Un duo Tânia Raquel Caetano et Filipe de Sousa pour clore la saison de fado

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Comme chaque année, le fado en France cesse ses activités à la mi-juillet jusqu’au début de septembre. Lors des années précédentes, il n’était pas rare que quelques «stars» venues du Portugal soient conviées à des festivals, nombreux en période estivale sur tout le territoire. Ce ne sera pas le cas cette année, à l’exception de la venue d’António Zambujo au Festival international de guitare de Puy l’Evêque, village médiéval du Lot.

Une bonne raison pour ne pas manquer, le 11 juin, le concert donné par deux artistes majeurs de la scène fadiste en France : la chanteuse Tânia Raquel Caetano et le guitariste Filipe de Sousa. Autre raison ? Un lieu inédit pour le fado, le Théâtre Shakespeare, rien que ça. Théâtre de verdure, en plein air donc, niché au cœur du bois de Boulogne, tout près d’un réputé restaurant étoilé et des installations grand chic du vénérable Racing Club de France, Petit théâtre associatif, animé par une sympathique équipe, qui ajoute cette année à sa programmation théâtrale un concert musical hebdomadaire. Raison supplémentaire : ces concerts sont dédiés à des duos, et, c’est bien connu, la formation fadiste de base, c’est un trio : deux guitares et une voix. Comment donc allaient s’en tirer Tânia et Filipe ? Haut la main.

Arrivé dans le monde fadiste parisien avec le siècle, il s’est imposé comme un maestro de la guitare portugaise. Mais avant, le tout jeune Filipe de Sousa avait acquis une solide formation à la guitare classique, la viola. Il n’en a rien perdu et, duo aidant, il reprit la viola pour accompagner Tânia dans toute une première partie du concert (et un peu à la fin) en assurant, en belle et bonne viola do fado, le soubassement rythmique des chansons tout en se permettant quelques enjolivures rappelant la guitare portugaise, sur des fados traditionnels (triplicado, menor do Porto, Pedro Rodrigues) ou très connus du répertoire, comme le Fado português immortalisé par Amália, ou ‘Eu já não sei’, créé en 1955 par un fadiste connu à l’époque (Manuel Fernandes, et quasi oublié depuis) et repris curieusement par de nombreux artistes de la nouvelle génération.

Dans le répertoire du concert, Tânia Caetano inclut deux bijoux de la musique brésilienne, qui illustrent une saudade toute fadiste : ‘As rosas não falam’, du grand compositeur Cartola, et ‘Cadeira vazia’, de Lucipinio Rodrigues, autre grand nom. Ce second titre donna l’occasion à Tânia Raquel Caetano de rendre un discret hommage à la diva brésilienne Elza Soares, récemment disparue, formidable chanteuse et infatigable militante antiraciste : une interprétation toute en délicatesse à la fois personnelle et inspirée par l’esprit d’Elza.

De soirées en concerts, Tânia Raquel Caetano s’affirme chaque fois davantage comme l’étoile montante du fado en France et, qui sait, peut-être pas seulement en France.

Nous eûmes droit à une superbe guitarrada (en solo, bien sûr) et un titre de musique expérimentale, ‘Guitarra desarticulada’ composée et jouée par Filipe de Sousa, combinant sa guitare portugaise avec des sons électroniques : surprenant et captivant.

C’est à regret que nous quittâmes ces deux artistes, les arbres bruissant doucement qui entouraient la scène, alors que le concert, commencé dans la lumière du soleil couchant se terminait la nuit tombée. Moment de paix et de poésie, bienvenu en ces temps difficiles.

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