Un livre par semaine: «Agora vai ser assim», de Leonardo Tonus

C’est en mars dernier, lors de la 5ème édition du Printemps Littéraire Brésilien, dont il est le créateur, que Leonardo Tonus, Maître de conférences et responsable du Département d’Études Lusophones à l’Université de la Sorbonne Paris IV, lançait «Agora vai ser assim» (Désormais il en sera ainsi), un recueil de poèmes publié par les éditions Nós. À cette occasion, nous publiions ici-même un entretien que nous avions eu avec lui sur son parcours personnel et professionnel.

Paru quelques jours après l’assassinat de Marielle Franco, militante et conseillère municipale à Rio de Janeiro, ce recueil résonnait comme un cri de révolte. «Cri» est d’ailleurs le mot qui résume le mieux ce livre. «Un cri, selon Leonardo Tonus, qui a été étouffé pendant de longues années, non seulement par rapport à la situation au Brésil, mais aussi par rapport à la situation des migrants et des réfugiés dans le monde».

Né à São Paulo, dans un quartier de la classe moyenne, Leonardo Tonus est issu d’une famille d’immigrés portugais et italiens. «Agora vai ser assim» se présente tantôt comme une radioscopie de l’auteur par lui-même, tantôt comme un dialogue avec la littérature et les écrivains qu’il apprécie et qui en quelque sorte l’ont aussi formé. Si dans de nombreux poèmes il évoque son milieu familial, son quartier ou ses souvenirs d’enfance, dans d’autres poèmes il parle de son «errance» et se définit aussi comme un migrant ou un clandestin, «se sentant de là-bas et de partout à la fois», titulaire d’une identité multiple et traversé par plusieurs aires culturelles. Et «Agora vai ser assim» traduit bien son impossibilité de se fixer quelque part dans le monde.

À propos de la structure de ses poèmes, où il casse les mots, les syntagmes et les phrases, dans une volonté délibérée de déranger le lecteur, de le placer dans une zone d’inconfort, pour qu’il soit aussi indigné, comme dans le poème «Prefixo», ou bien dans le fait d’inverser la couverture et la 4ème de couverture du livre, Leonardo Tonus reconnaît que cela fait partie de son rapport avec la littérature et l’écriture.