Pedro Guedes de Oliveira: «il faut absolument faire quelque chose» pour sauver l’Education nationale française

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Lecteur de l’Institut Camões à l’Université Jean-Monnet de Saint-Etienne et enseignant à l’Université Jean Moulin de Lyon 3, Pedro Guedes de Oliveira porte un regard critique sur l’affaiblissement de l’éducation française.

Vivant à Saint-Etienne, Pedro Guedes de Oliveira est spécialisé dans la linguistique et il a auparavant enseigné à l’Institut Polytechnique de Bragança.

Interrogé par LusoJornal, il a bien voulu partager son expérience personnelle et son opinion sur la France.

«Je suis né et j’ai vécu presque toute ma vie à Lisboa, bien que ce soit une ville incroyable, j’ai remarqué qu’elle devient de moins en moins portugaise, et c’est pour ça que j’ai décidé de déménager à Vila Real, à Trás-os-Montes, pendant 5 ans avant de venir en France».

Les premiers temps en France ont été compliqués pour lui à cause du confinement et du manque de notions de la langue française. «Je suis arrivé en France en août 2020 pour être enseignant de portugais à l’Université Jean-Monnet, en accord bilatéral avec l’Institut Camões, l’institut qui a pour but de promouvoir la langue et culture portugaises. J’avais pourtant vu quelques bases de français pendant mon parcours universitaire, mais ce n’était pas suffisant…» explique-t-il au LusoJornal. «Pendant le confinement vu qu’on ne pouvait pas sortir, je ne pouvais pas pratiquer la langue… Donc je lisais les journaux, j’écoutais de la musique pour tenter de m’enrichir et je vous promets que pour maitriser une langue, il faut la pratiquer tout le temps! On peut se débrouiller à l’écrit, mais parler reste difficile et primordial étant donné que j’avais au début des soucis de compréhension aux finances publiques, à la sécurité sociale…».

«Je travaille à Saint-Etienne en tant que professeur de portugais, et aussi à Lyon en tant que professeur de linguistique, ce qui me correspond plus. J’aime beaucoup mon métier, de voir mes anciens étudiants me dire merci c’est quelque chose de merveilleux. Cependant être enseignant c’est beaucoup de travail… Cette année a été difficile car une de nos collègues a quitté l’équipe portugaise de l’université. J’avais une trentaine d’heures de travail pédagogique en plus des cours à préparer, et je ne vous parle pas des activités culturelles à organiser… Mais ne vous en faites pas, je m’occupe en allant voir des amis».

D’après Pedro Guedes de Oliveira, l’éducation française est défaillante et «il faut absolument faire quelque chose».

En France, seule la moyenne générale compte, contrairement au Portugal où les élèves doivent avoir la moyenne dans chaque matière. «Je pense que le problème ne vient pas de l’Université, ni des étudiants, mais il vient du système! Que le système permette d’avoir des enseignants qui se fichent de savoir si les étudiants ont compris ou non. Moi, je pense que, si un élève a des mauvaises notes, on doit comprendre pourquoi».

Selon l’enseignant, il y a une «libéralisation de l’éducation» et «il n’y a plus de sérieux» dans l’éducation en général. «Au Portugal, j’avais des réunions sur pourquoi tel étudiant avait eu une mauvaise note dans mon cours, et on essayait de comprendre pourquoi, nous sommes là pour ça, pour aider! Et cela ne concernait qu’un seul étudiant. Vous imaginez convoquer des centaines d’étudiants pour plusieurs matières différentes? Le problème est que les français n’aiment pas le système, mais ils ne veulent pas qu’il change non plus! Ils voient ça comme de l’hostilité… Changer quelque chose en France c’est compliqué».

Pour Pedro Guedes de Oliveira «les gens d’aujourd’hui manquent de sérieux, quand nous postulons pour faire un métier, c’est pour le faire du début jusqu’à la fin! Les Français ne se rendent plus compte de la grandeur de leur pays. Je pense qu’au Portugal, il y a ce sens de ‘je veux faire ça’, mais ici, quand je demande aux étudiants ce qu‘ils veulent faire plus tard, ils ne savent pas. Il faut faire quelque chose qui plait, sinon la vie devient un enfer»!

Pedro Guedes de Oliveira a déclaré qu’il pense rester en France, il est tombé amoureux de Saint-Etienne qui, pour lui, serait l’endroit idéal pour vivre. Il trouve qu’il y a trop de monde dans les autres grandes villes… Mais il pense tout de même que «les gens en France sont trop individualistes».

«Je ne connais toujours pas mes voisins après 3 ans…» explique-t-il.

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