Le Pont des Barques à Porto et la tragédie provoquée par les troupes de Napoléon


Le drame du Pont des Barques, «Ponte das Barcas», à Porto, est probablement un des plus tragiques de l’histoire du Portugal, même si les chiffres des disparus varient entre 400 et 20 mille, selon les sources. Il s’est produit le 29 mars 1809, lors de la deuxième invasion française du Portugal.

Petit rappel historique : entre 1807 et 1813, le Portugal a été impliqué dans la guerre dite péninsulaire, résultat des invasions successives que les troupes françaises ont infligées à la péninsule ibérique.

Certains historiens vont jusqu’à citer que le Portugal a subi 4 invasions françaises, toutefois trois c’est le nombre plus communément retenu. La première invasion a débuté en novembre 1807, sous le commandement du Général Junot, en mars 1809 commence la deuxième invasion avec à sa tête le Général Soult, et pour finir, en juin 1810, le Portugal subit la troisième invasion, aux commandes de laquelle on trouve le Maréchal Masséna.

Les troupes de Napoléon n’ont pas eu le succès espéré par l’Empereur, toutefois les conséquences sur l’histoire du Portugal ont été très significatives.

Le grand ennemi de la France, l’Angleterre, a été d’une aide essentielle dans la victoire portugaise sur les troupes françaises.

Pour mieux comprendre, rappelons que la plus ancienne alliance diplomatique au monde encore en vigueur est l’Alliance luso-britannique, communément connue sous le nom d’Alliance anglaise, signée entre le Royaume d’Angleterre et celui du Portugal, alliance qui date du 16 juin 1373. Tout au long de l’histoire du Portugal, cela a eu des conséquences importantes, l’une d’elles étant les invasions napoléoniennes, en raison du rejet portugais du blocus continental, incompatible avec les termes de cette alliance.

La deuxième invasion du Portugal de la part des troupes de Napoléon, se fait par le nord du pays, venant de la voisine Espagne.

Le 20 mars Braga est occupée, le 27 les troupes françaises aperçoivent Porto (*), le lendemain débute la Bataille de Porto : 5 mille soldats anglais et portugais défendent la ville Invicta face à 30 mille soldats de Napoléon. Par la suite, avec l’aide britannique sous commandement du Lieutenant-Général Sir Arthur Wellesley, les évènements vont moins bien se dérouler pour l’envahisseur, les troupes françaises sont expulsées du Portugal par Montalegre, le 19 mai.

Lors de la Bataille de Porto, les soldats français pillent des maisons et attaquent la population. Celle-ci tente de fuir en masse vers l’autre côté, vers Gaia, d’où des troupes portugaises tiraient sur l’ennemi.

La structure, apparemment solide du Pont de Barques, n’a pas pu résister au poids de l’avalanche humaine et s’est brisée. De nombreuses personnes tombent dans le Douro en se serrant dans les bras. A cette époque, personne ne savait nager, pas même les marins ou les pêcheurs.

Combien de personnes se sont noyées ? Nous ne connaissons pas le chiffre exact. Provoqué par la confusion et le désespoir, le chiffre le plus cité parle de 4 mille personnes mortes. Il y en a qui parlent de 400, mais d’autres citent le chiffre de 20 mille !

Cette tragédie de Ponte das Barcas, encore de nos jours, la population de Porto s’en souvient.

Sur le local du drame, une pierre tombale avec un haut-relief évoque sur le mur, coté Porto, à une centaine de mètres du bas du Pont D. Luis, le drame du 29 mars 1809, des bougies y sont allumées quotidiennement.

La nécessité de disposer d’un passage vers la rive sud du Douro pour la circulation des personnes et des marchandises depuis Porto a été une préoccupation permanente au fil des siècles. Au fil du temps, plusieurs «ponts à barges» ont été construits permettant un déplacement rapide des contingents militaires, même si d’une façon générale, la traversée du Douro se faisait à l’aide de bateaux, de radeaux. La question monétaire jouait aussi son rôle, un droit de passage devait être payé.

Le «Ponte das Barcas», construit avec un objectif durable, a été conçu par Carlos Amarante et inauguré le 15 août 1806. Il était composé de vingt bateaux reliés par des câbles d’acier et pouvait s’ouvrir en deux parties pour permettre le passage du trafic fluvial.

Reconstruite à plusieurs reprises, le «Ponte das Barcas» finit par être définitivement remplacé par le «Ponte Pensil» en 1843, ce dernier  étant à son tour remplacé par le «Ponte D. Luis», mis en service le 31 octobre 1886.

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(*) Les légendes ont parfois la peau dure. Contrairement à ce qui est parfois raconté, les Tripes à la mode de Porto, ne sont pas la conséquence de l’Invasion française et de l’encerclement de Porto par les troupes de Napoléon. La légende est bien plus ancienne. L’infant D. Henrique, ayant besoin de ravitailler les navires pour la prise de Ceuta lors de l’expédition militaire commandée par le roi D. João I, en 1415, demanda aux habitants de la ville de Porto tout type de nourriture. Toute la viande que possédait la ville était nettoyée, salée et stockée dans les bateaux, la population étant sacrifiée uniquement avec les abats pour la cuisine, y compris les tripes. C’est avec eux que les Portugais durent inventer des alternatives alimentaires, créant ainsi le plat «Tripas à moda do Porto».

LusoJornal