Gilets Jaunes: Julien dos Santos, un commerçant en colère

La journée de samedi a une nouvelle fois été marquée par les manifestations des Gilets Jaunes à travers toute la France, mais surtout on retient souvent les actes de violence comme on a pu en voir un peu partout, surtout à Paris.

Les forces de l’ordre mobilisées avaient pour consignes d’aller chercher les manifestants les plus virulents des Gilets Jaunes ou tout simplement «les casseurs» sans leur donner le temps de s’organiser et de faire des dégâts. Toutefois ce jeu du chat et de la souris s’est révélé être un vrai carnage. En s’enfuyant, les fauteurs de trouble semaient le chaos.

Plusieurs magasins, dont la zone n’était pas au début à risques, ont été saccagés et pillés. Julien dos Santos, propriétaire du Portologia dans le 3ème arrondissement, a vu à plusieurs reprises ce jeu de chasseur-chassé. Il s’exprime sur LusoJornal et ne cache pas son mécontentement quant à la tournure des évènements.

 

Sur les manifestations d’hier des Gilets Jaunes, qu’en avez-vous pensé?

Même si nous pouvons comprendre les motivations de ce mouvement, les méthodes utilisées pour s’exprimer ne sont pas les meilleures.

 

Avec une police plus mobile, les affrontements se sont déplacés un peu partout dans Paris, cela vous a-t-il inquiété?

Au contraire, nous nous sommes sentis plus en sécurité, dès qu’un groupe de manifestants ou casseurs s’installait ou essayaient de s’installer, les forces mobiles de police venaient démanteler les barricades très rapidement.

 

Y-a-t-il eu des manifestants ou des policiers qui sont venus près du Portologia?

À deux reprises dans la journée nous avons vu passer les manifestants et donc les policiers, proches de la boutique. En début d’après midi, un groupe venant des Grands Boulevards a été repoussé par la Garde montée sur la place de la République. Et en fin d’après midi, sur la rue Beaubourg où ont eu lieu des feux de poubelles, avant de voir l’intervention de 4 unités mobiles de Gendarmerie.

 

Quand on est ‘commerçant’, comment décide-t-on si on ouvre son commerce ou pas?

Après avoir reçu des informations par la Préfecture de police, nous avions le choix de maintenir le commerce ouvert ou pas. Libre à chaque commerçant de faire son choix et de prendre les dispositions nécessaires pour sécuriser son établissement.

 

Hier, pourquoi avoir pris la décision d’ouvrir?

Nous avons fait le choix de maintenir le commerce ouvert pour ne pas céder à la peur des casseurs, car n’ayant pas nos commerces ouverts en cette période d’achat de fin d’année, c’est nous, les petits commerçants, qui embauchons du personnel, qui allons souffrir!

 

Avant l’allocution du Président, des manifestants appellent déjà à un cinquième samedi de manifestation, quel est votre sentiment sur ces nouveaux appels des Gilets Jaunes?

J’ai malheureusement du mal à voir la fin du mouvement, n’étant pas un groupe structuré, avec des revendications claires, les réponses du Gouvernement ne seront jamais suffisantes, donc comment sortir de cette crise populaire?

 

En tant que commerçant, que pensez-vous de ces samedis d’affrontement? Et surtout, économiquement, près des fêtes de Noël, y-a-t-il un impact?

Clairement, le chiffre d’affaire est impacté. Nous travaillons le week end avec des clients de proches banlieues profitant de moins de circulation pour venir à la boutique. Voyant les images en boucle des chaînes d’information en continue, l’envie de venir sur Paris est tout de suite coupée! Nous avions plusieurs réservations pour samedi soir, toutes annulées. C’est au total 16 clients perdus, rien que ce samedi soir. Et surtout les grands gagnants dans tout cela, c’est les géants de la vente en ligne comme Amazon, qui au passage paie très peu d’impôts en France.

 

Un mot pour les commerces saccagés, pillés… et pour lesquels les dégâts seront difficilement compensés?

C’est terrifiant de voir son commerce saccagé ou pillé, mais nous devons retrouver la force de réouvir rapidement et aller de l’avant pour essayer de profiter encore de cette période de de grosses ventes de fin d’année pour limiter les pertes.

 

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