L’Institut Alter Brasilis: Un espace incontournable de la culture brésilienne à Paris

Créé en 2010, situé en plein cœur de Paris, l’Institut Culturel Franco-Brésilien Alter Brasilis est devenu aujourd’hui un espace incontournable de la culture brésilienne. En 2016, cet institut a remporté le Prix du meilleur projet associatif, attribué par l’Association Cap Magellan.

Raoni Vasconcelos, co-fondateur de l’association, nous parle de son parcours individuel, des cours de portugais et des activités culturelles que l’Institut Alter Brasilis propose.

 

Pouvez-vous, pour commencer, nous parler de votre itinéraire personnel?

Je suis arrivé en France en 2008, j’avais 23 ans. Peu de temps avant de venir, je n’avais jamais pensé à franchir ce pas, même si la France est un pays qui habite constamment l’esprit et l’imaginaire de tout Brésilien. Mais, à cette époque, comme mes parents voulaient rendre visite à mon frère qui se trouvait en Italie, ils m’ont proposé de venir avec eux. J’ai accepté et avant de quitter Brasilia, où j’avais fait une Licence en Sociologie, j’ai suivi un cours de français. Ce qui m’a permis d’obtenir un visa d’étudiant, avec un droit séjour plus long. Aussitôt débarqué en Europe, j’ai pris la direction de Paris. Et comme j’avais déjà donné des cours de portugais au Pérou, pendant une année sabbatique, j’ai commencé à donner des cours particuliers ici à Paris aussi. Au début à deux ou trois élèves. Après, j’ai trouvé un poste dans des écoles privées, ce qui m’a apporté plus d’expérience et aussi quelques revenus… Enfin, en 2013, tout en m’occupant de la coordination pédagogique et de la gestion de l’association, j’ai pu obtenir un Master en Didactique du Français, à l’Université de Paris III.

 

Comment est-elle née cette association, quelles sont ses activités, quel est son public?

L’association est née en mars 2010. Ayant déjà une petite expérience dans l’enseignement du portugais en France, j’ai voulu poursuivre cette activité. Par ailleurs, Beata Sitarek, mon épouse, qui avait fait une formation en LEA (Langues Étrangères Appliquées), qui connaissait le Brésil et qui avait travaillé dans le milieu associatif, était aussi motivée par ce projet. Ainsi, constatant le grand intérêt des Français pour la culture brésilienne et pour le Brésil en général, nous avons monté cette association. Il faut rappeler que c’était les années Lula! D’autre part, en-dehors de l’Ambassade, il n’y avait pas à Paris un espace pouvant jouer un rôle culturel et répondre à l’attente des Français.

Nous avons donc commencé par les cours de portugais du Brésil. Pour trouver des élèves (adultes) nous avons ouvert un profil Facebook. Les cours avaient lieu chez nous. Mais, peu à peu, le nombre d’élèves augmentant, ces cours nous ont rapporté un peu d’argent que nous avons investi dans la création d’un site, ce qui nous a donné une plus grande visibilité. Puis, au bout d’un an, nous avons pu obtenir gratuitement une salle dans une auberge de jeunesse, à Paris. En même temps, une professeure est venue se joindre à nous. Après, de 2012 à 2014, nous avons pu louer un tout petit local, Place Saint Michel. Enfin, le déménagement dans les locaux actuels, plus grands et situés dans un quartier central, le Marais, a eu lieu en 2014. Cela a représenté un pas très important pour nous.

Actuellement, nous avons 10 professeurs, tous Brésiliens, et 5 salariés permanents, dont Beata et moi-même. Notre public est assez hétérogène et les motivations pour apprendre le portugais sont diverses: passion pour la langue, voyage au Brésil, couple franco-brésilien avec un enfant brésilien, étudiants qui veulent aller au Brésil dans le cadre d’un échange, etc. Une cinquantaine d’enfants, la plupart d’origine brésilienne, suivent nos cours. Cela leur permet d’apprendre ou de garder un lien avec leur langue d’origine. Ils sont répartis dans de petits groupes de 5 à 11 élèves, ce qui favorise une «approche communicative», avec une prise de parole plus fréquente. Quant aux cours pour adultes, nous avons environ 200 inscrits. Bien entendu, qu’il s’agisse des enfants ou des adultes, plusieurs niveaux leur sont proposés. Les cours sont semestriels, avec une évaluation continue et aussi des examens. Par ailleurs, nous préparons également les candidats qui veulent passer, dans certaines universités françaises, le CELPE-Bras, qui est un certificat de compétence en langue portugaise du Brésil. D’autre part, nous avons un agrément pour donner aussi des cours dans le cadre d’une formation professionnelle.

 

Quelles sont les activités que vous proposez, en plus des cours?

Nous organisons des rencontres littéraires tous les derniers vendredis du mois, en collaboration avec la journaliste Mazé Torquato Chotil. Nous proposons aussi des conférences, en français, car le but est de permettre au public francophone d’y avoir accès. Récemment, à l’occasion du bicentenaire de la «Revolução pernambucana», nous avons eu un cycle sur le Pernambuco, avec projections de films. Par la suite, nous prévoyons un cycle sur la musique afro-brésilienne. Nous organisons également des concerts et des «papo de boteco», sortes de conversations de bistrot, libres et improvisées… Un aspect important de ces activités culturelles est que peu à peu nous arrivons à créer, en plein cœur de Paris, un espace de rencontre entre les Parisiens et les Brésiliens. Par ailleurs, je voudrais le souligner, notre travail s’appuie sur l’idée de «démocratisation culturelle», c’est-à-dire, proposer des cours à des prix abordables, en plus de toutes nos activités culturelles qui sont gratuites (sauf les concerts, où l’entrée est payante afin que nous puissions rémunérer les artistes).

 

Que pensez-vous du regard des Français sur le Brésil d’aujourd’hui?

Ce regard évolue, car nous vivons dans un monde de plus en plus globalisé. Aujourd’hui, si on veut aller au-delà des clichés traditionnels sur le Brésil, on peut le faire facilement, sur internet notamment. Bien sûr que les gros clichés sur le Brésil existent toujours… samba, caipirinha, foot, plages… Mais il y a de plus en plus de gens qui se rendent compte que le Brésil est aussi une puissance économique, même si l’approche culturelle reste celle qui attire le plus les Français. Malheureusement, l’État brésilien n’a pas encore compris tout l’intérêt qu’il aurait à investir davantage en faveur de la culture brésilienne à l’étranger.

 

Institut Alter Brasilis

2 rue de Turenne

75004 Paris

www.alterbrasilis.com