LusoJornal / LSG

Les leçons de l’histoire: de D. Sebastião à Valéry Giscard d’Estaing

[pro_ad_display_adzone id=”46664″]

Alors que la France vient de perdre l’un de ses Présidents, Valéry Giscard d’Estaing, nous vient à la mémoire quelques phrases qui marqueront à jamais la politique française, on est au début d’une certaine façon du marketing en politique… avec Jacques Séguéla assistons-nous à la naissance de ce que nous appelons actuellement «les influenceurs»?

Souvenez-vous du débat télévisé qui opposera Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand. Le premier dit au second: «vous êtes un homme du passé» auquel le second répond: «vous êtes un homme du passif». François Mitterrand gagne l’élection de mai 1981.

De l’élection précédente, du débat télévisé du 10 mai 1974, une phrase marquera les esprits, VGD dira «Vous n’avez pas, monsieur Mitterrand, le monopole du cœur». Valéry Giscard d’Estaing sortira vainqueur de cette élection.

Le «Au revoir…» devant la caméra, en 1981, du Président partant, VGD, restera dans les mémoires.

Au Portugal, des phrases telles que celles évoquées ci-haut, ont moins marqué les esprits, moins marqué l’histoire, ce sont plutôt des événements qui ont marqué la conscience collective. Nous vient ici en mémoire, un des événements les plus marquants de l’histoire du Portugal, la Bataille d’Alcacer Quibir, qui conduira plus tard à la Restauration de l’Indépendance du Portugal, fêtée le 1er décembre. Occasion pour questionner Sandra Canivet, auteur du livre «L’Extraordinaire Histoire du Portugal» aux éditions Cadamoste, sur cet événement catastrophique de l’histoire du Portugal: La Bataille d’Alcacer Quibir, en 1578.

 

Quel est le contexte de la Bataille d’Alcacer Quibir?

Dans sa ferveur religieuse et son ambition de grandeur, le roi D. Sebastião avait planifié une croisade au Nord de l’Afrique. Sa prétention était de faire encore mieux que ses glorieux aïeux! Il a profité que Mulei Mohammed lui eut demandé son aide pour récupérer le trône que son oncle, Mulei Moluco, avait pris. Par ailleurs, la domination ottomane sur le Maghreb central et oriental, accélérée par la reconquête de Tunis, représentait une menace possible d’une invasion musulmane sur la péninsule ibérique et l’Europe.

 

Les erreurs dans une telle bataille?

Les ambitions militaires de D. Sebastião ont été trahis par sa jeunesse et son manque d’expérience! Une attaque mal préparée à laquelle s’est ajoutée une frénésie sans méthode, ont conduit au désastre pour l’armée portugaise. Il faut ajouter que cette armée a été recrutée de manière quelque peu fantaisiste. Entre 15.000 et 23.000 hommes peu disciplinés, absolument pas formés à l’art de la guerre, menés par un jeune roi sans expérience, âgé de seulement 24 ans. Face aux guerriers arabes rompus à l’exercice militaire et en supériorité numérique, la déroute était inévitable.

 

Pourquoi la Bataille d’Alcacer Quibir a marqué l’Histoire du Portugal?

L’issue de la bataille fut catastrophique: à la défaite portugaise, s’est ajoutée la disparition du roi D. Sebastião au combat. Ce dernier n’avait ni préparé sa succession, ni laissé un héritier. La noblesse portugaise, quant à elle, a été décimée et emprisonnée, laissant le Portugal sans leaders. Seule une centaine de personnes aurait réussi à fuir! Les arabes payèrent un lourd tribut également en perdant les deux sultans rivaux de D. Sebastião d’où le surnom de «Bataille des trois rois», attribué par les Marocains à cet affrontement.

 

Quelle est la conséquence de cette défaite et de la disparition du jeune roi tant aimé par les Portugais?

La défaite à la Bataille d’Alcácer-Quibir a conduit le Portugal à une crise dynastique en 1580 et à la naissance du mythe du Sébastianisme. Les conséquences furent économiques d’abord, car il fallut casser la tire-lire pour faire libérer les prisonniers. Il y eu un contrecoup social qui mit en péril la gestion même du pays et de ses territoires d’Outre-mer, car toute l’élite portugaise, noble et cléricale, avait été anéantie en cette journée fatidique! Enfin l’impact dynastique fut sans précédent car son grand-oncle, le régent, meurt deux années après… Après une querelle entre prétendants du trône, c’est Philippe II d’Espagne qui remporte le royaume portugais, tout l’empire passe sous le joug de la domination espagnole. C’est un coup rude pour le Portugal et les Portugais! Soixante années passeront avant que le Portugal retrouve son Indépendance le 1er décembre 1640. Ce jour est commémoré chaque année!

 

Coïncidence, au moment de la perte d’Indépendance du Portugal, disparaît, aussi, le plus grand poète portugais: Luís Vaz de Camões…

Il n’a pas vu le roi espagnol monter sur le trône… heureusement pour lui! Le plus grand propagandiste portugais de tous les temps a reconnu que, le Portugal aventureux et béni, source de toute son inspiration, était mort le jour de la Bataille d’Alcacer Quibir. Camões a écrit à Francisco de Almeida: «J’aimais tellement ma patrie que je me contenterais non seulement d’y mourir, mais d’y mourir avec elle».

 

Qu’est-ce le mythe du Sébastianisme?

D. Sebastião (1554-1578) est devenu un mythe après sa disparition lors de la fameuse bataille. Le roi disparu pouvait revenir un jour! Les Portugais y croyaient! Et ce mythe a persisté malgré la restitution de sa dépouille des années plus tard. D. Sebastião était le chouchou des Portugais. Il était le petit-fils de D. João III et sa naissance avait été très attendue et célébrée tant le peuple craignait déjà un problème de succession à la couronne portugaise. En mourant en Afrique, si jeune et sans descendance, son personnage a fait naître une expectative du retour de l’enfant prodigue. C’est le mythe du «Sebastianismo», l’espoir qu’il reviendrait un jour, un matin brumeux, pour sauver le pays de tous ses maux.

 

On compare souvent la défaite de la Bataille de La Lys, du 9 avril 1918, avec celle d’Alcacer Quibir. Pourquoi?

Cette défaite de la Bataille de La Lys est considérée la plus terrible après 1578. Pourtant, entre-temps les Portugais se sont souvent battus et ont connu des victoires et des défaites. On peut citer les batailles contre les Espagnols pour la Restauration, contre les Français sous Napoléon… Pourtant c’est la bataille du XXème siècle qui reste dans la mémoire collective comme l’échec le plus cuisant! D’une certaine façon, les mêmes erreurs ont conduit aux mêmes conséquences.

 

L’extraordinaire Histoire du Portugal

Disponible dans toutes les librairies françaises, Fnac, magasins d’alimentation portugaise ou sur le site internet de la maison d’éditions

www.cadamoste-editions.com

contact@cadamoste-editions.com

 

[pro_ad_display_adzone id=”37509″]