L’Escampette Éditions : un pont littéraire entre la France et le Portugal

Depuis plus de 35 ans, L’Escampette Éditions trace un chemin singulier dans le paysage éditorial français. Fondée en 1991 à Bordeaux, cette maison indépendante s’est donnée pour mission de faire entendre des voix littéraires exigeantes, venues d’ici et d’ailleurs, loin des logiques commerciales dominantes. Parmi elles, celles du Portugal occupent une place de choix. Une manière de «marquer sa différence et de résister» comme confie Sylviane Sambor au LusoJornal.

Une passerelle entre deux cultures

C’est dès les années 1993-1994, sous l’impulsion de Claude Rouquet et de Sylviane Sambor, que L’Escampette s’ouvre à la poésie portugaise, classique comme contemporaine. Le catalogue s’enrichit alors de noms majeurs de la littérature lusophone, traduits avec exigence par des figures comme Michel Chandeigne et Max de Carvalho, traducteurs et éditeurs. «Ni moi, ni mon compagnon qui a été à la tête de L’Escampette pendant 25 ans, n’avions de lien particulier avec le Portugal. C’est au travers de mes études que je me suis rapprochée de la littérature portugaise», confie Sylviane Sambor. Une rencontre intellectuelle et affective avec sa professeure de lettres, qui s’est vite transformée en engagement éditorial.

Une révélation personnelle et littéraire

«La curiosité m’a emmenée au Portugal en 1987. Ce premier voyage m’a permis de rencontrer des gens, des libraires…», se souvient-elle. «J’ai adoré Porto, cette ville m’a beaucoup intriguée, et c’est ainsi que j’ai décidé de publier Les Saveurs de Porto. C’est ainsi qu’est née L’Escampette Éditions». Ce premier coup de cœur s’est transformé en fidélité durable. «Le Portugal est devenu le pays que je porte en moi», ajoute-t-elle avec émotion.

Cette orientation s’inscrit aussi dans un engagement plus large. Sylviane Sambor est fondatrice du Carrefour des Littératures, un festival bordelais consacré aux littératures étrangères. «J’ai invité beaucoup d’auteurs à l’époque. Tous les poètes et écrivains qui étaient déjà traduits à l’époque, je les ai presque tous accueillis», raconte-t-elle. Le Portugal y trouve rapidement une place de choix, contribuant à renforcer les liens littéraires et culturels entre les deux pays.

Une fidélité à la langue portugaise

Depuis ses débuts, la littérature portugaise est restée un pilier du catalogue de L’Escampette. Des titres comme Les Saveurs de Porto ou La Poésie lyrique de Luis de Camoes témoignent de cette volonté de dialogue entre la langue française et l’univers lusophone. La maison a ainsi accompagné les œuvres d’auteurs portugais et lusodescendants, toujours dans une approche artisanale, soignée et respectueuse des textes originaux.

Plus qu’un éditeur, L’Escampette est un passeur de frontières littéraires. Son choix d’une édition «lente et durable», un livre après l’autre, avec attention et exigence, résonne particulièrement avec les valeurs de transmission, de mémoire et d’altérité chères à la diaspora portugaise en France. C’est une manière de «donner la priorité aux livres qui existent déjà» confie Sylviane Sambor.

Une présence toujours active

Preuve de son engagement toujours vivant, L’Escampette a participé cette année à la 42ᵉ édition du Marché de la Poésie à Paris, sur le stand 707.

«C’était un retour après dix ans d’absence », précise Sylviane Sambor. «C’est une belle vitrine pour la poésie, car quand on aime les livres, on arrive à les vendre».

Un retour remarqué avec une promesse d’un «stand mieux placé l’année prochaine», qui a permis de mettre en lumière le travail exigeant de la maison autour de la poésie lusophone et de faire rayonner, une fois encore, les voix du Portugal en France.