LusoJornal / Luís Gonçalves

La «façade portugaise» de la Cathédrale Notre Dame de la Treille à Lille

Si on vous parle d’azulejos, vous pensez sûrement, tout de suite au Portugal.

C’est vrai que c’est l’une de nos richesses. Ils ornent une multitude de lieu plus ou moins anciens. C’est l’un des charmes de nos monuments, gares, mairies… ces petits carreaux, plus ou moins biens conservés sont présents un peu partout au Portugal.

On pense moins au marbre, et pourtant… c’est également une de nos richesses, source d’exportation. Le Portugal produits annuellement 3 Millions de tonnes et l’on compte 80 types de marbre différents.

La façade de la Cathédrale de la Treille à Lille est l’exemple de cette richesse et de la qualité rare qu’a le marbre portugais. Beaucoup de visiteurs sont attirés et visitent la Cathédrale grâce au caractère unique de celle-ci.

La Cathédrale a été achevée par la pause de dalles de marbre translucide importé du Portugal.

C’est du marbre de Vila Viçosa, dans l’Alentejo et plus précisément de Bencatel. L’usine de marbre l’ETMA, Empresa Transformadora dos Mármores do Alentejo a été choisie pour tailler et poser les dites dalles.

Il a fallu presque 150 ans pour terminer la construction de la Cathédrale de Lille.

Commencée en 1856, elle n’a été conclue que 13 jours avant l’entrée dans le XXI siècle, la raison principale étant la faute d’argent. D’autres priorités, notamment la construction des facultés catholiques et les trois guerres ont empêché l’achèvement de la Cathédrale plutôt.

Gérard Defois, l’évêque dira «150 ans ce n’est pas si long, on est dans la moyenne nationale».

De style néo-gothique, elle possède à l’intérieur 8 magnifiques chapelles, toutefois faute de moyens financiers au projet initial, on a supprimé les deux tours et les deux flèches. La façade sera bâclée avec des briques et de planches de bois.

La Cathédrale aveugle et murée en 1947 était peu fréquentée et utilisée. Entourée d’un parking très boueux, elle tomba presque à l’abandon.

Elle est resté ainsi jusqu’en 1991, date à laquelle, Mgr Jacques Vilnet, alors évêque de Lille décide que l’édifice, «indigne de Dieu et des hommes» devait se terminer. Le coût des travaux: 35 millions de francs, fiancés aux deux tiers par une souscription, l’évêque prenant le solde à sa charge.

L’architecte lillois Pierre Louis Carlier se propose dès les années 1980 de terminer la Cathédrale. Il s’associe à Peter Rice, le concepteur de l’opéra de Sydney, pour proposer la construction de la façade dans un style sobre très contemporain.

Un mur de marbre translucide, de 30 mètres de hauteur, importé du Portugal va voir le jour.

Cette œuvre maintenue en suspension de l’intérieur par des filins d’acier, tranche avec le reste de l’édifice, il n’en reste pas moins dans une certaine continuité du style néo-gothique.

Le chanoine Jean Coquant, ex-Vicaire Général dira: «une façade qui n’est pas un mur opaque. Elle laisse entrer la lumière de la ville, et, feu dans la nuit, elle éclaire les ténèbres. Par le marbre translucide, le monde est présent à la prière de la communauté, qui repart ensuite dans sa mission quotidienne aux quatre coins de la cité et au-delà», fin de citation.

Si l’on pose la main dans le marbre portugais de la Cathédrale on constate la qualité exceptionnelle de ce marbre translucide. Quand on est à l’extérieur le marbre est blanc et quand on est à l’intérieur la flamme qui apparaît c’est comme qu’un buisson ardent.

Constitué par les 110 plaques de marbre de 28 millimètres d’épaisseur, la façade ainsi construite est comme qu’un voile extrêmement léger, extrêmement transparent et translucide qui fait rentrer une lumière assez extraordinaire qui illumine le cœur de la Cathédrale et qui donne envie de s’y reposer et de s’y promener.

Belle œuvre que celle de Pierre Louis Carlier a imaginé pour achever la construction de la Cathédrale de la Treille après une histoire plutôt chaotique.

Le marbre de la Cathédrale de Lille fait partie de la grande catégorie des marbres d’Estremoz, il est exploité depuis l’occupation de la Péninsule Ibérique par l’Empire Romain. Le «Templo de Diana» à Evora, est l’un des exemples, il a été construit avec le marbre de l’Alentejo.

Après une année de pause, la traditionnelle et ancienne braderie de Lille refait surface les 2 et 3 septembre, occasion de visiter ou revisiter Lille et pourquoi pas découvrir ou ré-découvrir dans ce qu’on appelle «le Vieux Lille» la Cathédrale de La Treille et sa façade très originale en marbre translucide de l’Alentejo Portugal.

A l’Alentejo il y a de magnifiques paysages, de très belles villes, qui ont su garder leurs originalité. Il y a le chêne liège et ses fameux cochons «pata negra», mais il y a aussi l’autre richesse ,celle du marbre, l’autre matière première connue et reconnue au niveau mondial.