Un livre par semaine: «Sabino, ou les tribulations d’un soldat portugais dans la Grande Guerre», de Nuno Gomes Garcia

Voici ce que nous dit le soldat Sabino en débarquant dans le port de Brest, le 12 février 1917, avec le Corps Expéditionnaire Portugais, avant d’atteindre la plaine des Flandres, où aura lieu la Bataille de la Lys: «Pour la majorité de mes frères d’arme c’était la première fois qu’ils quittaient leur village, la première fois qu’ils prenaient le train, la première fois qu’ils visitaient une ville, la première fois qu’ils voyaient une automobile, la première fois qu’ils pouvaient contempler la mer, la première fois qu’ils montaient à bord d’un bateau, la première fois qu’ils étaient totalement perdus entre les mains d’une République qui pour eux n’était qu’une lointaine abstraction, difficile à comprendre. Moi, déjà immunisé contre le balancement des vagues et habitué à arriver dans l’inconnu, je me sentais l’homme le plus heureux du monde, dans l’antichambre de ce qui allait être une vraie guerre».

Ce passage, extrait du roman de Nuno Gomes Garcia, «Sabino, ou les tribulations d’un soldat portugais dans la Grande Guerre» (éd. Pétra, mai 2018) que nous avons eu le plaisir de traduire, sera présenté le jeudi 4 octobre à la Bibliothèque Gulbenkian de Paris, en présence de l’auteur et de l’historienne Marie-Christine Volovitch-Tavares.

Ce roman est une sorte d’allégorie de la manière dont la guerre cannibalise l’être humain. Suivre le parcours du soldat Sabino, construit à partir d’un discours critique, fortement ironique et sarcastique, c’est découvrir le côté absurde d’une guerre, mais aussi d’un personnage qui écrase les sentiments des autres et qui court sans arrêt à la recherche d’une normalité qu’il ne trouve pas, se transformant ainsi en un symbole de crise.

Nuno Gomes Garcia est né en 1978 à Matosinhos et réside dans la région parisienne depuis 2010. Diplômé d’Histoire et d’Archéologie, spécialiste en Histoire médiévale et de la Renaissance, il est conseiller littéraire et auteur de deux autres romans, «O dia em que o sol se apagou» (2015) et «O homem domesticado» (2017).