Les origines portugaises du père de l’Impressionnisme : Camille Pissarro

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Jacob Camille Pissarro, de son nom complet, était le fils d’Abraham (Frédéric) Gabriel Pissarro. Ce dernier était Juif ‘marrane’ portugais, de Bragança, qui grandit à la fin du XVIIIe siècle à Bordeaux, là où il est né, là où existait une importante communauté de Juifs portugais réfugiés de l’Inquisition.

Par un jeux de mots, nous dirons «rendons à César ce qui appartient à César et pas à Cézanne», car contrairement à ce que parfois est écrit, c’est bien à Camille Pissarro, peintre descendent des juifs séfarades de Bragança qu’il faut attribuer les origines de la peinture impressionniste, de la peinture moderne, même si le nom impressionnisme est attribué au journaliste satirique Louis Leroy en parlant du tableau de Monet «Impression, soleil levant» et même si une trentaine de grands peintres font partie de ce mouvement pictural apparu dans les années 1860.

On dit de l’impressionnisme comme étant : «un mouvement pictural apparu en France en opposition à l’art académique et visant à représenter le caractère éphémère de la lumière et ses effets sur les couleurs et les formes».

Revenant aux origines Transmontanas de Camille Pissarro et à son l’histoire.

Camille Pissarro a des origines juives séfarades, terme utilisé pour les juifs originaires de la Péninsule Ibérique. Ses ascendants ont été pendant longtemps des crypto-juifs, ceci faisant référence aux juifs qui pratiquaient leur foi et leurs coutumes en secret, par crainte de persécutions religieuses, tout en pratiquant publiquement une autre religion. Parmi ces groupes, se distinguent les «Xuetes» des îles Baléares, les «Marranes» de la péninsule ibérique ou les «neofiti» d’Italie.

En remontant dans le temps, le professeur Leandro Rodríguez, s’appuyant sur des documents historiques, conclut qu’en 1492, 3.000 Juifs de Castille se sont inscrits à Bragança, au Portugal.

Rappelons ici le décret de l’Alhambra, signé en 1492 par le roi Ferdinand II d’Aragon et la reine Isabelle de Castille. Ce décret ordonnait aux juifs de se convertir à la religion catholique ou de quitter le pays. Les candidats au départ devaient laisser sur place pratiquement tous leurs biens, au profit de l’Inquisition et du pouvoir royal. Des juifs quittant l’Espagne migrent, entre autres, vers le Nord du Portugal.

Bien que le roi du Portugal Manuel 1er eût tout d’abord promulgué une loi assurant leur protection, il décida, à partir de 1496, d’expulser tous les juifs qui refusaient de se soumettre au baptême catholique.

Comme bien d’autres familles, les ascendants de Camille Pissarro se convertissent au catholicisme, tout en continuant à pratiquer leur religion en cachette. En général, toute la lignée – Miranda do Douro, Mogadouro, Vimioso, Carção, Sendim, a connu le mouvement des «nouveaux chrétiens» dépendant du commerce de la laine et d’autres produits de l’époque.

En consultant l’arbre généalogique de Camille Pissarro nous concluons que les origines portugaises de celui-ci remontent à son arrière-grand-père, Jacob Gabriel Pissarro, né en 1734 à Bragança.

Jacob se marie avec Rebecca Rodrigues Alves, née en 1752 à Lisboa. Le couple migre vers la région bordelaise, là où il y a une forte communauté importante de juifs portugais.

Rebecca décède jeune à Bordeaux à peine à l’âge de 31 ans, le 30 mai 1783. Celle-ci enfantera 5 fois. Jacob Gabriel Pissarro décédera quant à lui le 1 mars 1785 à l’âge de 51 ans.

Un des enfants du couple s’appellera Joseph Gabriel Pissarro, né à Bordeaux le 04 décembre 1777, il décédera le 6 février 1858, on le dit, avoir été agriculteur. Joseph s’est marié à Anne Félicité Petit née en 1780. Un des enfants de ce couple s’appellera Abraham Frédéric Gabriel Pissarro, né à Bordeaux en 1802. Celui-ci migre vers l’Île de Saint Thomas, colonie danoise des Antilles, dit-on pour servir d’exécuteur testamentaire d’un oncle. Commerçant en quincaillerie, il s’y marie avec Rachel Manzano-Pomie, née dans l’île en 1796.

Parmi les enfants du couple Abraham et Rachel, naît le peintre Camille Jacob Abraham Pissarro, connu simplement par Camille Pissarro, le 10 juin 1830 dans l’île Saint Thomas. Camille Pissarro, bien que circoncis et dûment enregistré à la synagogue de Saint-Thomas, se déclare, plus tard, proudhonien et athée libre-penseur.

Les deux parents de Camille Pissarro reviendront en France, et décéderont à Paris, le père en 1865 et la mère le 30 mai 1889.

Camille Pissarro se marie à Julie Vellay, née à Grancey-sur-Ource (Côte d’Or) le 2 octobre 1838, fille d’un viticulteur bourguignon. Gouvernante chez les parents de Camille, elle entre en ménage avec lui en 1860 et lui sert d’abord de modèle. Ils se marient civilement à Croydon, en Angleterre, alors que Julie Pissarro portait leur quatrième enfant. Le couple a eu, en tout, huit enfants.

À partir du couple Joseph Gabriel Pissarro et Anne Félicité Petit, la descendance, incluant Camille et son épouse Julie Vellay sont enterrés dans un même caveau, au cimetière du Père Lachaise.

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Revenons sur la ville de Camille Pissarro en tant que peintre.

À l’âge de 12 ans, Pissarro part étudier dans un internat à Paris. De retour dans son pays natal, il a commencé à s’occuper de l’entreprise familiale et pendant son temps libre, il s’est consacré à la peinture.

