Pourquoi les troupes portugaises du Corps Expéditionnaire Portugais ont débarqué à Brest ?


Pourquoi les troupes portugaises débarquent à Brest au lieu de Cherbourg, le Havre, Calais, Dunkerque ou Boulogne-sur-Mer, bien loin du front, avec la nécessité de plusieurs jours de train jusqu’à Aire-sur-La-Lys et plusieurs jours de marche avant de rejoindre le front ?

La réponse est, semble-t-il, de plusieurs ordres : sécurité, organisation de la marine française, conditions de profondeur du port, équipements annexes terrestres à Brest…

Le Vice-Amiral Pierre Alexis Ronarc’h, est promu commandant de la zone Atlantique nord par le Général Foch, en mars 1916. Il réorganise les forces navales françaises pour lutter contre les raids des U-Boote allemands dans la Manche et l’Atlantique. En mai, il redéplie la flotte sous-marine en escadrilles de chasse.

La péninsule armoricaine devient, par la même occasion d’une certaine manière, une des portes d’entrée du monde. Là vont arriver les troupes russes, britanniques, américaines et portugaises.

On parle peu de l’action de la marine pendant la I Guerre mondiale et pourtant, son action fut primordiale. Les U-Boots, les sous-marins allemands, étaient très dangereux. Pour s’en défendre, les britanniques déploient des cuirassées, la France, même si moins équipée, les déploie aussi, notamment : une escadre de quinze unités basée à Cherbourg et une seconde de huit unités à Calais, une façon de rendre les autres ports plus au sud-ouest, tel que Brest, plus en sécurité.

Brest se voit, par ailleurs, dès 1916 attribuer quatre sous-marins, six dragueurs de mines, deux arraisonneurs, trois bateaux de police de la navigation, dix torpilleurs, deux vedettes, quatre chasseurs, douze hydravions, deux ballons dirigeables et huit ballons captifs.

Le 3 janvier 1917, une convention est signée avec l’Angleterre pour le transport de troupes vers la France, qui devra se faire par voie maritime et aux frais de l’Angleterre.

Fin janvier 1917, au bord du Tage, étaient embarqués les premiers soldats portugais. Début février commencent à arriver à Brest les premières troupes lusitaniennes.

Le transport des soldats du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) vers la France a été l’une des grandes difficultés. Le transport n’était viable que par voie maritime, car par voie terrestre il mettait en cause la neutralité espagnole. Comme le Portugal ne disposait pas de moyens de transport navals suffisants, il a été demandé à l’Angleterre de mettre à la disposition certains de ses navires de transport: ‘Bellerophon’ (A), ‘City of Banares’ (B), ‘Inventor’ (C), ‘Bohemian’ (D), ‘Rhesus’ (E), ‘Flavia’ (F) et ‘Lasmedon’ (G), qui, avec ‘Pedro Nunes’ et ‘Gil Eanes’, ont dirigé les forces du Corps Expéditionnaire Portugais vers la France, au port de Brest.

Pour escorter les dix-sept convois formés pour transporter des troupes, le Gouvernement britannique a mis à disposition 14 destroyers qui ont effectué 98 voyages répartis comme suit : “HMS Owl (4), “HMS Midge” (8), “HMS Garland” (3), “HMS Oxford” (10), “HMS Acasta” (1), “HMS Tigress” (14), “HMS Hydra” (6), “HMS Racoon” (12), “HMS Jackal” (7), “HMS Mosquito” (9), “HMS Scourge” (13), “HMS Grasshopper” (5) et “HMS Grohawk” (4). La Marine portugaise a mis à disposition les destroyers “NRP Douro” et “NRP Guadiana”.

Les voyages de 3 jours entre Lisboa et Brest se déroulent pendant une année, jusqu’en février 1918, de plus en plus de soldats portugais s’embarquèrent pour le front de guerre, totalisant, selon certaines sources plus de 58.000 soldats.

En mars 1917 ils étaient 6.610 ; en avril 1917, 8.269 ; en mai 1917, 8.076 ; en juillet 1917, 7.196 ; en août 1917, 7.590 ; en septembre 1917, 2.620 ; en octobre 1917, 2.048 ; en novembre 1917, 792 ; en janvier 1918, 526 ; et en février 1918, 1.836.

Ont été transportés, par ailleurs, 7.783 solipèdes, 1.501 véhicules et 312 camions.

Les navires fournis, par l’Angleterre, n’étaient pas adaptés, car ils avaient été conçus pour effectuer des voyages de trois heures, ce qui correspond à la durée de la liaison entre l’Angleterre et la France, alors que le voyage qu’ils allaient effectuer entre Lisboa et Brest prenait trois jours. Par conséquent, ces bateaux n’étaient pas du tout préparés pour que les soldats puissent y dormir ou préparer des repas.

