LusoJornal | António Marrucho

Opinion : Trop de touristes au Portugal?

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Comme moi, vous avez été probablement nombreux à recevoir l’information sur votre portable que l’Europ’s Leading City Break Destination 2023, lors des prestigieux Wold Awads, a désigné Porto comme étant, la meilleure ville d’Europe pour passer un week-end et ce pour diverses raisons. Citons : la visite au quartier patrimoine mondial de l’Unesco de la Ribeira, la Librairie Lello, la dégustation du Porto, l’église de São Francisco, le Pont D. Luis, la gastronomie, entre autres.

Ce n’est pas la première fois que Porto est primée. Le Financial Times a conseillé à plusieurs reprises la ville de Porto comme étant celle où il fallait investir en Europe et la ville, par excellence, à visiter.

On est toutefois en droit de se poser la question : y a-t-il trop de touristes au Portugal, notamment à Porto ?

Il n’est pas question, comme dit un bon dicton français, de « cracher dans la soupe ».

Le tourisme est nécessaire, la beauté du pays est indéniable, le portugais et le Portugal est accueillant, des politiques de promotion et d’incitation ont été mises en place, les infrastructures existent, le développement du airbnb, le post-covid et le besoin de voyager, les bas prix des billets d’avion, le développement des courts séjours, la venue de jeunes gens qui y viennent faire la fête, enterrer la vie de garçon ou de jeune fille… Bien d’autres raisons expliquent l’afflux de touristes au jardin occidental de l’Europe, planté au bord de la mer, le Portugal.

Des milliards d’euros rentrent au Portugal grâce au tourisme.

Comme toute chose positive, souvent il y a un ‘hic’ ou des aspects qui, tout au moins pour la population du Portugal, sont moins bien perçus et vécus, engendrant de la frustration et difficultés dans la vie courante et familiale.

De notre récent séjour au Portugal, nous avons retiré l’expérience, grâce aux contacts avec des amis portugais ou des personnes vivant au Portugal. Leurs conversations ont été riches d’enseignements.

Nous avons séjourné et visité dans le nord du Portugal : Porto et environs, Guimarães, Vila Real, Amarante, Lamego, la Vallée du Douro…

On était à la fin septembre, le temps était parfait, pas trop chaud, idéal pour se balader et visiter.

Premier constat à Porto : même si nous étions loin du centre, le nombre d’immeubles avec la plaque AL, « Alojamento local », dans la rue où nous logions, était impressionnant. Nous nous apercevrons que, ce n’était pas une exception. Arrivés dans le centre de Porto, la circulation était impressionnante. Impressionnante, parce qu’en plus, d’énormes travaux sont en cours en bas de l’Avenida dos Aliados, la création de gares pour la nouvelle ligne « rosa » du métro, rendent la circulation dans toute l’agglomération, bien difficile. Ça klaxonne de partout ! Pour quoi faire, puisque ceux d’en face, de droite, de gauche, klaxonnent aussi ?

Que de touristes ! Aux abords de la gare São Bento, dans les rues qui descendent vers le fleuve… on fait la queue pour visiter les monuments, parfois même pour les restaurants…

Dans les rues, ça parle un peu toutes les langues, à l’exception du portugais. Il y a de la musique partout, le bruit de l’hélicoptère qui fait visiter le fleuve Douro et ses abords aux touristes les plus fortunés, est présent pendant toute la journée.

En tant que tourisme, nous aussi contributions à cette espèce de vacarme, toutefois nous nous sommes sentis agressés par la pollution sonore.

Autre constat : le portugais lambda ne peut plus manger au restaurant ou très rarement, le prix pour un repas a bien augmenté, même si pas à 100%, le tourisme y est, aussi, pour quelque chose.

Le Gouvernement, conscient, est en train d’annuler certains privilèges au nouveaux retraités arrivant. Plus l’avantage de 10 ans sans payer 0% impôts. Il faut, toutefois avouer, que cela reste tout de même très intéressant, malgré cette mesure. Est-ce pour faire taire le portugais qui se dit : qu’est-ce que je retire du fait qu’on favorise un ‘riche’ qui, en plus vient d’ailleurs, et moi qui doit payer les impôts plein pot?

Et que dire, du prix du logement, autant à l’achat qu’à la location, à quoi vient s’ajouter la monté des taux de crédits ?

Il y a une certaine discrétion dans la souffrance, toutefois cette souffrance se manifeste dans les journaux, les télévisions et jusqu’à dans la rue.

Lors de notre visite, des affiches étaient placardées partout. Elles disaient : « Casas para viver. Nem gente sem casa, nem casa sem gente. Cidades para habitar, não para lucrar ». Ce qu’on pourrait traduire par : « Des maisons pour vivre… ni personne sans maison, ni maison sans personne, des villes pour habiter et pas pour en tirer du profit ». L’affiche appelait à manifester le 30 septembre, Praça do Comércio, à Porto, à 15h00.

Ce type de manifestation s’est produite un peu partout au Portugal dans les grandes villes, le 30 septembre dernier.

Le Gouvernement portugais vient de promulguer une loi sur l’habitation, que le Président de la République portugais, a failli ne pas signer.

Le coût de la vie augmente au Portugal, comme un peu partout. Même si le Gouvernement a accordé, après négociations avec les partenaires sociaux, une augmentation de 7,3% du salaire minimum, le faisant passer en 2024 de 760 à 820 euros. Les loyers, à titre d’exemple, eux aussi vont augmenter de 6,9%, pas de quoi résoudre les difficultés des Portugais.

Il n’y a pas si longtemps que ça, on construisait en masse, parfois au détriment de tout. Un des exemples était l’Algarve. Nombreux ont été les Portugais de France à acheter à des promoteurs des appartements en Algarve, source que de problèmes et qu’ils vont vendre avec d’énormes pertes.

Le tourisme aussi, a ses crises, provoquées parfois par des abus. Le Portugal doit tenir cela en compte et surveiller certains abus, car sinon, le tourisme au Portugal, après avoir mangé le « pain blanc », pourrait venir à devoir manger son « pain noir ».

Bien des villes ont créée des collectifs contre le tourisme de masse, à l’exemple de Barcelone. Au Portugal, ce phénomène monte.

Qu’il est bien difficile de tout concilier au même temps: le tourisme de masse et la population.

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