José de Lima, soldat du CEP : son fils Albert est fusillé, son fils Jean est déporté et meurt d’épuisement pendant la II Guerre mondiale

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José (Joseph) de Lima était un soldat du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) qui a participé à la I Guerre mondiale. Il est parti de Lisboa par bateau le 8 août 1917, direction Brest, avant de rejoindre le front dans les Flandres.

Né le 16 janvier 1895 à Britiande (Lamego), il était fils de Manoel de Lima et Rita de Jésus, cette dernière était déjà décédée au moment de l’embarquement de son fils.

Dans la fiche militaire de José de Lima, il y des signalements de rentrées à l’hôpital et plusieurs punitions : 4 jours de prison, le 13 mars 1918, pour ne pas s’être présenté lors de l’inspection de son Bataillon ; détention de 5 jours, le 7 juin 1918, pour avoir déclaré être malade sans raison et de 10 jours, le 10 août 1918, pour négligence en tant que menuisier et envers les soldats sous ses ordres.

José de Lima est signalé comme s’étant présenté à la Délégation du CEP à Paris le 24 février. On lui accorde 10 jours de permission de campagne. José de Lima quitte le CEP le 15 mai 1919 et il élira domicile à Calais.

Il se mariera le 2 décembre 1922 à Saint Hilaire Cottes (Pas de Calais), avec Jeanne Lamiaux, née à Blaringhem (Nord) le 29 mars 1888.

De cette union naîtront, avant mariage, Marie Victoria, née le 18 novembre 1919, à Mametz (décédée le 03 mai 1937), Jean Joseph Emmanuel, née le 10 septembre 1921, à Saint Hilaire Cotte et, après mariage, Albert, né le 25 juillet 1923 à Saint Hilaire Cotte, Yvonne en 1926 née à Saint Hilaire Cotte et Yvette en 1930 née à Divion. Notons qu’en date du 9 mars 1930, José de Lima reconnaîtra ses enfants nés avant mariage, ainsi que Julienne Marie Lamiaux, née le 27 mars 1909 dont il n’était pas le véritable père.

José de Lima acquiert la nationalité française, il francise son prénom en Joseph. En tant qu’ouvrier il aura eu comme profession, celle de mineur.

Joseph de Lima décède à l’âge de 66 ans, le 5 septembre 1961, à Divion, à cette date il habitait 15 rue Marcel Sellier. Son épouse, Jeanne Lamiaux, meurt à l’âge de 89 ans, le 17 avril 1977.

Joseph de Lima inculque à ses enfants une éducation combative, ses deux fils garçons, Jean et Albert, auront une fin tragique pendant la II Guerre mondiale.

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Albert de Lima, fusillé

Albert Jean Baptiste de Lima, était mineur aux mines de Bruay, dans le Pas-de-Calais. Il a fait partie des Jeunesses Communistes de Divion et des FTPF, il a été par ailleurs membre du Parti Communiste avant la guerre. Sous l’Occupation, il poursuit son militantisme dans l’organisation clandestine du Parti Communiste en rejoignant les FTP (Francs Tireurs Partisans). Il était domicilié 19 rue du Transvall, à Divion.

Après plusieurs actions de sabotage, Albert de Lima fut recherché activement suite à un attentat contre un Gardien de la paix dans la nuit du 11 au 12 août 1942. Arrêté le lendemain, le 13 août, par la Police française de Divion, pour «menées communistes et détention d’armes», Albert de Lima fut demandé par les Allemands (OFK670) qui le jugeront le 22 octobre 1942 en le condamnant à mort pour «vol à main armée, complicité d’actes de sabotage et menées communistes». Albert de Lima a été fusillé le 3 novembre 1942. Il avait à peine 19 ans et trois mois.

Dans la fiche RIF (Résistance Intérieure Française), Albert de Lima y est déclaré comme ayant fait partie de la Résistance à partir du 1 juin 1941, jusqu’à sa mort.

En date du 12 novembre 1942, un avis est placardé à destination de la population, signé de la Oberfeidkommandantur, pour informer que 29 personnes, dont la grosse majorité étaient des mineurs, ont été condamnés par le Conseil de Guerre et exécutés, dont Albert de Lima «pour menées communistes et possession d’armes prohibées».

