des 3 Suisses. Avec la disparition de ce leader mondial de la fin du XXème siècle, de la vente par catalogue, c’est la centrale informatique de Décathlon qui viendra occuper les lieux. De retour en France après la fin de la guerre, Fernand Raymond da Cruz se mariera avec Lucette Bataille. De leur union naîtront deux filles : Dorothée, le 28 novembre 1950 et Martine, le 14 avril 1952, toutes deux vont se marier, respectivement à Croix et à Wasquehal. Fernand Raymond da Cruz meurt le 21 mai 2003 à Bergues, son beau-fils, Daniel, marié avec Martine, y étant né en 1950.