Amélie Carvalho est à l’origine de l’Atelier Y Voir et d’une artothèque mobile

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L’«Atelier y voir» vient de clore sa première exposition d’art à Noyelles-sur-Escaut, dans le Nord.

Deux associés, anciens élèves de l’École Supérieure d’Art & de Communication de Cambrai, Rémi Fouquet et Amélie Carvalho, ont créé ce lieu unique.

LusoJornal a voulu en savoir un peu plus sur ce lieu bien particulier et ce qui a conduit la lusodescendante Amélie Carvalho à se lancer dans cette aventure.

Pouvez-vous nous parlez de vos origines?

Née en 1986, je suis fille d’immigrés d’origine italienne par ma maman, Incoranata Fischetti, et portugaise par mon papa, Joaquim Rodrigues Carvalho. Ma maman est arrivée en France en 1957, par le train, alors âgée d’un an. Nous avons une photographie qui la montre dans les bras de sa mère avec sa grande sœur à côté, devant la gare de Cambrai.

Et d’où vient votre père?

Né en 1958, mon père est originaire d’Espinho. Il y a vécu jusqu’en 1969. Sa mère, ma grand-mère, avec ses deux autres fils et deux filles ont rejoint leur père dans le Nord de la France, c’est là qu’il avait trouvé du travail grâce à son beau-frère. Ce sont donc mes grands-parents qui sont les premiers migrants de mon arbre généalogique. Ils sont venus légalement avec les papiers et vaccins à jour. Mes parents se sont rencontrés dans le Cambrésis, Nord de la France. Leurs frères travaillaient ensemble. Ma maman, actuellement retraitée, a travaillé en tant qu’employée de bureau. Mon père était dessinateur projeteur jusqu’à son décès soudain en janvier 2013. Il dessinait également durant son temps libre au stylo bleu.

Qu’avez-vous fait comme études et formation?

J’ai fait des études d’infographie à PôleIIID de Roubaix, de modélisme et de couture au lycée Sévigné de Tourcoing, et un Master art et graphisme à l’École Supérieure d’Arts de Cambrai. Mon parcours d’études m’a formée en tant qu’artiste et enseignante. J’ai été enseignante en arts plastiques pendant 8 ans. Je suis actuellement en train de créer une artothèque mobile. C’est comme une bibliothèque, mais celle-ci est remplie d’œuvres d’art. Dans un camion aménagé, je vais aller à la rencontre des villageois, des lieux isolés, des écoles qui n’ont pas accès à la culture et leur proposer un temps de découverte, d’échange et de création.

Pourquoi choisir Noyelles-sur-Escaut pour vous exprimer?

En 2014, avec mon compagnon, nous avons acheté une maison à Noyelles-sur-Escaut dans le Nord de la France. Mon père est décédé pendant que nous effectuions cette recherche. J’ai tenu à être à 15 minutes de chez ma maman. Le village de Noyelles-sur-Escaut nous a tout de suite plu. C’est un très beau village, entre le canal de Saint-Quentin et l’Escaut, en pleine nature. Nous voulions absolument une habitation avec un local attenant qui pourrait abriter notre futur atelier. Nous sommes tous les deux artistes et nous aimons le partage, les échanges et les rencontres qui peuvent être à l’origine d’événements culturels. Nous avons trouvé notre perle rare au 26 rue de Cantaing. D’abord, nous avons aménagé la maison, puis il a fallu réhabiliter un ancien atelier de menuiserie. Les travaux sont terminés depuis mars 2023. Notre atelier mesure 105m2, avec nos bureaux respectifs, puis un espace d’exposition de 60 m2 et une chambre pour accueillir des artistes en résidence. Nous sommes tous deux bénévoles, mon compagnon et moi, dans l’association que nous avons créée, le but étant de mettre en place des expositions.

Quel est votre objectif pour ce lieu bien particulier?

Notre ambition est d’organiser deux expositions par an, une au printemps et une en automne. Nous allons accueillir aussi pendant une période d’un mois, un artiste en résidence, avec comme but celui de créer une œuvre d’art. Il sera logé sur place et profitera de l’espace et du matériel que nous avons pour travailler. Il y aura par la suite une courte exposition qui présentera le travail qu’il aura réalisé lors de la résidence. L’atelier est donc partagé pendant ce mois de résidence, puis il redevient notre lieu de création. Notre atelier sera, ainsi, partagé pendant 4 mois de l’année : 1 mois de résidence, puis 15 jours de préparation et 1 mois d’exposition de printemps, 15 jours de préparation et 1 mois d’exposition d’automne.

Créer l’association permet de mieux organiser ce temps dédié aux expositions?

Nous avons créé l’association en 2022, appelée Atelier Y-Voir dans le but de promouvoir l’art contemporain en la rendant accessible et compréhensible à tous. Une ancienne association, Ic’Art nous a confié ses fonds pour démarrer notre projet d’expositions, puis la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) et la Mairie du village nous ont aidé financièrement et matériellement pour nous permettre d’organiser la future exposition.

Qui peut exposer, quel type d’art et sous quelle forme?

