Le rôle remarquable des Sapadores do Caminho de Ferro Portugueses durant la I Guerre mondiale (2)


Dans précédents articles, nous avons décrit l’action du Bataillon des Sapadores do Caminho de Ferro Portugueses, Sapeurs Ferroviaires Portugais, pendant la I Guerre mondiale et de leur action autour d’Aubigny-en-Artois au niveau de la reconstruction de la ligne ferroviaire et des secours apportés à la population.

Ce corps spécial de l’Armée portugaise, n’a eu des louanges et des remerciements qu’à Aubigny-en-Artois. L’action des Sapadores do Caminho de Ferro a été bien au-delà, ainsi que les louanges et les honneurs. Citons ici, à titre d’exemple, son action à Messines (Belgique), à La Gorgue, à Bac St Maur, à St. Pol, et sur la ligne de chemin de fer de Bryas…

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Faisons un peu d’histoire, l’histoire de la participation des Sapadores de Caminho de Ferro Português à la I Guerre mondiale dont le travail fût assez notoire.

Cette unité a été créée le 31 octobre 1884, dont la composition initiale était de deux Bataillons actifs et un troisième de réserve.

À partir de 1911, et cela au moins une fois par an, des officiers, sergents et militaires de troupe vont être affectés aux différentes lignes de chemin de fer au Portugal afin de perfectionner leur instruction technique.

Ce Bataillon sera installé, dès le début, dans la banlieue de Lisboa, à Cascais.

Lorsque l’Allemagne déclare la guerre au Portugal, cette unité mobilise quatre compagnies qui vont opérer en France et en Belgique.

La période de mobilisation du Bataillon de Sapeurs ferroviaires du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) se déroula entre le 16 février et début avril 1917.

À la fin du mois d’avril, deux Compagnies, la troisième et la quatrième, s’embarquent pour la France. La première et la deuxième embarqueront un mois plus tard.

Les 3ème et 4ème Compagnies sont affectés, au départ, dans des travaux dans la région d’Albert et Péronne, à savoir : la conservation et l’arpentage des voies ferrées. Les Sapadores participent à la construction de la ligne de chemin de fer qui va d’Achiet-le-Grand à Bapaume, dans la Somme.

Les 1ère et 2ème Compagnies sont, quant à elles, mobilisées dans la région d’Ypres et de Messines, en Belgique, afin d’y réaliser des travaux de construction et de réparation de lignes ferroviaires, travaux souvent réalisés sous le feu de l’artillerie allemande. Rappelons qu’après Verdun, Ypres sera la région avec le plus de morts pendant la Grande Guerre.

Au mois d’août 1917, le Bataillon rejoint la région d’Arras – St. Pol – Duisans.

L’entretien des lignes de la Région couvrait un secteur qui allait du front, dans la vallée de la Scarpe, jusqu’à la connexion avec l’arrière, une des tâches étant, des travaux dans le secteur portugais : La Gorgue et les lignes adjacentes à Laventie et Bac-Saint-Maur.

Cette période, qui dura jusqu’aux offensives allemandes de mars et avril 1918, fut celle d’un travail acharné, presque toujours effectué dans des conditions difficiles. Souvent réalisés sous le feu de l’artillerie, à savoir les travaux de la 1ère Compagnie à Maroeuil, lors de la Bataille d’Arras, en mars 1918, et par la 4ème Compagnie, à l’autre extrémité du secteur, à Saint-Pol. Les Sapadores ne parviendront jamais à atteindre Arras, la ligne de chemin de fer étant trop endommagée.

Après cette période, la répartition des services du Bataillon subit de nouvelles affectations : les 1ère et 2ème Compagnies suivent le mouvement de la Vème Armée anglaise, reprenant du travail entre Abbeville et Candas. La 1ère Compagnie déploie son service en gare de Vendroux, à Calais. La 3ème Compagnie, après la Bataille de La Lys, le 9 avril 1918, reste dans le secteur, plus précisément à Berguette, travaillant sur la récupération du matériel.

La 4ème Compagnie continue, pendant des mois encore, à Saint-Pol, son action ira jusqu’à Lillers et Bourbure, où elle mène des travaux dans des circonstances difficiles, sous le feu ennemi, notamment au niveau de la ligne Lillers-Chocques.

Dès février 1918, une 5ème Compagnie est constituée pour exploiter la ligne qui va de La Gorgue à Béthune.

Début août 1918, le Bataillon se voit confier le service d’exploration des gares de Quevilly, à Rouen et Rouxmesnil, à Dieppe, la 3ème Compagnie étant affectée à Quevilly, et la 5ème à Rouxmesnil, où elles restent jusqu’à l’Armistice.

L’Armistice signé, la 3ème Compagnie est déployée pour la maintenance de la ligne Bergues-Proven, à la frontière nord avec la Belgique.

Le Commandement du B.S.C.F, sous la conduite du Lieutenant-Colonel Raul Augusto Esteves, a toujours occupé une position centrale par rapport aux différentes Compagnies, à savoir Poperinge, Strazeele, Duisans et enfin à Aubigny-en-Artois, où il est resté jusqu’à la date de la marche qui conduira à l’embarquement vers le Portugal.

Au moment de l’Armistice, le 11 novembre 1918, les cinq compagnies, plus une sixième qui était en constitution, sont dispersées dans plusieurs zones de front.

Le Bataillon de Sapeurs ferroviaires rassemble tout son personnel au port d’embarquement de Cherbourg, le retour au pays débute le 27 avril 1919.

Tant du côté français qu’anglais, le B.S.C.F. est loué par son comportement exemplaire pendant la I Guerre mondiale tant en France qu’en Belgique.

Lors d’un éloge et décoration du Bataillon, il est dit : «Le Bataillon de Sapeurs ferroviaires a été l’unité portugaise qui, avec le plus de persévérance et d’assiduité, a coopéré dans la zone de guerre, où son travail fut notable, le plus souvent dans des circonstances difficiles et risquées».

En 1920, et pour ses services rendus pendant la Grande Guerre, le Bataillon reçoit le grade de Commandeur de l’Ordre portugais de la Tour et de l’Épée, de valeur, de loyauté et de mérite.

Le B.S.C.F. a reçu diverses décorations internationales telles la «Croix de Guerre avec Palme» au nom de Sa Majesté le Roi d’Angleterre et le Gouvernement de la République française, reçoit aussi la Médaille commémorative de la Victoire 14-18 de la part de la France.

Au niveau national, on lui attribue le grade de «Commandeur de l’Ordre du Christ».

Le Batalhão dos Sapadores dos Caminhos de Ferro Portugueses est souvent oublié dans les commémorations et honneurs et pourtant, son travail pendant la I Guerre mondiale fût remarquable, allant bien au-delà de la zone occupée par le Corpo Expedicionário Português.

Des 1.644 Sapadores, incluant officiers et soldats, 89 décorations ou nominations seront attribuées à des officiers, 67 à des sergents et 114 à des soldats, soit un total de 220, sachant par ailleurs que ces attributions furent de 25 types de nominations distinctes. Le Commandant du Bataillon, le Lieutenant-Colonel Raul Augusto Esteves, sera décoré 9 fois.