Dans la fiche d’Homologation de grade des F.F.I (Forces Françaises de l’Intérieur), fiche signé par sa mère à la 4ème page, en date du 20 janvier 1948, il y est déclaré qu’Albert fut un des organisateurs à Divion, Bruay et Houdain des grèves de 1941 contre l’occupation nazi, grèves auxquelles on a donné le nom de «Grèves patriotes des 100 mil mineurs du Pas de Calais», les plus grandes et les plus longues grèves en Europe, elles s’étalent du 25 mai au 10 juin 1941. Faits d’armes, signalées dans la même fiche, attribués à Albert de Lima : propagande antinazi, inscriptions sur les routes, destructions de poteaux téléphoniques et indications, distribution de tracs et vente de journaux clandestins, en 1942 il aurait détruit une voie ferrée, le 1er mai il est le porte-drapeau dans le secteur d’Houdain et Divion, à cette même date, il effectue des coupures de fils électriques ce qui l’amènera à être questionné par la Police de Divion. Avant d’être arrêté, il provoque une coupure de la chaîne dans les mines de Clarence.

La famille d’Albert de Lima, en juillet 1950, habitait 8 rue Marcel Sellier, à Divion. La Commission nationale d’homologation des Forces françaises combattantes (FFC) lui attribue le grade de Sergent le 6 mai 1955, il sera médaillé bien après sa mort, le 22 mars 1960.

De Lima Albert est déclaré «mort pour la France».

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Jean de Lima mort d’épuisement dans un camp de concentration

Jean Joseph Emmanuel de Lima a été subordonné de divers sabotages dont celui de l’appareil d’extraction des Mines de La Clarence, à Divion. Il sera arrêté le 12 août 1942, le même jour que son frère Albert. Les deux frères seront séparés, et subiront une fin tragique différente.

Jean sera envoyé dans le camp de concentration d’Allach, en Allemagne, où il viendra à mourir d’épuisement, après 2 ans et demi de camp, le 25 février 1945, deux mois avant la libération du Camp par les Américains. De noter que d’Allach était un camp extérieur de Dachau et était situé à mi-chemin entre Dachau et Munich. À Allach on faisait travailler les prisonniers déportés dans l’usine de BMW.

Jean Joseph de Lima fait partie des forces de la résistance, les FTPF (Franc Tireurs et Partisans Français) du département du Pas de Calais, ex 1ère région militaire. Mort pour la France, son nom figure au monument aux morts de Divion et sur une plaque au cimetière de la même ville, tel que son frère Albert.

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Morts pour la France…

Les frères De Lima sont honorés par la ville de Divion à plusieurs endroits : leur nom a été attribué à une rue, plusieurs plaques les honorent dans le monument d’«hommage à ceux qui sont morts pour que vive la France» dans le cimetière, dont une avec les dires : «à leur camarade fusillé par les allemands – Les Portugais de Calonnes-Cambrin».

Le nom d’Albert et de Jean sont mentionnés dans le monument, superbement restauré en 2018, au carrefour de «La Croix de Grès» entre la rue Bodelot et la rue des Frères Caron, ainsi que sur une plaque dans le monument dans le jardin derrière la Mairie.

Notons par ailleurs que deux autres portugais d’origine sont honorés : José dos Santos aux trois endroits cités ci-dessus. José dos Santos a été fusillé le 4 novembre 1942 dans la citadelle d’Arras (lire ICI et ICI), le nom d’une rue lui a été aussi attribué dans la ville de Divion.

Le nom Manoel José da Costa, victime civile, est inscrit sur les deux monuments aux morts, ce dernier est décédé le 21 mai 1940 à la suite de blessures lors d’un bombardement aérien.

Jean de Lima, Albert de Lima et José dos Santos sont honorés avec l’indication de «Mort pour la France».

Lima est le nom d’un fleuve portugais. Ce qu’on peut dire de l’histoire de la famille de Lima, c’est qu’elle ne fut pas un long fleuve tranquille, loin de là !

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