Réinauguration de la Borne portugaise Vauthier de la guerre 14-18 à Mont-Bernanchon


La Borne Vauthier n°26, du Mont Bernanchon (Béthune – Pas de Calais) va être réinaugurée dimanche 24 mars, à 11h00, pour la 3ème fois en un peu plus d’un siècle. Cette borne, qui fait partie des 7 bornes portugaises, bat probablement le record d’inaugurations, signe d’une borne du Front avec une histoire singulière.

Les Bornes Vauthier sont des petits monuments réalisés dans les années entre 1921 et 1927 par l’artiste Paul-Moreau-Vauthier – d’où le nom – appelées aussi Bornes de Front. Ces bornes matérialisant la limite de la dernière offensive allemande figée au 18 juillet 1918.

Au début du projet, 240 bornes étaient envisagées d’être installées entre Nieuwport en Belgique et Mooslargne à la frontière Franco-Suisse. Dans la réalité 120 ont été installées, à ce jour 96 sont encore présentes sur le terrain, dont 19 en Belgique, ceci expliquant probablement que le numéro 33 initial de la borne du Mont Bernanchon, prenne le numéro actuel de 26 par la disparition ou déplacement de certaines bornes.

Mont Bernanchon a une belle histoire: l’installation dans ce village d’un membre du Corpo Expedicionário Português (CEP), Luiz Pereira da Silva, sa fille, Raymonde da Silva Fachina, née Trolet, ayant été, par ailleurs, Maire du village entre 1971 et 1983 (lire ICI).

Revenons sur les Bornes portugaises. Le 7 Bornes «dites portugaises» du Pas-de-Calais, ont été financées par le Portugal. Dans la partie basse de ces bornes, dont celle du Mont Bernanchon, est indiqué “Touring Club de France – Don du Portugal”.

La borne de Mont Bernanchon se situait à l’angle du chemin de Halage et de la rue du Pont Supply, tout près du canal de l’Aire, à La Bassée, au point où se trouvait le pont-levis en bois nommé «Pont-Supply».

Dans le blog du Chamois (lire ICI), nous apprenons un peu plus sur la borne du Mont Bernanchon : «Le Pont Supply était nommé par les troupes anglaises Chelsea Bridge. Dans ce lieu, ce sont essentiellement des Anglais et des Portugais dont on garde le souvenir en 14-18. C’est pourquoi cette borne fut ici érigée… Début juin 1940, le pont est détruit par les Anglais afin de freiner l’offensive allemande de 1940. C’est justement à ce moment qu’apparaît la division SS Totenkopf qui combattait en ces lieux, appuyée par des chars. Cette division combattait contre des arrière-gardes britanniques qui tenaient la poche de Dunkerque. Un chef de char trouvant la borne peut à son goût fait tirer au canon sur la borne qui se réduit en un tas de débris qu’il faut pousser dans le fossé. Ceux-ci ont bien failli être oubliés et considérés comme gravats.

En 1968, un homme, Jo, le gendre de Monsieur Da Silva qui avait épousé sa fille Raymonde, profita du passage d’un engin de chantier pour relever les débris de cette borne et les déposer dans sa propriété.

Sa maison est à environ 100 mètres de l’emplacement originel de la borne, en se rapprochant du canal. Avec ferveur, il fit restaurer la borne par un tailleur de pierre local qui la reconstitua et la réinstalle sur un petit bout de sa propriété, en bordure de la route perpendiculaire au canal.

En 1984, la borne fut inaugurée pour la seconde fois, en présence du Consul du Portugal et de personnalités de la région».

Le 24 mars 2024 aura lieu la nouvelle inauguration de la Borne de Mont Bernanchon, faisant suite à une nouvelle restauration et léger déplacement.

Dans l’invitation pour l’inauguration, nous pouvons lire : «Marie-Claude Duhamel, Maire de Mont-Bernenchon, les membres du Conseil Municipal, la Secrétaire de Mairie, Etienne Defossez, Président et les membres de l’association de ‘Mont-Bernanchon, son héritage et sa mémoire’, ont le plaisir de vous convier à la cérémonie d’inauguration de la ‘Borne Portugaise’ le dimanche 24 mars, à 11 heures. Nous nous retrouverons autour de la stèle en présence des officiels, du Conseil Municipal, d’une délégation portugaise, des associations patriotiques et locales, des habitants et des enfants de l’école. Lors de cette cérémonie, l’Union Musicale interprétera les hymnes français et portugais. Nous nous dirigerons ensuite vers la salle les Coquelicots pour partager le verre de l’amitié aux symboles de nos deux pays».