La survivante Ligue d’Anciens Combattants Portugais de Lillers et Environs: passé, présent, avenir

[pro_ad_display_adzone id=”37510″]

De la vingtaine d’associations d’anciens combattants portugais créés en France à la suite de la I Guerre mondiale, celle de Lillers est la seule encore en activité. Les documents auxquels nous avons eu accès aux Archives départementales du Pas-de-Calais nous permettent de comprendre ses débuts et les difficultés administratives à un moment de son existence.

Le 1er décembre 1929 est nommé au Conseil d’administration: Le Président Álvaro Rei, mineur, habitant à Hilaire Cottes, le Trésorier João da Assunção, mineur, habitant à Ecquedecques, le Secrétaire Joaquim de Andrade, mineur, habitant à Ecquedecques et les autres Membres du Bureau Carlos Bento Soares, mineur, habitant Manqueville-les-Lillers, Manuel Cardoso, mineur, habitant Manqueville-les-Lillers et José Pina, mineur, habitant Isbergues.

Tous les membres du Bureau étaient, à l’époque, mineurs et aucun n’habitait à Lillers, le siège de l’association.

Les statuts sont composés de 16 articles, ils ont été signés le 5 octobre 1929 et sont la traduction du modèle des statuts établi par la Liga dos Combatentes à Lisboa.

En préambule des articles des statuts, il est écrit: «une section d’anciens combattants portugais dont le siège est à Lillers, vient de se former. Elle est destinée à rendre de grands services à la colonie portugaise».

La déclaration de la Ligue d’Anciens Combattants Portugais de Lillers et Environs date du 16 décembre 1929, le récépissé est, quant à lui, daté du 17, le Décret est édité au Journal Officiel le 22 décembre 1929, page 13711. Le but déclaré de l’association étant «aide et protection», le siège était situé au Café Montel, à Lillers.

Dans la presse de l’époque nous avons trace de la participation de la Liga de Lillers aux différentes cérémonies annuelles au Cimetière militaire portugais de Richebourg et au Monument de La Couture.

.

Une période difficile

En 1939 les tensions entre deux blocs montent, la guerre approche.

Au Journal Officiel du 16 avril 1939, page 4911, Titre IV sur les Associations Étrangères, il est dit à l’article 22: «Aucune association étrangère ne peut se former, ni exercer son activité en France, sans autorisation préalable du Ministre de l’intérieur».

L’article 25 est encore plus explicite et précise: «Les associations étrangères existant au moment de la promulgation du présent titre, sont tenues de demander, dans le délai d’un mois, pour elles-mêmes et pour chacun de leurs établissements, l’autorisation exigée à l’article 22».

Beaucoup d’organisations, d’associations entrent en «sommeil» pendant les années qui suivent.

La Liga de Lillers, quoiqu’avec une existence juridique et administrative en suspens, ne manquera pas de participer aux cérémonies patriotiques dès que cela est possible.

Le 20 septembre 1950, la Direction Générale de Sûreté Nationale (DGST) envoie au Sous-Préfet de Béthune une demande de renseignements détaillés sur les membres dirigeants de l’association des anciens combattants portugais de Lillers. Des renseignements très détaillés sont donnés sur Carlos Bento Soares, Manuel Cardoso et Alexandre Aguiar.

Il est écrit dans le rapport, en conclusion: «Tous les trois ont obtenu la nationalité française . Ils sont très bien assimilés et font objet d’excellents renseignements à tous points de vue. Aucun d’entre eux ne fait partie d’un groupement politique et leur attitude du point de vue national est loyale… Cette association n’a aucune tendance politique. Elle ne prête son concours qu’au cours de fêtes patriotiques et nationales. Mentionnons que nous n’avons pu recueillir les renseignements demandés sur le nommé d’Assunção João, celui-ci étant domicilié à Ecquedecques. Mentionnons d’autre part que les membres de cette société n’ont pu fournir les exemplaires des statuts, ceux-ci étant égarés».

Le 3 février 1951, la Sous-Préfecture de Béthune, 2ème Bureau des Associations étrangères, écrit au Préfet du Pas-de-Calais: «Suite à l’enquête, il ne résulte aucun renseignement défavorable sur le groupement, ainsi que sur la morale et attitude de ses dirigeants. Cette association doit être considérée comme étrangère, un quart de ses membres sont de nationalité étrangère. L’autorisation peut être accordée», signée par le Sous-Préfet.

Le 10 février 1951 le Préfet du Pas-de-Calais demande au Sous-Préfet de Béthune de lui indiquer le total des membres de l’association et le nombre exact d’étrangers comme membres permanents. Le 21 février, le Secrétaire de Police de Lillers adresse au Sous-Préfet de Béthune le nom des 16 sociétaires qui font partie de la Liga. Ils sont tous les 16 d’origine portugaise, 10 sont naturalisés français et 6 ont gardé la nationalité portugaise.

Le 7 mars 1951 le Préfet du Pas-de-Calais envoie aux services du Ministère de l’Intérieur un courrier indiquant comme objet, «associations étrangères» dans lequel il écrit: «L’enquête à laquelle il a été procédé, il résulte qu’aucun renseignement défavorable n’a été recueilli… En conséquent, j’estime que l’autorisation sollicitée par l’association dont il s’agit, peut être accordée».

Ce qui suit, reste pour nous incompréhensible, au vu des éléments et avis précédents.

En date du 25 mai 1951, le Ministère de l’Intérieur, Direction de la Réglementation, Sous-Direction des étrangers et passeports, écrit: «Vu le décret de loi du 12 avril 1939, relatif à la constitution des associations étrangères, modifié par le décret du 1er septembre 1939 et vu la directive du 31 juin, vu le rapport du Préfet du Pas-de-Calais, sur proposition du Directeur de la Sûreté Nationale, est: Article 1er: refusée à l’association étrangère Liga des Anciens Combattants Portugais de Lillers et Environs, l’autorisation qu’elle sollicite; Article 2: Les dirigeants doivent procéder à la liquidation dans un délais d’un mois; Article 3: Le Préfet de Police du Pas-de-Calais est chargé de l’exécution du présent arrêt».

Le 30 juin 1951, le Procès-verbal de notification est remis par Henri Legros, Commissaire de Police de Lillers à Carlos Bento Costa, faisant référence à l’Arrêté ministériel en date du 25 mai 1951.

En consultant les services de l’INSEE et la situation au répertoire SIRENE, il est indiqué que l’association est active depuis le 16 décembre 1929.

Notre description des évènements administratifs connus permet de comprendre certains rouages au niveau de la création d’associations étrangères et pourquoi nous n’avons pas beaucoup de traces des Associations de combattants portugais après la II Guerre mondiale.

En tout cas, la Ligue d’Anciens Combattants Portugais de Lillers et Environs est encore active.

Après le décès de Felicia da Assunção Pailleux, la semaine dernière, sa fille Marie Ronsin et sa petite-fille, Aurore, continueront d’être les Porte-Drapeau de l’association, le fils d’Aurore, Horace, promettant, à 11 ans, de prendre la relève.

[pro_ad_display_adzone id=”46664″]