Le 11 mars 1975 : un Coup d’Etat déjoué au Portugal


Les démocraties vacillent parfois, les révolutions aussi. Voilà presque 50 ans qu’à eu lieu la Révolution des Œillets, révolution pacifique qui toutefois a traversé quelques soubresauts. Il y a tout juste 49 ans, le 11 mars 1975, se produisait le «Golpe do 11 de março de 1975» au Portugal.

Après l’euphorie du 25 avril 1974, des divisions sont apparues au sein du Movimento das Forças Armadas (MFA), ce qui est presque normal dans une révolution, quand on a à faire à des personnalités politiques, militaires et civiles, venues d’horizons différents.

Le matin du 11 mars 1975, la caserne du Régiment d’Artillerie Légère n°1 (RAL 1, dans la zone d’Encarnação, à Lisboa), a été attaquée par les troupes de la Base Aérienne 3 (BA 3, de Tancos), à la tête de cette action le général António Spínola. Après avoir été mitraillée et bombardée par des avions, la caserne a été encerclée par les soldats du Régiment de Chasseurs Parachutistes (RCP), jusqu’à ce qu’en début d’après-midi, le Major Diniz de Almeida et le Capitaine Sebastião Martins conviennent d’un cessez-le-feu.

Pour comprendre le 11 mars 1975 il faut rappeler quelques évènements qui le précèdent :

Le 28 septembre 1974, une manifestation, dite de la “majorité silencieuse”, contre les forces communistes installées dans le pays est déjouée.

Le 30 septembre 1974, le Général António de Spínola démissionne de son poste de Président de la République.

Le 9 mars 1975, Spínola est informé par des Officiers amis de l’Opération Easter Killing, d’un plan présumé du Parti Communiste Portugais et du personnel militaire le plus radical du Commandement opérationnel continental (COPCON) et de la 5ème Division, soutenue par l’Union soviétique, pour mener une campagne d’assassinats politiques, dont Spínola et ses partisans étaient des cibles, et un Coup d’État.

Le 10 mars 1975, Spínola quitte Massamá, déguisé avec de fausses barbes, en compagnie de son épouse, en route vers la base aérienne de Tancos, commandée par le Colonel Moura dos Santos, avec le Régiment de Chasseurs Parachutistes, commandé par le Colonel Rafael Tough.

A cause de ces événements, la réaction d’António de Spinola a lieu le 11 mars 1975. Lors des évènements de cette journée, la révolution n’a pas basculé mais elle a tremblé un peu, par l’action d’un homme qui a contesté le régime d’avant, mais que, selon lui, l’après “allait trop loin”.

On déplore, pendant cette journée, un mort et quelques blessés.

Le 11 mars 1975, à 9h00 : la force qui allait déclencher le Coup d’État était prête sur la piste de Tancos.

À 11h45 : deux avions T6 et quatre hélicoptères sous le commandement du Général Spínola, survolent et attaquent la caserne RAL1, près de l’aéroport de Lisboa, avec des tirs de mitrailleuses. Le soldat Joaquim Carvalho Luís est tué lors de l’attaque, et il y a eu plusieurs blessés.

À 14h00 : le Coup d’État est considéré comme anéanti.

À 14h45 : l’Emissora Nacional diffuse la première déclaration du bureau du Premier Ministre : «L’alliance entre le peuple et les forces armées démontre, maintenant comme toujours, que la révolution du PREC est irréversible».

À 17h00 : le Général Spínola s’échappe en hélicoptère vers la base aérienne de Talavera de La Real, en Espagne.

À 19h00 : l’agence France Presse envoie un télégramme annonçant que Spínola, accompagné de son épouse et de 15 officiers, arrive à la base aérienne de Talavera de La Real, à Badajoz.

Faisant suite au 11 mars 1975, les autorités militaires annoncent l’arrestation de douze individus liés à l’ELP (Exército de Libertação de Portugal), un mouvement d’extrême droite, contestataire à la Révolution du 25 Avril, dont l’arrestation a effectivement eu lieu fin février. Les services de renseignement ont rendu la nouvelle publique après le 11 mars, pour faire croire qu’elle était le résultat du Coup d’État spinoliste manqué.

Le 29 mars, l’ELP, dans des informations publiées par la presse, nie toute intervention dans le Coup d’État du 11 mars, mais se déclare prête à agir sur tout le territoire portugais contre le climat communiste qui s’est installé dans le pays.