Vient d’être publié l’Atlas de l’émigration portugaise


L’éditeur «Mundos Sociais» vient de publier une très intéressante étude qui a pour titre : «Atlas da emigração portuguesa», les auteurs faisant partie du Observatório das Migrações. L’équipe qui a participé à l’étude était composée de Rui Pena Pires, Inês Vidigal, Cláudio Pereira, Joana Azevedo et Carlota Mónica Veiga.

Ce travail se présente en 5 parties : 1- Données générales sur l’émigration portugaise, 2- La destination de l’émigration portugaise, 3- L’émigration vers l’Europe, 4- L’émigration vers l’Amérique et 5- L’émigration vers d’autres destinations. L’étude cite ses sources et conclut par une longue biographie.

Alors que les prochaines élections législatives approchent, les migrations sont devenues un thème important dans le débat public, à l’image de bien d’autres pays en Europe, même si le contexte est parfois bien différent d’un pays à l’autre.

Le temps n’est pas si lointain que cela, et pourtant les choses ont bien changé depuis 2011. On était au début de la Troïka, au Portugal, le XIX Gouvernement constitutionnel du Portugal venait d’être nommé, à sa tête Pedro Passos Coelho. En décembre, le Premier Ministre tient des propos qui vont lui attirer la foudre des opposants. À une question d’un journaliste du Correio da Manhã, il répond : «L’Angola, mais pas seulement l’Angola, le Brésil aussi, a un grand besoin, au niveau de l’éducation de base et de l’enseignement secondaire, de main d’œuvre et d’enseignants qualifiés. Nous savons qu’il y a beaucoup d’enseignants au Portugal qui n’ont pas de travail en ce moment et le système privé ne peut pas avoir une offre pour tout le monde. Dans les années à venir, il y aura beaucoup de personnes au Portugal qui devront suivre une formation et être disponibles pour d’autres métiers ou, s’ils veulent se maintenir, notamment en tant qu’enseignants, ils peuvent regarder l’ensemble du marché de langue portugaise et y trouver une alternative…».

Depuis, il y a eu changement de Gouvernement, évolution économique du pays et des mesures ont été lancées pour aider au retour des émigrés au Portugal. Au départ, la mesure n’englobe que le retour des jeunes émigrés, mesure élargie dans un second temps aux émigrés et leurs membres qui créent leur propre entreprise ou emploi. Cette initiative consiste à octroyer une aide financière, accordée par l’Institut pour l’Emploi et la Formation Professionnelle (IEFP), aux émigrés ou aux membres de leur famille dans le but de favoriser leur retour et leur installation au Portugal continental.

Une des parties qui nous paraît très intéressante de l’étude «Atlas da emigração portuguesa» est celle qui aborde la situation récente au Portugal, le XXIème siècle. Cette partie permet de comprendre une des causes de la baisse importante de la natalité avec, ses conséquences et le fait que le Portugal continue à être un pays d’émigration, qui est devenu cependant, aussi, un pays d’immigration.

Il y a comme qu’une espèce de vases communicants, avec des filières spécifiques.

Dans l’étude qui est disponible sur internet, en langue portugaise, nous pouvons lire : «Les deux premières décennies du 21ème siècle ont vu la reprise de émigration, seulement interrompue par la crise financière de 2009-2010… Avec la crise et les réponses à la crise, orientation vers l’austérité, l’émigration a augmenté, avec un pic, en 2013, 120 mille départs, soit un nombre trois fois supérieur à celui des 40 mille en 2001. Aujourd’hui, l’émigration est de l’ordre de 70 mille départs annuels. L’évolution de l’émigration portugaise a été positivement corrélée au taux de chômage et négativement avec l’immigration. Pendant la crise de 2010-13 cette relation s’est traduite par une croissance de l’émigration et une réduction de l’immigration, qui s’est traduite par une migration nette négative…

Entre 1960 et 2019, le nombre de Portugais vivant à l’étranger a plus que doublé, passant d’un peu moins d’un million à plus de deux millions et demi. En termes relatifs, c’est-à-dire en pourcentage de sa population, le Portugal est aujourd’hui le pays de l’Union européenne avec le plus d’émigrants : le nombre de Portugais vivant à l’étranger correspond à environ un quart de la population…

Au niveau mondial, le Portugal était, en 2019, le 26ème pays au monde avec le plus de personnes nées sur le territoire national vivant à l’étranger. Cependant, si l’on considère le nombre d’émigrants par population du pays, le Portugal, avec un taux d’émigration de 26%, en 2019 était le 8ème pays au monde avec le plus d’émigrants en termes relatifs des pays avec plus d’un million d’habitants…

La composition démographique des flux sortants les plus récents le Portugal se caractérise, globalement, par l’existence d’une majorité d’hommes (plus de 60%) et une nette prédominance des jeunes actifs : près de 70% ont entre 15 et 39 ans. L’émigration est sélective et continue de contribuer à la réduction, au Portugal, du nombre de jeunes en âge de travailler : plus d’un tiers des né au Portugal âgé entre 15 et 39 ans vivent aujourd’hui à l’étranger…

La France est le pays où réside le plus grand nombre d’émigrants portugais (presque 600 mille). Cette réalité résulte de la continuité de l’émigration depuis les années 60 du 20ème siècle, lorsque ce pays était la principale destination des flux sortants du Portugal. L’émigration vers la France diminué après le 25 avril, mais concerne toujours des milliers de personnes. De nouveaux flux annuels sont constatés, avec un pic dans les années de crise de 2011 à 2013, même si près de 20.000 Portugais entraient dans le pays chaque année…

En France, la population immigrée portugaise est équilibrée en termes du genre, elle est cependant très vieille…

En 2020, seuls 5% des émigrés portugais avaient fait des études supérieures, contre 15% des Marocains, 21% des Algériens et, au sommet 63% des émigrés chinois. Plus de 43% des émigrés portugais vivent en région parisienne. Un très haut degré de concentration, supérieur à celui de la population française totale (19%) et légèrement supérieur à celui de l’ensemble des immigrants (38%)…».

Notons que cette étude est faite à partir de personnes nées au Portugal et émigrés. Le chiffre de 600 mille portugais vivent en France est à relativiser, si on tient compte des lusodescendants, les chiffres font plus que doubler. Nous sommes convaincus que le pourcentage des jeunes d’origine portugaise qui font des études supérieures, sont bien plus élevés que ceux cités dans l’étude.

Autre chiffre évoqué dans le rapport, celui du nombre de portugais à l’étranger : 2,2 millions, alors que, si on tient compte des lusodescendants, le chiffre admis par de nombreux observateurs, est de 5 millions.

L’étude de l’émigration de ces dernières années est à comparer à celle de l’immigration, ainsi qu’aux résultats du dernier recensement, ceci permettant d’avoir une vision plus globale de la situation démographique actuelle du Portugal et de ses implications à court et moyen terme à tous les niveaux de la société portugaise.