Un livre par semaine: «Nous avons tué le Chien Teigneux», de Luís Bernardo Honwana

Pour cette dernière note de lecture de l’année 2017, nous avons voulu reparler de cette merveilleuse nouvelle de l’écrivain mozambicain Luís Bernardo Honwana, «Nous avons tué le Chien Teigneux» (éd. Chandeigne, 2006, illustrations de Jean-Philippe Stassen) – titre original «Nós Matámos o Cão Tinhoso».

C’est aussi, pour nous, l’occasion de rendre hommage à Michel Laban, traducteur de ce texte et une des personnes en France qui connaissait le mieux les littératures africaines de langue portugaise. Décédé en 2008, alors qu’il venait de prendre sa retraite, Michel Laban, a été professeur à la Sorbonne et a traduit, entre autres, Luandino Vieira, Pepetela ou Manuel Rui.

L’histoire du Chien Teigneux, construite dans la pure tradition africaine, mêlant réalisme et poésie, se passe durant les années 1950. Derrière ce récit et l’image du chien teigneux, c’est tout le sort réservé au colonisé que l’auteur veut évoquer.

Presque toute l’action se déroule sur la place d’une bourgade du sud du Mozambique. Ginho, le narrateur-protagoniste, nous présente le Chien Teigneux: «Il avait des yeux bleus qui ne brillaient pas, mais ils étaient immenses et toujours pleins de larmes qui coulaient sur son museau. Ils faisaient peur, ces yeux, si grands, qui regardaient comme quelqu’un qui demanderait quelque chose sans vouloir le dire».

Le Chien Teigneux est au centre de l’action et il observe les humains: la maîtresse de l’école, qui ne l’aime pas, la patronne de l’épicerie, le vétérinaire ou encore l’Administrateur. Mais ses déambulations vont finir par attirer l’attention des autorités, qui décident de le tuer.

Qui va exécuter la sentence? Le vétérinaire a une idée géniale: il confie cette tâche aux enfants de l’école. Alors, Ginho (Noir), voudrait bien faire partie du groupe, même si celui-ci est dominé par un fils de colons. Mais il est freiné par l’amitié qui le lie au chien – une amitié partagée par une camarade de classe, Isaura. Enfin accepté dans le groupe, Ginho est chargé de mener le chien vers son lieu d’exécution…