Lecture très instructive du livre sur la I Guerre mondiale «Au Créneau» de Pina de Moraes

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Organisé par l’Association Fleurbaix Patrimoine et en collaboration avec l’Alloeu Terres de Batailles s’est tenu à la Bibliothèque de Fleurbaix une lecture commentée du livre «Au Créneau» de Pina de Moraes, publié en 1930 aux éditions Valois.

Sur les 270 pages du livre, 8 faisaient référence au passage par Fleurbaix du Lieutenant. C’est ces pages qui furent lues par cinq membres de l’association à l’initiative de cette lecture, commentée par l’historien Bertrand Lecomte.

Très intéressante lecture/causerie. L’histoire d’un village peut être, ainsi, enrichie par des informations d’un ouvrage avec évidemment, la vision, les sentiments de celui qui écrit. Et pour un ouvrage sur la Guerre, c’est rudement bien écrit. On sent des émotions, les sentiments, dans les pages lues du livre de Pina de Moraes.

Pour mieux comprendre João Pina de Moraes (son nom complet) voici ce qui est écrit sur le site «Escritores a Norte»: «Pina de Morais s’intègre à l’école de la nostalgie avec la prose lyrique d’Ânfora Partida, dans un style fluide et imaginatif comme celui de Leonardo Coimbra. A ‘Paixão do Maestro’, 1922, semble indiquer une évolution sentimentale-esthétique, mais sa fidélité à la cause républicaine démocratique conduit à un long et combatif exil en Espagne, au Brésil et en France, dont les Mémoires attendent la publication».

Il est notoire que le livre de Pina de Moraes soit publié en France. Est-ce pendant son exil dans ce pays d’accueil?

La première édition, en portugais, a été publiée dès la fin de la I Guerre mondiale, au milieu de l’année 1919, par les éditions «Renascença Portuguesa» et avait pour titre «Parapeito».

Les pages sur Fleurbaix font partie du chapitre «Le crâne». Alors que Pina de Moraes doit changer d’affectation, il écrit à un officier qui doit le remplacer ce qu’il voit en passant dans les tranchées, dans le village presque complètement abandonné, autour de l’église et de son cimetière, une description de ce qui se passe dans une plaine longue de 4 kilomètres dont il est bien difficile de maintenir en état les tranchées, le sol humide empêchant que celles-ci soient plus profondes que de 80 centimètres, on se protège comme on peut, avec des sacs et autres matériels pour être moins bien ciblés, vus, par l’ennemi.

Pina de Moraes, Lieutenant portugais, en passant par les tranchées françaises – les allemandes n’étant pas loin – ressent de la peine pour les Français, leurs difficultés et souffrances. Il semblerait que les tranchées occupées par les Portugais, à Neuve-Chapelle, soient plus calmes.

Le village est décrit comme étant complètement détruit, les cadavres se décomposent entre les deux belligérants. Pina de Moraes dira qu’il y avait comme une envie de demander de stopper les combats pour que les uns et les autres puissent récupérer les corps de leurs camarades.

Pina de Moraes ne voit pas que des morts côté soldats. Il dira que «mêmes les habitants du village n’arrivent pas à reconnaître leurs morts civils…». Il aperçoit même des cheveux de femmes. L’église de Fleurbaix est décrite comme étant plus en ruine que celle du village d’à côté, Laventie, il faut dire que dans l’église de Fleurbaix il y avait du gros calibre britannique.

Plus loin, il nous est lu que «j’étais si près que je pouvais dialoguer avec un cadavre…», image terrifiante, une confrontation à la mort, avec la mort, tableau de mort décrit du cimetière autour de l’église, église complètement détruite elle aussi, mais dont l’autel restait débout.

Pina de Moraes, par son livre, son écriture nous peint la I Guerre mondiale, mais aussi sa guerre tout court. Les derniers chapitres de son livre «Au Créneau» sont particulièrement émouvants. L’auteur décrit la visite qu’il fait, en compagnie d’un ami médecin, dans la section des tuberculeux de l’hôpital d’Ambleteuse. Plus tard, lui-même, épuisé, souffrit d’une pathologie pulmonaire qui le conduisit dans ce même hôpital, mais cette fois comme patient. Comme Officier, il bénéficie cependant du privilège d’être logé à l’hôtel d’Ambleteuse.

Pina de Moraes souffrit beaucoup d’être séparé de sa mère pendant la Grande Guerre, il traversa même d’importants moments de déprime.

Dans la même lignée d’écriture, Pina de Moraes publiera d’autres livres, ses mémoires attendent, cependant, pour être publiées.

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