La première vague de combattants du CEP, débarquée tout au long du mois de février, totalisait environ 12.500 soldats, transportés sur 9 navires (2 portugais, Pedro Nunes et Gil Eanes et 7 anglais, Bellérophon, Ville de Banares, Inventeur, Bohémienne, Rhésus, Flavia et Lasmedon), arrivés aux dates suivantes à Brest : le 2 février, 4 navires ; le 19 février, 2 navires ; le 20 février, 1 navire ; le 21 février, 2 navires ; le 25 février, 3 navires ; et le 26 février, 1 navire.

Le 17 février 1917, le commandement suprême britannique a autorisé le corps expéditionnaire portugais à établir une base de débarquement à Brest exclusivement pour les troupes portugaises et desservies par du personnel portugais. Une fois la question interne de nomination et de dotation résolue, le Commandement des services de la base a été confié au Major de cavalerie Barão de Cadóro. La Base de Débarquement de Brest était également connue sous le nom de «Port de Débarquement» (P.D.)

Des groupes de prisonniers allemands travaillaient sous la surveillance de sentinelles à baïonnette fixée dans différentes zones et dans différentes parties de l’immense quai brestois, des aménagements en vue de recevoir des troupes étrangères.

Le voyage de Lisboa à Brest était fait sous le danger constant des mines et des attaques sous-marines.

Des convois de transport de troupes ont été organisés à Lisboa par la Troop Transport Supply Commission, dépendant du Ministère de la Guerre, selon les autorités navales britanniques. Neuf trains sont organisés de janvier à mai 1917 et de juillet à octobre 1917, huit trains supplémentaires, pour un total de dix-sept trains pour transporter le CEP vers la France.

L’accord du 3 janvier entre le Portugal et l’Angleterre n’a pas été respecté. Entre février et septembre 1917, le transport des contingents du CEP fut réparti entre navires anglais et navires portugais et d’octobre 1917 à février 1918 uniquement par des navires portugais. De Brest à la zone de combats (Aire-sur-la-Lys), le transport s’effectuait par chemin de fer.

Le paquebot britannique “Lusitania” parti de New York, sombrait, après avoir été torpillé par un sous-marin allemand, le 7 mai 1915. En pleine Grande Guerre, ce naufrage indigna les États-Unis. Les Américains découvrent horrifiés le naufrage de ce navire britannique qui avait quitté six jours plus tôt New York en direction de Liverpool, avec 2.165 passagers à son bord. Le paquebot Lusitania coulé par un sous-marin allemand. Deux fois torpillé au large des côtes irlandaises, Lusitania coule en 18 minutes. Au total ce sont près de 1.200 personnes qui vont perdre la vie, dont 128 Américains. Le millionnaire Alfred Vanderbilt, l’un des hommes les plus riches du monde, le collectionneur d’art Hugh Lane ou encore le Directeur de théâtre Charles Frohman font partie des victimes

Les États-Unis entrent en guerre contre l’Allemagne.

Le 6 avril 1917 les Américains décident de se servir du port de Brest pour le débarquement de leurs troupes au moment d’entrer en guerre, d’autant plus qu’ils estiment que Brest est le point de France le plus proche des Etats Unis. Trois mois plus tard, une délégation américaine débarque à Brest pour étudier les modalités de transport des troupes américaines vers l’Europe.

“L’Armée de terre souhaite faire débarquer les troupes à Saint-Nazaire, mais la Marine préfère Brest : c’est le port le plus proche des États-Unis et le seul qui soit assez profond pour accueillir de gros navires”, explique l’historien brestois Alain Boulaire. Le Commandement de la Marine américaine pour toute l’Europe s’installe donc à Brest, place du Champ-de-Bataille (aujourd’hui square Wilson), et organise l’arrivée des centaines de milliers de “Sammies”.

Le port de débarquement de Brest a bien fonctionné pour les Portugais jusqu’à l’arrivée des troupes américaines. En raison des milliers d’hommes et de dollars utilisés pour aider la France, les Portugais commencent à avoir des difficultés à utiliser le port au détriment des facilités successives accordées ou exigées par les Américains.

Le 14 février 1918, une distribution de médailles aux officiers, soldats et civils a lieu à Brest, sur la promenade du cours Dayot, à côté du port de commerce, par l’Amiral gouverneur de la place de Brest, M. Moreau. La revue des troupes a été réalisée par l’Amiral Moreau en présence de Généraux et Amiraux de diverses nationalités et par les Commandants des bases étrangères du port de Brest, dont le Commandant de la base portugaise, le Major de cavalaria Barão de Cadóro. Le contingent de la Marine portugaise était composé d’officiers et de marins du destroyer “NRP Guadiana” et du croiseur auxiliaire “NRP Gil Eanes”, sous le commandement de l’Aspirant Xavier.

En mars 1918, l’utilisation du port de Brest est si étendue par les Américains qu’il n’est plus possible d’avoir une idée exacte de ce qu’est la base de débarquement portugaise.

