Home Comunidade I Guerre mondiale : A la Mémoire des soldats portugais tombés sur les rives de l’Escaut et de La Lys, en FlandresMyriam Bruzac·26 Novembro, 2024Comunidade Beaucoup plus au nord du front portugais du Pas-de-Calais, se trouvait un lieu en Belgique que les cartes de tranchées et photos aériennes nommaient «La ferme du Portugal», nom donné par les soldats belges et français en l’honneur des soldats portugais venus combattre pendant la Grande guerre? Kemmel, Messines, Proven, Houthem, Courtrai, Tournai, Gand… sont des villes liées à la présence militaire portugaise en Belgique. Pour rappel, en avril 1918, le Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) a participé à la Bataille de La Lys et du Kemmel en Flandres française et belge. «Le Mont Kemmel était posé comme une sentinelle gardant la ligne de bastions des Monts de Flandres, il commandait la plaine à longue distance». Un soldat du nom de Belmiro de Sousa a été pris par l’ennemi au nord d’Armentières, à Kemmel, le 25 avril 1918. Il apparait dans 2 listes de prisonniers du Comité International de la Croix-Rouge (CICR), au Camp de Zwickau en Saxe, une en novembre 1918, l’autre en avril 1919. Soldat artilleur, né en mars 1892 à Foz do Douro, Porto, il était marié à Vergínia, installée à Vilarinha. De plus, en 1918 après le départ des troupes allemandes, le soldat officiel de l’Armée portugaise Arnaldo Garcez, accompagné d’Officiers portugais, avait photographié le Mont Kemmel et son observatoire détruits lors d’un «tourisme de mémoire» militaire. La présence de soldats des compagnies de Sapeurs mineurs, en soutien des divisions britanniques près de Tournai (lire ICI), en novembre 1918, rappelle ceux des Chemins de fer. En effet, des soldats du Bataillon de Sapeurs de Chemin de Fer (BSCF) travaillaient en juin et juillet 1917 à la construction de la ligne de Messines, proche de Kemmel. D’octobre 1918 à février 1919, au nord de Bailleul et des Monts de Flandres, une autre compagnie travaillait à la maintenance de la ligne Proven-Bergues. Une énigme est à élucider ! Parmi les infirmières du CEP, qui ont travaillé à l’hôpital de la Croix-Rouge portugaise en France, figure une native de Belgique. Jeanne Germay est dite, sur son bulletin individuel, fille de Jean Jacques Germay et de Marie Poilvache. Elle est née à Boirs, province de Liège, le père est décédé en Belgique. Sa sœur résidait en Angleterre lorsque Jeanne s’est engagée dans le CEP. Pourquoi, en 1918, a-t-elle embarqué à Lisboa avec l’Armée portugaise pour la France ? Elle est retournée au Portugal en décembre 1918. . Quelques dates liées à la présence portugaise en Belgique pendant la I Guerre mondiale En octobre 1917, lors de son voyage présidentiel dans le Nord de la France (lire ICI), le Président de la République portugaise, Bernardino Machado, a visité en compagnie du Roi des Belges, Albert Ier, un camp d’aviation à Houthem, ville où il y avait des cantonnements et le Grand Quartier Général (GQG) belges. Il était accompagné du Chef du Gouvernement Afonso Costa et du commandant du CEP le Général Tamagnini de Abreu e Silva. En 1918, suite à la Bataille de La Lys, les unités portugaises restantes ont été regroupées, envoyées en soutien de divisions britanniques et ont participé à la dernière offensive alliée en Belgique avant l’Armistice du 11 novembre 1918. La gazette des Chemins de fer portugais de juin 1932 parle de 2 morts portugais, respectivement le 31 octobre et le 2 novembre 1918. Des Régiments d’Infanterie 4 et 21, Francisco Lourenço Granja et João José Pinheiro avaient été enterrés au Cimetière allemand d’Anzeghen, à l’est de Courtrai. La question se posait de «l’exhumation des sépultures pour être inhumées dans le cimetière des combattants de la Grande guerre». Les deux soldats sont inhumés aujourd’hui au Cimetière militaire portugais de Richebourg. Début novembre 1918, des soldats portugais du Bataillon d’Infanterie 23 (BI 23) étaient entrés en Belgique au sein d’une brigade britannique et avançaient jusque l’Escaut. Une compagnie était commandée par le Capitaine Barros Basto (Abraham Israel Ben-Rosh) et occupait Froyennes, au nord-ouest de Tournai. Des artilleurs portugais avaient également intégré l’artillerie britannique. C’est le 21 juillet 1919 à Bruxelles, que le soldat officiel de l’Armée portugaise, Arnaldo Garcez (lire ICI), a photographié les troupes portugaises lors du défilé militaire de la Victoire, juste après les défilés de Londres et de Paris le 14 juillet. Le 21 juillet 1928, à l’occasion de la fête nationale belge, une plaque commémorative en bronze a été inaugurée à Gand, pour honorer les soldats portugais morts lors de la I Guerre mondiale. Il y est inscrit : «Aux soldats portugais morts au front belge pour la cause du droit». Dans le cortège de l’inauguration se trouvaient les représentants du Portugal, le Ministre S.E.M. Vasco de Quevedo, accompagné du Comte Penha Garcia et du Colonel Manuel da Costa Latino. Les athlètes du Portugal sélectionnés pour les Jeux Olympiques d’Amsterdam étaient également présents. Le journal L’Excelsior du 22 juillet 1928 raconte ce pèlerinage sur les tombes des soldats portugais inhumés en Belgique. Dans son discours, le Ministre du Portugal en Belgique a remercié les citoyens belges du Comité des «Amitiés belgo-portugaises» pour l’initiative d’inaugurer à Gand une plaque commémorative en souvenir de la participation des soldats portugais à la I Guerre mondiale. Il a salué l’attitude de la Direction de l’Ecole des Hautes-Etudes qui a bien voulu que ce souvenir soit scellé dans ses murs. Remerciements faits au nom de son pays, du Gouvernement, de l’Armée et de la Marine. Vasco de Quevedo a parlé «du soldat portugais à travers les âges depuis Jules César jusqu’à nos jours, dont le passé se confond avec l’histoire du Portugal. C’est le soldat portugais qui versa son sang sur les champs de bataille de France et de Belgique. Ce soldat est celui que les Belges honorent. Cette plaque commémorative parlera du Portugal, terre de l’humble soldat qui a donné son sang pour vous, pour nous tous». C’est en mai 1953 qu’un groupe d’anciens combattants portugais, sous la direction du Général Ferreira Martins, s’était rendu à Gand. Prenant la parole au nom de ses camarades, le Général Martins avait exprimé, en français, sa joie de se retrouver parmi d’anciens camarades et d’avoir été accueilli à Gand par «un soleil portugais». . Sources – Resumo dos trabalhos na Grande Guerra do Batalhão de Sapadores de Caminhos de Ferro no Corpo Expedicionário Português – Arquivo Histórico Militar – Les Portugais et la Première Guerre Mondiale, Belgique 1918 – Bruno Joos de ter Beerst, Consul Honoraire du Portugal à Gand, 2020 et 2021. – Portugal no estrangeiro – Conferencias de Propaganda do Dr. José Pontes em França e Bélgica (outubro de 1931)