José Ribeiro dénaturalisé français pour vol de poules…

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L’histoire de José Pereira Ribeiro commence le 18 août 1893, date de sa naissance à Alvelos (Barcelos), fils de Gabriel Pereira Ribeiro et Rosália Maria Villas Boas. Il aurait eu quatre sœurs et un frère.

Grâce à la documentation consultée, il nous a été possible de tracer une bonne partie de la vie de José Ribeiro grâce à son dossier de dénaturalisation du Gouvernement de Vichy, dossier consultable aux Archives Nationales.

José Pereira Ribeiro (José Ribeiro dans la documentation en France) a participé à la I Guerre mondiale au service du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP), départ de Lisboa le 22 avril 1917. Il aurait été blessé à quatre reprises. Le premier jour de la Bataille de La Lys, le 9 avril 1918, il a été fait prisonnier, interné au camp de Minden. Il se serait évadé après 5 mois d’emprisonnement.

José Ribeiro est signalé présent auprès du CEP le 28 décembre 1918. Il marchera avec le Pelotão Estafeta jusqu’au port de rapatriement. Son débarquement à Lisboa a lieu le 28 janvier 1919.

Des détails nous sont donnés sur sa constitution physique : 1,58 mètre de hauteur, yeux marrons, nez moyen, bouche régulière, cheveux noirs, pas beaucoup de barbe, figure ronde, couleur naturelle.

Au moment de son embarquement pour Brest, José Ribeiro est marié avec Teresa de Vilas Boas, le mariage ayant eu lieu le 11 février 1911, José Ribeiro étant âgé d’à peine 16 ans et demi.

Rentré au Portugal, José Ribeiro n’y reste pas.

Malgré le fait qu’il soit marié, il revient, sans famille, très vite en France.

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Un tour de France

Il va parcourir la France du nord au sud, travaillant pour des entreprises du bâtiment, essentiellement dans la reconstruction de la France à la suite des dégâts provoqués par la I Guerre mondiale.

Dans son dossier, fin des années 1920, d’acquisition la nationalité française, on a plusieurs attestations d’entreprises confirmant les dates travaillées dans ces mêmes sociétés et toutes ont confirmé sa qualité et honnêteté.

Il a habité dans le Pas-de-Calais, Somme, Meuse, Ardèche, Hérault, Rhône et Yonne.

Le 1er novembre 1921, l’entreprise Construction Générale à Wingles (Pas-de-Calais) certifie que José Ribeiro a été employé en qualité de maçon entre le 23 mai 1919 et le 1 novembre 1919. On retrouve José Rodrigues pas loin des villages défendus par le CEP.

La Préfecture de l’Hérault, le 9 janvier 1930, déclarera que José Ribeiro aurait habité à Boureuilles entre le 2 novembre 1920 et le 2 septembre 1922, travaillant en tant que terrassier à la construction de la voie ferrée Cheppy-Boureuilles. De là, il serait parti vers le département de la Meuse pour travailler sur la reconstruction du village d’Amel-sur-Étang (arrondissement de Verdun), village complètement détruit pendant la I Guerre mondiale.

José Ribeiro part pour Paris, il travaillera entre janvier 1922 et le 15 août de la même année pour la Compagnie Française Entreprise, dont le siège était au 138 boulevard de Malesherbes, embauché en tant que plâtrier, il travaillera dans le chantier du Pont de Cardinet (XVII arrondissement, les Batignolles).

Le Préfet de la Somme, le 12 décembre 1929, écrit au Préfet de l’Hérault indiquant que José Ribeiro aurait résidé à Dreuil-les-Amiens en 1922 pendant 6 mois, il aurait travaillé en tant que contremaître à la reconstruction d’un pont sur le canal de la Somme.

Le 28 octobre 1929 Mr N. de Vaux, entrepreneur de travaux hydrauliques demeurant à Paris a émis un certificat indiquant avoir employé José Ribeiro dans la construction du Canal de Tancarville et du Pont Grospierres, dans l’Ardèche, du mois d’août 1922 jusqu’au mois d’avril 1925, en tant que Chef d’équipe. Confirmation de cette période sera également donnée par la Mairie de Grospierre dans un courrier adressé à la Préfecture, avec un détail plus précis : José Ribeiro aurait travaillé sur le pont du fleuve de Chassezac et sur le canal de Tancarville.

