«Mémoire Bleue»: Documentaire de Lola Vieira ce jeudi à Paris pour nous interroger sur le mouvement «Convergence 84»


Le film documentaire «Mémoire Bleue» de Lola Vieira, qui retrace l’histoire du mouvement «Convergence 84, pour l’égalité» sera projeté ce jeudi 22 février, à 20h00, à la MJC Les Hauts de Belleville (43 rue du Borrégo, à Paris 20, métro Télégraphe), suivi d’un débat avec la réalisatrice.

Le 13 novembre 1984, une soixantaine de jeunes, pour la plupart issus de l’immigration, partent en mobylette de Brest, Roubaix, Marseille et Strasbourg en direction de Paris. Pendant un mois, ils font halte dans une cinquantaine de villes où sont organisés des débats et des manifestations.

Quarante ans après, de quoi se souviennent-ils, que leur reste-il de «Convergence 84 pour l’égalité»? C’est justement le propos du film de Lola Vieira, fille du réalisateur José Vieira, qui travaille essentiellement sur les questions liées à l’immigration.

.

Depuis les années 1970, les crimes racistes augmentent en France. Ils font suite au choc pétrolier de 1973 et à la réduction de la main d’œuvre dans les usines où travaillent beaucoup de populations maghrébines, mais aussi aux répercussions de la guerre d’Algérie sur le sol français.

Les années 1980 sont encore le théâtre de violences policières qui éclatent dans les quartiers, et aux conflits de voisinages qui se finissent parfois en tirs aux 22 long rifle sur de jeunes maghrébins.

En réponse à cette violence, les jeunes Français entreprennent donc une longue Marche pour l’égalité et contre le racisme qui les mènera à Paris. Inspirés par les méthodes pacifistes de Martin Luther King et de Gandhi, ces «marcheurs» revendiquent leur place, en tant qu’enfants d’immigrés et d’ouvriers, dans la société française. 100.000 personnes les attendent à Paris le 3 décembre, et François Mitterrand accède à l’une de leurs revendications : la Carte de séjour de dix ans.

Baptisée par les médias de façon réductrice et péjorative : «Marche des beurs», cette lutte insuffle l’espoir d’une reconnaissance sociale pour les deuxièmes générations d’immigration, issues de familles du Maghreb mais totalement françaises. Au soir du 3 décembre, certains déclarent que c’est «leur mai 68 à eux».

Malheureusement, les mois qui suivent démentent cet espoir : les violences reprennent, le chômage augmente et les discriminations envers les fils et filles d’immigrés s’amplifient à mesure que les politiques migratoires se durcissent, l’immigration devient une thématique politique instrumentalisée par la Droite et l’Extrême droite. Le Parti Socialiste, renonçant peu à peu à son programme social, opère un «tournant de la rigueur» et s’aligne sur les politiques libérales européennes et mondiales de Thatcher, Reagan et Kohl.

.

Entrée libre et gratuite.

Ouverture des portes à 19h00