LusoJornal | António Borga

Opinion: Conter les votes pour conter l’histoire

[pro_ad_display_adzone id=”41082″]

 

 

Mais qui l’eut crû? Ni même l’imagination la plus scabreuse n’aurait su raconter pareil épisode de notre démocratie qui a pourtant déjà vécu bien des périls. En somme, 48 heures épiques d’un récit que, seul, José Saramago aurait su conter, peuplés de personnages fantasques sortis de son imagination sans bornes. Non, personne n’est sorti d’une fiction mais de la réalité, celle d’un dépouillement ubuesque, bien que préparé au préalable dans la concorde unanime par les partis candidats, sans penser ô combien jamais que leur pacte signé manus signum serait rompu avec fracas par le mauvais perdant annoncé.

Il était une fois, donc, des milliers de bulletins de vote (près de deux-cent mille) mariés à la copie de la Carte d’identité de chaque électeur ou non, c’est selon l’interprétation de la loi. Jetés à l’urne et mélangés sciemment mais malencontreusement. In fine jetés à leur triste sort, celui du mépris de l’annulation.

Attention, dura lex sed lex: un bulletin de vote sans être joint à la copie de la Carte d’identité de l’électeur est nul. Point final. Toute autre interprétation est fallacieuse, qu’elle ait eu lieu en amont, lors du dépouillement ou encore après celui-ci.

Les Bureaux de vote sont souverains mais la présidence du Bureau du recollement général à leur égal et davantage: les urnes ont été «contaminées» de bulletins de votes invalides mariés de force aux bulletins valides sans fondement légal, ce qui amène à une décision radicale inédite, inouïe et dramatique: l’annulation de 80,3% des votes ou bien 157.205. Incroyable mais vrai.

Sortis de la sidération de l’annulation de la quasi-entièreté du corps électoral, chacun accuse le coup. Cependant, même les plus récalcitrants au vote ou à la copie de la carte d’identité avaient décidé d’exprimer leur volonté plus massivement. Le recensement automatique voté en 2018 et le vote par correspondance acté y aidant sérieusement. Qui vote conte? A priori. A fortiori, l’histoire est autre ou reste mal contée.

À la déception de ne pas avoir ester auprès du Tribunal Constitutionnel du côté socialiste (la jurisprudence de 2019 est limpide même si, le fond à juger, en l’espèce est différent cette fois-ci), les petits partis se sacrifient à la tâche rédactionnelle périlleuse de la requête. Au nom d’un principe supérieur, celui de la démocratie, le parti nouveau-né VOLT saisit le Tribunal Constitutionnel. Honneur à ses auteurs, bénévoles et désintéressés d’êtres élus!

Requête déclarée recevable le 11 février. Le jugement des Sages tombe le 15 février au soir: l’annulation de 80,3% des votes a pu clairement altérer le résultat du scrutin. L’ordre résonne à travers toute l’Europe pour informer les électeurs aussi annulés: nouvelle élection convoquée! Un chapitre mal conté d’avance, lequel des constitutionnalistes dignes de ce nom ont parfait les lignes d’une belle conclusion.

Oui, personne ne s’attendait ni même une seconde à ce que le Portugal soit reporté «adiado»! Nous n’aurons pas de nouveau Parlement dans l’immédiat ni la nomination et la prise de fonction du Gouvernement. Reportés! Alors Quid? Les Portugais de l’étranger: un sujet annexe? Peut-être, là-bas. Mais le Portugal n’est pas le Portugal sans nous. D’ailleurs, il ne le sera plus jamais sans nous. Extraordinaire! Inespéré!

Ici, après le soulagement revient le moment de la mobilisation: AUX URNES CITOYENS! Votes à l’urne les 12 et 13 mars 2022. Croix sur le bulletin de vote, fermé dans l’enveloppe verte dédiée, dès réception de l’enveloppe sacrée. Enfin, sans oublier la copie de votre carte d’identité dans la grande enveloppe à renvoyer, dès que possible, avant le 12 mars, de préférence.

Croyez-moi, l’histoire n’est pas encore toute contée. La conclusion nous revient, à nous et rien qu’à nous, électrices et électeurs. Nous allons finir de conter cette belle histoire : celle d’une majorité absolue historique accordée au PS en Europe et lui attribuer ainsi deux sièges, au nom des plus grands progrès. Le Portugal sera fier de nous avoir attendus, après nous avoir contés, respectueusement et patiemment. Puis, à notre tour, nous saurons leur conter ce qu’ils ignorent de nous depuis que nous nous sommes séparés, il y a plus d’un demi-siècle.

Rendez-vous le 25 mars prochain car nous allons ENFIN nous rencontrer pour finir d’écrire l’histoire ensemble. Eis uma nova madrugada, a de 25 de março de 2022, até Abril chegar. Abril, Sempre!

 

Nathalie de Oliveira

Candidata socialista às eleições legislativas pelo círculo da Europa

 

[pro_ad_display_adzone id=”46664″]