Le 8 octobre 1929, l’entreprise H. de Soualhat et A. Fage, entreprise de travaux publics, certifie que le nommé José Ribeiro était employé dans leur entreprise en tant que Chef d’équipe depuis le 3 juin 1925, avec un salaire moyen de 1.200 francs par mois.
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Via familiale compliquée

La vie familiale de José Pereira Ribeiro n’a pas été simple.

Il semblerait qu’il ait abandonné sa famille, malgré le fait qu’il soit marié au Portugal depuis 1911.

On apprend qu’au moment de sa demande de naturalisation, il habitait Frontignan (Hérault) avec 3 enfants mineurs, fils de sa compagne. Enfants que José Ribeiro aurait fini par reconnaitre. Les fils sont tous les trois pères différents : Roland Maurice Joseph est né le 19 octobre 1924 à Grospierres (Ardèche), André Louis Robert est né le 19 octobre 1926, à Lyon et Roger Gabriel René est né le 9 janvier 1928, aussi à Lyon. Sa compagne, mère des enfants, était originaire de Dreuil-les-Amiens dans la Somme.

Roland Maurice Joseph a été reconnu à la naissance par une personne s’appelant Rivario. Dans une attestation du Préfet du Rhône, il est dit que les deux enfants nés à Lyon seraient fils d’un frère de José Ribeiro, lui aussi appelé José. Toutefois, ses deux enfants pourquoi n’ont-ils pas été appelés du nom Ribeiro?

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La naturalisation

La demande initiale de naturalisation par courrier, signée (?) par l’illettré José Ribeiro, date du 5 octobre 1929. L’intéressé déclare souhaiter s’installer définitivement en France où se trouvent ses seuls intérêts, sans aucun esprit de retour au pays.

Les différents patrons dans lesquels José Ribeiro à travaillé, ainsi que les Préfectures de Police, donnent de bons renseignements sur José Ribeiro, rien ne s’opposant à sa naturalisation. Le 12 juin 1930, actes de naissance des trois enfants sont envoyés par le Préfet de l’Hérault au Garde des Sceaux.

José Ribeiro et sa famille déménagent de Frontignan pour rejoindre Sète, chez Mr Rieu Raymond, Quais des Moulins Prolongé. La Préfecture de l’Hérault confirme, en date du 20 février 1931, l’adresse, indiquant que la maman des enfants d’origine française est décédée.

Le 18 novembre 1929, José Ribeiro déclare ne pas avoir eu de condamnation ni au Portugal ni en France. Cela sera confirmé par l’extrait des sommiers judiciaires quelques jours plus tard.

Le 22 avril 1931 José Ribeiro est naturalisé par décret.

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La dénaturalisation

Les années 1930 passent, José Ribeiro est accusé de vols de poules et lapins, le 4 novembre 1939, au détriment de Mr Rpichel et les 20 mars et 1er avril 1940, au détriment de Mr Graule.

La II Guerre mondiale arrive, la Loi du 22 juillet 1940 ou Loi portant révision des naturalisations obtenues depuis 1927, est promulguée par le régime de Vichy, afin d’examiner et, le cas échéant, de déchoir de leur nationalité toute personne naturalisée depuis la Loi du 10 août 1927, réformant le régime du droit de la nationalité, fortement contesté dès l’époque par l’Extrême droite française.

José Ribeiro sera condamné à 6 mois de prison par le tribunal correctionnel de Montpellier le 8 août 1940, confirmé par la Cour d’appel le 11 septembre 1941, on était en temps de guerre avec des enfants à charge, José Ribeiro travaillant à la journée.

José Ribeiro a fait deux mois d’Armée au début de la II Guerre mondiale. Il a été reformé pour motif de famille nombreuse.

Pour raison des vols commis, ainsi que de nombreux larcins dans son quartier, sa moralité douteuse, le fait que celui-ci s’adonne à la boisson, qu’il se lie avec des femmes de mauvaise vie, le Préfet de l’Hérault propose le retrait de la nationalité à José Ribeiro.

Le retrait de la nationalité sera promulgué par décret, le 3 août 1942, moment où il est écrit que José Ribeiro n’a plus d’enfants à charge.

Le 8 octobre 1942, le Commissariat de Police de Frontignan, ville où il travaille, récupère la Carte d’électeur, seule pièce d’identité dont il disposait, déclarant avoir égaré son Décret de naturalisation.

José Ribeiro ne fera pas appel de la décision de retrait de sa nationalité.

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