«Todo mundo» d’Antoinette Trio & Teófilo Chantre: un regard porté vers l’autre

Deux concerts marqueront la sortie du disque «Todo Mundo»: le premier aura lieu le 6 novembre, au Centre de Loisirs de Varilhes (09) et le deuxième le 8 novembre, au Théâtre des Trois Ponts, à Castelnaudary (11), en association avec Arts Vivants 11.

Le disque «Todo Mundo» est né de la rencontre du groupe Antoinette Trio et de Teófilo Chantre, et il est produit par la Compagnie 3×2+1, avec l’aide de l’Estive – Scène Nationale de Foix et de l’Ariège.

Il réunit quatre artistes venus d’horizons différents, créant un métissage musical poétique autour du concept de Créolisation, cher au poète martiniquais Edouard Glissant et à travers lequel celui-ci prône le métissage des imaginaires, des langues et des cultures.

Pour Edouard Glissant, le «Tout-Monde» se veut aussi comme une alternative humaine et artistique à la mondialisation économiste. «La créolisation est une aventure artistique porteuse de diversité, d’inattendu, d’échange et de créativité», peut-on lire également dans la page d’accueil du site de la Compagnie 3×2+1, créée en 2016.

Le groupe Antoinette Trio, par la diversité des origines de ses musiciens, explore de l’intérieur ce concept de Créolisation, en empruntant à chaque genre et en faisant de ce mélange une véritable identité. Le groupe est constitué de Julie Audouin, flûtiste classique, d’Arnaud Rouanet, jazzman clarinettiste tendance improvisation et de Tony Leite, guitariste, nourri notamment des musiques populaires lusophones.

Quant à Teófilo Chantre, bercé par les mornas et les coladeiras des grands compositeurs tels que B. Leza ou Bana, arrivé en France il y a 40 ans, la notion de Créolisation propre à Édouard Glissant ne lui est pas étrangère, évidemment. Il s’affirme aujourd’hui comme un des plus talentueux auteurs-compositeurs et chanteurs de la musique capverdienne en France et à travers le monde.

Le répertoire de «Todo Mundo» s’appuie essentiellement sur les musiques de l’espace lusophone. Parmi les chansons interprétées par Teófilo Chantre, en français, en créole ou en portugais, on trouvera des créations originales et aussi des reprises, avec des arrangements du pianiste Denis Badault. Les textes de Teófilo Chantre évoquent tantôt son enfance au Cap-Vert, tantôt l’exil, tantôt l’amour, mais aussi des thèmes politico-philosophiques, comme dans «Mon ongle», où il dénonce un monde dans lequel on veut nous imposer un ordre nouveau («Je tangue, chaloupe et balade / au rythme de ce monde instable / et je ne vois que le bout de mon ongle»).

Dans le contexte actuel où replis identitaires et rejets du migrant reprennent le devant de la scène médiatique, la parole d’Édouard Glissant devient plus que jamais urgente. Et à propos d’immigration, lors d’un entretien récent publié ici-même, Teófilo Chantre lançait cet appel: «Nous devons sortir de cette peur de l’étranger et créer les conditions pour que les gens se sentent bien et soient respectés comme des citoyens à part entière. Il faut apprendre à vivre ensemble et avoir un regard toujours tourné vers l’Autre».

Un concert «Todo Mundo» aura lieu également à Bordeaux, le 22 novembre, au Glob Théâtre.