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Yves Le Maner: Historien et Directeur du Projet l’Anneau de la Mémoire

A l’approche des célébrations de la Bataille de la Lys, LusoJornal met en lumière, des hommes et des lieux en rapport avec la présence militaire portugaise en Flandres entre 1917 et 1918.

Un hommage et une visite s’imposait à l’Anneau de la Mémoire de la part des autorités en visite dans la région les 8, 9 et 10 avril, mais il semblerait que cet hommage ne fasse pas partie du programme.

Nous avons visité l’Anneau de la Mémoire en octobre 2014 et nous avons eu l’occasion d’échanger avec l’Architecte et Maître d’œuvre, Philippe Prost ainsi qu’avec l’historien et Directeur du Projet, Yves Le Maner.

A l’époque, ce denier, avant de rejoindre l’Elysée afin de finaliser les préparatifs de la visite de François Hollande lors d’inauguration du monument, nous a concédé une interview.

 

Combien de soldats morts pendant la première guerre mondiale sont-ils inscrits sur les 500 panneaux de ce monument et originaires de combien de pays?

Il y a au total 580 mille soldats de toutes nationalités, qui ont péri dans le sol de l’Artois et de la Flandre française, entre 1914 et 1918. De noter que parmi les soldats disparus pendant cette terrible guerre, 40% des corps n’ont pas été retrouvés et que 8% sont morts par maladie ou après les combats. Il y a plus de 30 nationalités représentées sur les panneaux de ce mémorial. Bien évidemment 3 nations par la masse de leurs morts dominent: l’Empire Britannique avec 294 mille noms, la deuxième liste est celle des Allemands, avec 174 mille, la troisième liste est celle des Français avec 106 mille soldats récencés. Ce dernier chiffre parait inférieur à ceux des Britanniques et des Allemands, parce que tout simplement l’armée Française est partie combattre à Verdun à partir de mars 1916, laissant le front à l’armée britannique. Il y a également à côté, d’autres nationalités qui sont représentées: il y a les Belges avec plus de 2 mille noms et 2.266 Portugais qui ont été retrouvés à partir de listes que nous avons dressé en pleine collaboration avec le Ministère Portugais de la Défense.

 

Comment avez vous dépassé la difficulté pour graver le nom des soldats portugais, sachant que nous avons plusieurs prénoms et noms de famille?

Nous avons adopté comme principe, que ce sont les nations des combattants qui fournissent les listes de façon à valider la manière de les inscrire. C’est donc le Ministère de la Défense Portugais qui nous a transmis la liste de façon à respecter la graphie particulière du nom de ces soldats.

 

Pourra-t-on consulter sur internet tous ces noms qui sont sur les panneaux de ce monument?

Il va y avoir deux étapes. A partir du 12 novembre 2014, une application sur smartphone permettra de consulter les panneaux de l’Anneau de Mémoire sur le site dans une périphérie d’un kilomètre. A partir du mois de mai 2015, sera inauguré à deux kilomètres d’ici, sur la commune de Souchez, un Centre l’interprétation qui fera le récit de la Grande Guerre dans le Pas de Calais et qui rendra accessible dans une salle spécifique des bases de mémoire et des bases de données, qui seront consultables par le public. Cela sera vrai pour les Anglais, les Français, les Allemand et bien évidemment pour les Portugais.

 

Pourquoi avoir choisi de mettre par ordre alphabétique tous ces noms de soldats, au lieu de les graver par nationalité ou tout autre classement?

Tout simplement parce que nous sommes un siècle après la guerre, que depuis, l’Europe a fortement changé, les rivalités nationalistes se sont estompées, la guerre a cessée entre nos peuples et donc il était tout à fait logique d’unir ces hommes de façon posthume et fraternelle.

 

L’Anneau de la Mémoire pourra être visité à tout moment de l’année et à toute heure de la journée?

Ça c’est un événement très important. C’est un monument permanent, c’est un monument durable dans une société qui est devenue très éphémère et très virtuelle, nous avons gravé le nom de ces hommes dans le matériel dans lequel était fabriqué les obus, le métal. Effectivement des gens originaires de toute la planète pourront venir visiter et s’imprégner de ce silence dans le lieu où l’on est, comme une sorte de cloître, en se plongeant dans un passé pas si lointain que cela et en se disant qu’on apprécie la paix qui règne aujourd’hui dans nos nations européennes. Le monument va être illuminé pendant la nuit par un programme mis en place par Yanne Toma qui s’appelle «La Grande Veilleuse». On pourra ainsi apprécier la mise en valeur par la lumière de ce monument construit pour les générations futurs en souvenir de ceux qui en perdant leurs vies dans la guerre ont contribué à la paix.

 

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