LusoJornal | António Marrucho

Une Délégation des Hauts de France a participé aux cérémonies de la Bataille de La Lys à Batalha


1958-2024. 66 ans séparent le déplacement d’une délégation des Hauts-de-France aux cérémonies de la Batalha de La Lys, Journée du combattant.

En 1958 la délégation a accompagné le Christ des Tranchées de Neuve-Chapelle jusqu’à Batalha.

Ce dimanche 7 avril, la délégation qui s’est déplacée des Hauts-de-France était constituée par une dizaine d’élus, en représentation de villes historiques de la présence du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) en Flandres et de villes qui souhaitent développer des liaisons avec le Portugal, voir – pourquoi pas – un jumelage. Mais il y avait aussi le Consul honoraire du Portugal à Lille et la responsable du Devoir de Mémoire de la Région.

Partis en minibus du Marquês de Pombal, pendant le trajet jusqu’à Batalha, une leçon d’histoire a été présentée par Aurore Roufelaert Ronsin sur l’importance de Batalha dans l’histoire du Portugal, sur le soldat inconnu, le Christ des Tranchées et sur le rôle du Consul du Portugal à Arras après la fin de la I Guerre mondiale… des petites histoires de l’histoire, comme par exemple la question qui se posait où honorer les deux Soldats Inconnus : à priori cela devait être dans le Mosteiro dos Jerónimos, toutefois ceux qui sont enterrés là ce sont les rois du Portugal. Le choix se fait sur Batalha, la vierge ayant apparue aux Pastorinhos après trois mois de l’arrivée des premiers navires avec des soldats du CEP à Brest, Fátima étant très proche de Batalha.

L’arrivée des deux Soldats Inconnus a été saluée de façon très solennelle, sur la route jusqu’à Batalha, la foule était immense, toutefois les deux cercueils ont été comme qu’oubliés, les rats ont même fait leur apparition autour des dépouilles, rappelons-nous que la situation sociale et politique était bien difficile, les Gouvernements se succédant au Portugal.

Le Christ des Tranchées est venu de Neuve-Chapelle, plutôt un lieu calme quand le CEP est arrivé sur cette partie du front, toutefois, avant l’arrivée des troupes portugaises, 10 mille soldats, dont la moitié d’Indiens, y avaient perdu la vie dans la Bataille de Neuve-Chapelle au début de ce qui sera appelée la Grande Guerre, tout ça pour gagner à peine… 300 mètres.

Aurore a aussi rappelé que dans les Tranchées portugaises il y avait un soldat tous les 4 mètres, là où ailleurs il n’y avait que 50 centimètres entre chaque combattant.

Leçon d’histoire terminée, l’arrivée à Batalha fut pour tous très émouvante : un lieu chargé d’histoire, la délégation a été accueille par des Officiels da la Liga dos Combattants, notamment son Président, Chito Rodrigues.

Une cérémonie religieuse s’en est suivie, présidée par le Patriarche de Lisboa en présence de membres des Forces Armées, du Président de la République du Portugal et du Ministre de la Défense – première sortie officielle de ce dernier depuis sa nomination.

Le Patriarche de Lisboa a rappelé dans son homélie l’importance des Forces Armées comme élément de paix, eux qui sont souvent au côté de ceux qui souffrent, des innocents. Dans les terrains d’honneur, ils ont versé du sang par amour pour les autres.

De nos jours l’Armée portugaise est sur plusieurs terrains de la planète, le but étant de «construire un monde meilleur».

Le Patriarche de Lisboa a évoqué les différentes batailles dans lesquelles les troupes portugaises ont été impliquées, et tout spécialement la Bataille de La Lys.

Pour terminer, il a parlé des Forces Armées comme étant l’élément important des fondations d’une nation, ainsi que de sa construction.

À l’extérieur du Monastère, le dispositif était impressionnant, avec les trois composantes de l’Armée – Terre, Mer et Air – alignées… symbole d’unité d’une nation, de respect, d’honneur et de souvenir.

Souvenir aussi avec la présence des Portes Drapeaux des associations d’anciens combattants de tout le Portugal, et une – la seule porte drapeau féminine – Aurore Roufelaert Ronsin, de la section des anciens combattants de Lillers.

L’émotion était palpable chez Aurore : des souvenirs des siens, anciens porte drapeau, une reconnaissance, une fierté.

Dans le discours du Président de la Liga dos Combattants, Chito Rodrigues a fait un historique et a rappelé l’importance de l’Armée portugaise, prestige du Portugal, avec la reconnaissance par beaucoup de pays amis. Chito Rodrigues a tenu à saluer la présence de la Délégation des Hauts-de-France.

Le Ministre de la Défense, dont c’était sa première prise de parole en tant que Ministre, évoque le fait qu’on honorait les soldats portugais de la Batalha de La Lys, heureuse coïncidence pour lui. Il rappelle les deux guerres du XX siècle, le fait que le Portugal fasse partie de différentes institutions au niveau international, dont l’OTAN, qui fête cette année les 75 ans. Ce qu’on a appelé la Guerre Froide, a contribuée au non-déclenchement de bien d’autres conflits armés.

Le Ministre de la Défense du Portugal se sent «orgueilleux» d’être au service de l’Armée portugaise. Sensible aux problèmes sociaux et à ceux qui ont souffert physiquement des conflits, il a été applaudi en affirmant se pencher sur le sujet.

Le Président de la République a salué les Forces Armées présentes, toutes les autres autorités et anonymes, avec un mot spécialement pour la délégation des Hauts-de-France, de là où est venu le Christ des Tranchées.

Il a rendu hommage aux trois branches de l’Armée, actuellement sur tous les points cardinaux de la planète. L’Armée est, selon le Président, «importante, car acteur primordial de la paix. L’Armée portugaise a une longue et importante histoire, garantie de l’avenir de la nation portugaise».

Belle coïncidence des cérémonies de la Bataille de La Lys en cette année 2024, l’année des 50 ans de la Révolution des Œillets. «Pour avoir un Portugal fort, le pays a besoin d’une Armée forte».

Des médailles sont venues honorer des personnalités pour services rendus à la nation.

Des moments importants et solennels ont eu lieu à l’intérieur du Mosteiro da Batalha avec la visite du musée, rencontre informelle entre le Président et la Délégation portugaise, toujours avec des selfies.

Dans la salle du Capítulo, les hommages ont été rendus aux deux soldats inconnus et au Christ des Tranchées, avec dépôt de gerbes.

Le Président, le Ministre de la défense et les autres personnalités présentes, ont eu droit à la visite et à l’explication de son auteur, Aurore Roufelaert, de l’exposition sur le Consul Louis Lantoine. Un petit fils du Consul d’Arras a fait partie de la délégation.

En dehors du Monastère, le Président a discuté avec des membres de la Délégation des Hauts-de-France, le sujet du Cimetière de Richebourg étant pour lui un sujet «sensible». Au Ministre de la Défense, le Président a demandé de s’informer sur le sujet.

Un repas s’en est suivie pour la Délégation des Hauts-de-France avec des membres de la Liga. Pendant le repas des échanges de souvenirs ont eu lieu.

Avant le retour à Lisboa, la Délégation a visité le Sanctuaire de Notre Dame de Fátima.

Ce lundi, sous proposition du Président de la République, une visite du Musée de la Présidence est à l’agenda. Une visite qui honore la Délégation, alors que le Musée est fermé le lundi !