Les Américains, au vu de leur grand nombre et de leur écoute, viennent compliquer la situation des troupes portugaises, qui vont s’aggraver encore plus, entre avril et août 1918, compte tenu des problèmes que rencontre le Commandement du CEP depuis la Bataille de La Lys.

Avec la nomination du nouveau Commandant du CEP en juillet 1918, le Général Garcia Rosado, on engage des négociations pour le transfert du P.D. de Brest à Morlaix, à 60 km au nord-ouest, laissant Brest aux Américains. Cette proposition visait également à transférer les entrepôts et ateliers de matériel de guerre, d’uniformes et de bagages et à concentrer les entrepôts de personnel à rapatrier dispersés à Calais, au Havre et à Cherbourg.

Après la fin de la guerre, même si quelques soldats sont rapatriés par Brest, c’est essentiellement à partir de Cherbourg que les bateaux vont faire le rapatriement.

Le retour des troupes portugaises dura plusieurs mois après la fin des combats et pour de nombreux prisonniers, ce retour n’eut lieu que deux ans plus tard. Le 9 décembre 1918, le premier contingent de prisonniers militaires du corps expéditionnaire portugais rapatrié quitte le port de Cherbourg. Entre avril et juin 1919, une bonne partie du contingent du CEP, selon certaines sources, de plus de 55.000 hommes, dont près de 7.000 prisonniers. C’est également à partir de Cherbourg qu’on rapatrie le reste du matériel et chevaux.

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Transportes disponíveis para a Europa

Rota Lisboa-Brest

Chegadas

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Fevereiro de 1917

Navios portugueses (2) (Pedro Nunes e Gil Eanes)

Navios ingleses (7) (Bellerophon (A), City of Banares (B), Inventor (C), Bohemian (D), Rhesus (E), Flavia (F) e Lasmedon (G))

– 4 navios em 02 de fevereiro

– 2 navios em 19 de fevereiro

– 1 navio em 20 de fevereiro

– 2 navios em 21 de fevereiro

– 3 navios em 25 de fevereiro

– 1 navio em 26 de fevereiro

Militares transportados: 12.420

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Março de 1917

Navio português (Pedro Nunes)

Navios ingleses (7) (Bellerophon (A), City of Banares (B), Inventor (C), Bohemian (D), Rhesus (E), Flavia (F) e Lasmedon (G))

– 3 navios em 19 de março

– 1 navio em 21 de março

– 1 navio em 26 de março

– 3 navios em 27 de março

Militares transportados: 6.610

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Abril de 1917

Navio português (Pedro Nunes)

Navios ingleses (7) (Bellerophon (A), City of Banares (B), Inventor (C), Bohemian (D), Rhesus (E), Flavia (F) e Lasmedon (G))

Nota: existe a indicação de um outro navio a 21 de abril de 1917, o “Glosgon”, que transportou o BSCF e tropa de infantaria no comboio de 4 navios que chegaram a Brest a 25 de abril

– 4 navios em 18 de abril

– 4 navios em 25 de abril

Militares transportados: 8.269

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Maio de 1917

Navios portugueses (2) (Pedro Nunes e Gil Eanes)

Navios ingleses (2) (Bellerophon (A) e Inventor (C))

– 3 navios em 19 de maio

– 4 navios em 30 de maio

Militares transportados: 8.076

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Junho de 1917

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Julho de 1917

Navios portugueses (2) (Pedro Nunes e Gil Eanes)

Navios ingleses (2) (Bellerophon (A) e Inventor (C))

– 1 navio em 15 de julho

– 2 navios em 17 de julho

– 1 navio em 20 de julho

– 2 navios em 28 de julho

Militares transportados: 7.196

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Agosto de 1917

Navios portugueses (2) (Pedro Nunes e Gil Eanes, 1 viagem cada um)

Navios ingleses (2) (Bellerophon (A) e Inventor (C), 2 viagens cada um)

– 2 navios em 11 de agosto

– 2 navios em 24 de agosto

– 2 navios em 30 de agosto

Militares transportados: 7.590

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Setembro de 1917

Navios ingleses (2) (Bellerophon (A) e Inventor (C), 1 viagem cada um)

– 1 navio em 14 de setembro

– 1 navio em 29 de setembro

Militares transportados: 2.620

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Outubro de 1917

Navio português (Pedro Nunes)

Navio inglês (Bellerophon)

– 1 navio em 10 de outubro

– 1 navio em 28 de outubro

Militares transportados: 2.084

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Novembro de 1917

Navio português (Pedro Nunes)

– 1 navio em 17 de novembro

Militares transportados: 792

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Janeiro de 1918

Navio francês (Rome) (tropas CAPI)

– 1 navio em 15 de janeiro

Militares transportados: 526

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Fevereiro de 1918

Navios portugueses (Pedro Nunes e Gil Eanes)

– 4 viagens sem escolta

Militares transportados: 1.836

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Total: 58.019