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Maria dos Santos, une ‘Centenaire’ bien alerte: histoire d’une vie

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Le 22 juin 1922 Maria dos Santos naissait à Fatela (Fundão), Beira Baixa.

Passés plus de 100 ans de son existence, elle vit encore chez elle, possède une très bonne mémoire et aime sortir, alors que la vie ne fut pas toujours facile.

Un an et demi après avoir rencontré son futur mari lors d’un bal dans un village à côté du sien, elle se marie à l’âge de 26 ans. De cette union sont nées 5 filles, la première à venir au monde ayant décédé avec 4 mois à peine.

Les 4 filles – Lucilia, Manuela, Carmen et Conceição – ont 11 ans d’écart entre elles et sont actuellement âgées de 60, 61, 65 et 71 ans.

Maria dos Santos, après avoir travaillé chez des riches, notamment dans le ramassage d’olives, a tenu une taverne, avant d’émigrer vers la France.

À la recherche d’une meilleure vie, son mari l’a précédé d’un an dans le départ du Portugal. Parti clandestinement à Noël, la destination de son mari fut la Corrèze, à l’âge de 44 ans, pour travailler en tant que grutier dans une scierie. Malheureusement, 6 mois après son arrivée en France, un tronc de plusieurs tonnes de bois lui tombe dessus, un drame familial, la perte d’un père, d’un mari.

Le patron de son époux contacte Maria dos Santos et la fait venir en France. Celle-ci se rend à Lisboa avec les filles pour les visites médicales et l’autorisation d’émigrer légalement.

Chose faite, le patron aide la famille et prend en charge l’éducation des enfants, qui à l’époque, avaient entre 4 et 15 ans.

Se sentant seule, Maria dos Santos décide d’aller rejoindre sa sœur à Roncq, dans le département du Nord, un an après son arrivée en France.

À Roncq, Maria dos Santos, devient manutentionnaire à l’usine de plastique Silvallac, la maison où la famille viendra habiter est juste à côté de son travail et est louée par l’usine. De noter que dans les années 1970-1980, 80% des ouvriers de cette entreprise étaient des portugais qui travaillaient les «3 fois 8 heures», un changement d’horaire de travail tous les huit jours, l’usine ne s’arrêtant que pour les vacances d’été et à Noël. La grosse majorité des ouvriers venaient de la Beira Baixa, des «mini villages» se sont créés à Roncq, d’immigrés venus de la même localité. Avant la municipalité actuelle 4 Adjoints ou Conseillers d’origine portugaise.

Pas évident de travailler et élever 4 filles toute seule. Très tôt, elles sont obligées de se prendre en charge, de s’entraider et de soulager leur mère dans certaines tâches ménagères.

Les années passant, 3 des 4 filles se marient avec des français, toutes quatre sont déjà retraitées, dont 3 habitant pas loin de leur maman.

Maria dos Santos a vu sa famille s’agrandir avec l’arrivée de neuf petits-enfants et douze arrière-petits-enfants.

Maria dos Santos habite chez elle, dans une maison acquise en 1988… où elle espère continuer et «ici finir», comme elle dit. Ses filles qui prennent des nouvelles quotidiennement, viennent la voir plusieurs fois par semaine, Maria dos Santos parle, par ailleurs, presque tous les jours avec sa voisine.

Jusqu’à il y a de cela un an, elle s’occupait encore de son jardin. Très croyante, tous les dimanches elle allait à la messe, qu’elle ne fréquente plus depuis 2 ans, «les jambes n’aident plus», même si Maria dos Santos se déplace encore très aisément avec son déambulateur.

Très croyante, chaque fois qu’elle allait au Portugal, une visite au Sanctuaire de Fátima s’imposait, elle a par ailleurs été 3 fois à Lourdes et à l’âge de 86 ans, une des filles l’a emmenée à Rome où elle a vu le Pape.

Une vie qui, au départ n’a pas été facile, comme dit Carmen: «On a dû tout savoir faire, même réparer le vélo, étant donné qu’il n’y avait aucun homme dans la famille, ni père, ni frère, on a, jeunes, appris à s’occuper de la maison… les années sont passées et là, pour les 100 ans de notre maman, Monsieur le Maire de Roncq est venu la visiter, il a été étonné de la voir encore chez elle toute seule. Évidemment à l’âge de notre maman, c’est un peu normal d’avoir quelques plaintes, toutefois quand on lui propose de sortir, elle fait encore l’effort de venir, elle dit que cela lui fait passer le temps et voir autre chose. Sortir c’est une des choses qui la maintient encore en bonne forme. Maman est une couche tard, mais une lève tard aussi, parfois c’est sa voisine qui vient la réveiller pour papoter, elles se racontent mutuellement leurs petites misères».

Conceição, la cadette des filles, dit à LusoJornal: «On s’est bien intégré en France, on a des racines au Portugal, on a des racines en France, on a tout de même de la difficulté à s’ancrer quelque part, on se partage toujours entre les deux pays. J’ai par ailleurs deux enfants qui adorent le Portugal, ils essayent de parler le portugais, une partie de leurs racines est aussi au Portugal. Le début de notre vie n’a pas été facile, car sans père, notre maman a dû faire les deux, d’autant plus qu’à l’époque une femme avec 4 filles n’était pas toujours bien vue, toutefois cela a fait que tant notre mère que nous avons dû apprendre beaucoup de choses, de sorte qu’on peut considérer aujourd’hui qu’on a toutes réussi en créant une famille, en ayant chacune notre maison et nos enfants sont, aussi, bien dans la vie. Avoir notre maman encore à la maison, c’est très important pour nous, mais c’est surtout important pour elle. Maman habite ici depuis plusieurs décennies et c’est d’ici qu’elle voudrait partir quand son heure arrivera. Pour l’instant elle adore encore sortir, aller faire les boutiques, aller à la mer, même si maintenant, c’est en fauteuil roulant».

Pour Conceição, «maman reste encore assez indépendante, si le repas de la Mairie ne lui plaît pas, elle se fait sa soupe, cuit des pommes de terre avec de la morue, fait un gâteau, voir bolos de nata».

Le grand plaisir de Maria dos Santos c’est de réunir la famille. C’est chose faite, par exemple, pour ses 90 ans, ils étaient plus de 50 personnes, pour les 100 ans, une grande réunion a eu lieu, un moment de retrouvailles autour de la plus âgée d’entre eux.

Nous sommes arrivés chez Maria dos Santos à 14h45. Deux de ses filles, Carmen et Conceição, nous ont conduit à la cuisine où leur maman mangeait, elle a bon appétit, manger c’est un des plaisirs de sa journée, moment presque aussi sacrée que, le soir venu, prier Notre Dame de Fátima.

Souriante et taquine, Maria dos Santos, est bien l’exemple, le portrait, de cette première génération d’immigrés portugais, une vie avec des difficultés, des obstacles qu’elle a su traverser, grâce, entre autres, à l’union sacrée de toute la famille qui continue à la choyer et avec laquelle le partage reste d’actualité.

 

Voir l’interview ICI.

 

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