Les expositions seront collectives, sauf celle de la résidence d’artistes. L’exposition de printemps sera composée d’œuvres d’art contemporain, avec entre 4 et 6 artistes, que moi et mon compagnon choisissons parmi nos contacts, nos réseaux, les anciens étudiants et jeunes diplômés des écoles d’arts. L’exposition d’automne fonctionnera en «appel à exposition» qui sera internationale. Les artistes seront invités à postuler en proposant des œuvres. Ensuite, nous ferons un choix de 4 à 6 artistes parmi les propositions, en créant une certaine cohérence entre les œuvres sélectionnées pour construire l’exposition.

Les artistes qui peuvent postuler à l’appel à candidature sont des professionnels inscrits à la Maison des Artistes. Les artistes nous envoient une lettre évoquant leur parcours, leur démarche, et présentent les œuvres qu’ils souhaitent exposer à l’Atelier Y-Voir. L’appel à candidature sera relayé sur notre site internet et sur les réseaux sociaux, via les pages de l’Atelier Y-Voir. Notre volonté pour chaque exposition est de sélectionner des œuvres qui forment un ensemble, en cherchant des liens, des échos entre elles.

Vous venez de réaliser une première exposition, celle de printemps?

En mai 2023, nous avons choisi d’inviter six artistes, que nous suivions depuis longtemps, ils ont exposé jusqu’à la fin juin 2023. Le temps était court, alors on s’est dit que si les artistes n’étaient pas prêts, l’exposition serait décalée en octobre. Finalement, ils nous ont tous répondu positivement, cela a permis de nous lancer! Du 2 juin au 2 juillet a, donc, eu lieu l’exposition intitulée «Envolée». Nous avons choisi ce titre car il signifie le départ, le changement, la libération, l’ailleurs.

Quels artistes avez-vous exposé?

Nous avons exposé six artistes : Aude Berton, David Brohet, Noémie Carvalho, Daniel Costa, Ning Jiang et Sofia Neto. Tous six ont cherché dans leurs archives des œuvres qui leur faisaient penser au sujet, l’Envolée. L’exposition a eu un beau succès. Les visiteurs ont souligné la qualité des œuvres, le lieu accueillant et agréable. Notre atelier est ouvert à tous les amateurs d’art et curieux.

Parmi les six artistes exposés, 3 étaient d’origine portugaise. Vous avez des liens particuliers avec eux?

J’ai rencontré Sofia Neto et Daniel Costa lorsque je suis allée en Erasmus en 2011 à la FAUP de Porto. Nous sommes restés de grands amis et nous nous suivons mutuellement dans nos réalisations. Ces deux artistes ont des démarches très différentes. Sofia Neto, après la FAUP, a étudié à l’école française de la Bande dessinée d’Angoulême, elle réalise actuellement un doctorat sur la bande dessinée pour enfants à l’Université de Cambridge, en Angleterre. Sofia a envoyé cinq histoires courtes en bandes dessinées. Ce sont ses planches de travail, qu’elle va ensuite scanner et coloriser à l’ordinateur ainsi que rajouter les textes, les bulles. Les visiteurs ont compris, grâce à ce travail, comment est fabriquée la bande dessinée actuelle. Les histoires courtes montrent des personnes qui explosent, qui changent d’état, ou bien pour qui les émotions débordent. Daniel Costa est un artiste qui réalise de nombreuses séries de dessins. Il est comme habité par le sujet qu’il développe et pose sur le papier. Il a étudié la peinture et la couleur. En parallèle, il enseigne et accompagne les visiteurs dans le Musée de São João da Madeira. Il a présenté à l’atelier, une sélection d’œuvres abstraites qu’il a réalisé allongé dans son lit, à un moment où il était souffrant. Il a laissé le pinceau guider ses gestes. Daniel n’a pas réfléchi. Il était comme la marionnette de son outil. Les dessins ont beaucoup plu aux visiteurs, chacun a pu y voir des éléments en lien avec sa propre culture ou son éducation. L’interprétation des œuvres de Daniel permettait à l’imaginaire de chacun de travailler : une dame qui a toujours travaillé dans le tissu, le fil, y a vu des ouvrages tricotés, des bobines de fils en vrac, d’autres ont vu des animaux, des végétaux ou des organes. C’est cela que nous admirons dans le travail de Daniel, la faculté à emmener le visiteur en dehors de la feuille.

Nous avons choisi de présenter leur travail dans notre atelier, car ce sont des personnes, à la fois généreuses et complexes. La démarche de ces deux artistes se construit chaque jour par un travail assidu. Ils méritent d’être exposés, montés et regardés car leurs œuvres posent questions sur les états de l’individu, sur les relations entre les personnes, sur l’individu, son environnement et la nécessaire solitude.

La deuxième exposition se prépare dès à présent?

Aujourd’hui, nous préparons l’appel à candidatures pour la future exposition qui débutera le 6 octobre 2023. Cette exposition fait partie de l’événement organisé par le Département du Nord : les Portes Ouvertes des Ateliers d’Artistes (poaa.lenord.fr).

N’hésitez pas à suivre l’aventure sur facebook et instagram : atelieryvoir

Sur le site internet : atelieryvoir.com

Contacter : atelieryvoir@gmail.com

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