Genèse du Cimetière militaire portugais de Richebourg après la I Guerre mondiale

La séance se déroule à Richebourg L’Avoué, près de Béthune, le 23 septembre 1921. Le Conseil municipal s’est réuni autour du Maire M. Boulinguez. Celui-ci informe que les Autorités militaires portugaises désirent installer un cimetière portugais au lieu-dit «La Bombe», après achat d’un terrain appartenant à M. Singer. Un avis favorable du Conseil est donné à condition que le propriétaire consente à l’emprise de terrain qui lui sera préjudiciable. En effet, petit cultivateur, sa culture exige la disponibilité entière de ses biens.

Le 6 août 1921, l’Attaché militaire à la Légation de Portugal avenue Kléber à Paris, avait écrit au Ministre français des pensions Service des sépultures militaires que le Gouvernement portugais désirait faire une concentration, dans un cimetière unique, des morts portugais des cimetières militaires britanniques de Laventie, Pont du Hem, le Touret, Vielle Chapelle. Plus précisément, le nombre des tombes à regrouper était de 1.277, 176 provenant du cimetière de Laventie, 151 de Pont du Hem, 264 de Le Touret, 509 de Vieille-Chapelle, 120 de Merville, 41 d’Aire-sur-la-Lys, 16 de Saint-Omer, le regroupement permettant l’entretien facilité des tombes.

Un terrain à Richebourg-L’Avoué est donc sollicité au Gouvernement français, pour une cession perpétuelle au Gouvernement portugais, au centre de l’ancien secteur portugais de la I Guerre mondiale.

Le terrain appartenant à Alphonse Singer, habitant Haverskerque, est situé dans l’angle formé par la route de la Bassée à Estaires et la rue du bois. La demande de l’Attaché militaire est transmise au Ministre de la guerre, Direction du génie. Une série d’échanges de courriers s’en suit entre le Président de la Commission portugaise des sépultures de guerre (CPSG) installée à La Gorgue-Nord (lire ICI) et le Chef du génie à Arras, cela prendra 2 ans.

Après divers avis dont celui conforme émis par le Conseil municipal de Richebourg l’Avoué par délibération du 23 septembre 1921, l’acquisition de la parcelle est faite et close le 1 octobre 1921 par la Commission de régularisation des cimetières militaires, en présence du Président de la CPSG, Luis Pinto de Figueiredo.

.

Aparté :

Le 1er Président de la CPSG était Maximiliano Cordes Cabedo (lire ICI). Nommé après-guerre, selon l’Ordre de service n°23 du 24 juillet 1919, il était Officier natif et marié à Lisboa, médecin-chirurgien du CEP en France. Il est mort de suicide à Paris en février 1921. C’est le Capitaine-Médecin Luís Pinto de Figueiredo, natif de Chaves, qui fait office, en mars 1921, de Président de la CPSG. Pinto de Figueiredo avait embarqué à Lisboa pour la France en avril 1917. Il a fait partie des équipes médicales envoyées pour travailler dans les hôpitaux britanniques (lire ICI). Passé par le Bataillon de sapeurs de chemins de fer, l’hôpital d’Ambleteuse, il a été nommé à la CPSG en juillet 1919 comme chef de section sanitaire.

.

Pour la constitution du dossier du cimetière militaire portugais, le Capitaine Coblyn, Chef du génie d’Arras avait demandé à la Commission portugaise, installée à La Gorgue, un plan parcellaire avec les dimensions du cimetière, un extrait de la matrice cadastrale signé du Maire, un extrait de délibération du Conseil municipal de Richebourg-L’Avoué.

Dès un courrier du 30 septembre 1921, il était connu du Président de la CPSG, Luis Figueiredo, que le propriétaire refusait de vendre. Le terrain lui était nécessaire pour sa culture et peut-être plus tard pour construire sa demeure. Un recours a été fait auprès du Commandant du 1er Corps d’armée (CA) à Lille.

L’arrêté préfectoral concernant l’emplacement de la nécropole rendu le 4 mai 1922, le Général Lacapelle du 1er CA annonçait, le 9 juin, la mise à disposition de la parcelle destinée aux Portugais mais demandait d’attendre le mois d’août pour commencer les inhumations des soldats du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP), le temps que le blé ensemencé soit récolté par le propriétaire du terrain.

L’emplacement du cimetière de Richebourg-l’Avoué se trouvait au lieu-dit «Les Capietans». Sur le cadastre, le terrain présentait la forme d’un parallélogramme de 70 mètres de base. Le terrain de 35 ares a été acquis, par l’Etat Français, au propriétaire M. Alphonse Singer-Coupet. Le montant de l’achat n’est pas connu.

Le travail de concentration, des morts portugais en France, de la Commission portugaise des sépultures de guerre peut alors commencer au Cimetière militaire portugais de Richebourg-l’Avoué.

«Veiller à l’avenir à ce que les différentes questions relatives aux cimetières militaires soient traitées le plus rapidement possible» dira, en mars 1922, le Lieutenant-Colonel Cousin, Directeur du Génie de la 1ère région (Nord).

.

Fonte :

Arquivo Histórico Militar, Concentração de corpos de militares portugueses no Cemitério de Richebourg L’Avoué, PT/AHM/DIV/1/35/1359/22.