En 1849, il rencontre le peintre danois Fritz Melbye, qui est chargé de réaliser une étude sur la faune et la flore du Venezuela. Invité par Melbye, il a passé deux ans à voyager lors d’une expédition qui a traversé le pays. Il revient dans la capitale française avec plusieurs croquis en 1852.

Encouragé par le peintre Corot, Pissarro se consacre à la peinture de paysages. Il a étudié à l’Ecole des Beaux-Arts et à l’Académie Suisse. Il se lie d’amitié avec Claude Monet, Guillaumin et Paul Cézanne.

Élève de Jean-Baptiste-Corot, Pissarro est classé au catalogue des expositions du Salon de Paris en 1859, avec son ouvrage «Paysage à Montmorency». En 1863, il participe au Salon des Refusés.

À la recherche de nouveaux paysages, il s’installe à Pontoise, dans la région rurale du nord de la France.

En 1869, Pissarro se change pour Louveciennes, au bord de la Seine. En 1870, pendant la guerre franco-prussienne, il se réfugie à Londres.

De retour en France, Pissarro s’installe à nouveau à Pontoise. Il participe à un groupe d’artistes indéfinis qui ont commencé à produire des peintures finies à l’extérieur. Le résultat? Des toiles plus petites et plus personnelles. Il travaille à cette époque avec Cézanne.

Les peintres de ce nouveau mouvement pour représenter la lumière du soleil sur l’eau utilisent des coups de pinceau rapides et «arrêtés», plutôt que d’être modélisés en douceur. Les couleurs des objets ont été modifiées par l’environnement et des reflets colorés ont été introduits dans les ombres.

En 1874, rejeté par le Salon et en mal de succès commercial, le groupe formé d’une trentaine d’artistes, parmi lesquels Monet, Renoir, Cézanne, Degas, Sisley et Pissarro, organise sa première exposition indépendante. D’autres s’en suivront.

L’enthousiasme de Pissarro l’a amené à être l’un des principaux soutiens de l’exposition organisée dans l’atelier du photographe Nadar. Quelques jours plus tard, le critique Louis Leroy parlait des «impressionnistes» en référence au tableau de Monet – «Impressions, lever de soleil», qui, selon lui, décrivait l’impression d’une scène et non la réalité.

L’expression a fini par donner son nom au mouvement. Camille Pissarro et Degas sont les seuls peintres à participer aux huit expositions que le groupe organisera.

Au moment de la dernière exposition en 1886, le genre avait profondément changé avec l’inclusion d’artistes tels que Paul Gauguin, Georges Seurat et Paul Signac, dont les contributions n’étaient pas toujours admirées par certains artistes plus anciens.

Pissarro a exposé des toiles utilisant la technique «pointilliste» la plus récente, utilisant des couleurs pures appliquées en points si petits qu’ils fusionnaient et formaient un ton intermédiaire lorsqu’ils étaient vus à une distance appropriée. L’utilisation de cette technique a conduit les artistes à être qualifiés de “néo-impressionnistes”.

A partir de 1890, Pissarro abandonne progressivement le «néo-impressionnisme», commençant à mieux capter les sensations de la nature en explorant les effets de la lumière.

Après 1895, une maladie des yeux oblige Pissarro à travailler à l’intérieur. Ses dernières œuvres sont des paysages urbains de Paris et de Rouen, réalisés à partir des lieux habités en ouvrant les fenêtres.

La peinture de Camille Pissarro est définie comme étant un travail en utilisant les techniques les plus diverses, de l’huile, l’aquarelle, la lithographie et la gravure. Ses toiles forment un brillant ensemble de paysages, à la fois ruraux et urbains. Son travail se caractérise par une palette de couleurs douces et la fermeté avec laquelle il parvient à capturer la nature et les effets de lumière et d’ombre, même si les détails de ce qui est représenté ne peuvent pas être vus.

889 œuvres sont répertoriées de Camille Pissarro.

Anarchiste condamné, Camille Pissarro n’était pas religieux formellement mais, de même, il ne dissimulait jamais le judaïsme hérité de ses ancêtres portugais. Au contraire, Pissarro était fier d’être juif. Lors de l’Affaire Dreyfus – le paradigme de l’antisémitisme qui divise la société française à la fin du XIXe siècle – Pissarro, tout en combattant la haine irrationnelle contre les juifs, ressentira la lutte ou l’antisémitisme de quelques deux de ses confrères, voire d’amis, comme Degas et Renoir.

Ami et professeur de Degas, Cézanne et Gauguin, Camille Pissarro était perçu par ses collègues comme un «patriarche», une figure généreuse, aimante et profondément fidèle à ses amis. «Pissarro était comme un père pour moi: c’était l’homme à qui demander conseil, c’était comme le bon Dieu», écrit Cézanne. Celui-ci dira plus tard également et catégoriquement : «Nous descendons tous de Pissarro. Il a eu la chance d’être né aux Antilles, il y a appris à dessiner sans maître. Il m’a tout raconté. En 1865, il coupait du noir, du bitume, de la sienne brute et de l’ocre. C’est un fait. Il n’a jamais peint avec autre chose que les trois couleurs primaires et leurs dérivés, m’a-t-il dit. Oui, il a été le premier impressionniste».

Camille Pissarro meurt à Paris, le 13 novembre 1903.

Plusieurs descendants de Camille Pissarro ont choisi de suivre l’exemple de leur aïeul et de devenir peintres à leur tour. Parmi ses 8 enfants, quatre deviennent peintres, ainsi que 5 petits-enfants et deux arrière-petits-enfants.

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