Automobiles: Le diesel et l’essence en voie de disparition à Paris

La nouvelle est tombée hier, après les voitures diesel en 2024, la Maire de Paris, Anne Hidalgo, annonce désormais l’interdiction des voitures à motorisation essence dans les rues de la capitale en 2030.

Pour atteindre ses objectifs «Plan climat», l’équipe municipale compte sur le développement des alternatives et le renforcement des aides financières incitant les particuliers et les professionnels à acheter des véhicules propres.

Nombreux sont les professionnels portugais qui se sentent davantage concernés par le sujet. Le concessionnaire Land Rover-Jaguar, dans le 15ème arrondissement de Paris est déjà touché par ces annonces, et c’est le Conseiller commercial Delmar da Silva qui a expliqué que suite aux mesures appliquées par la Mairie de Paris, «les clients se sentent déjà perdus, ils ne savent plus où ils vont, ni quoi acheter».

Du côté de Vincennes, c’est le gérant d’Alfacar, Alexandre Ferreira, qui s’est indigné suite à l’annonce de la Mairie de Paris. «Plusieurs mesures ont déjà été prises par Anne Hidalgo qui revendique une vision de la ville ‘respirable’ en commençant par fermer les voies sur berges, mais les problèmes d’embouteillage et de pollution se sont juste décalés sur les voies d’à côté, et en plus la pollution n’a pas baissé depuis».

L’ancien dirigeant de DCA, spécialisé dans le secteur d’activités de la location de camions avec conducteurs, António de Carvalho, se souvient bien du temps où tout était plus simple. «Il y a 15 ans, un camionneur qui chargeait son camion et qui partait à 7h00 du nord de Paris, arrivait vers 8h30 dans la capitale. Aujourd’hui les axes sont saturés et il arrive à 11h00! Au lieu de livrer 5 ou 6 clients dans la journée, il ne pourra faire que 3 ou 4».

Même si le concessionnaire parisien évoque les mesures mises en place par les constructeurs afin de réduire les émissions polluantes des nouveaux véhicules diesel, «avec notamment l’Adblue, on sait pertinemment que beaucoup des nouveaux diesel sont moins polluants que plusieurs véhicules essence un peu anciens», garantit Delmar da Silva.

«Toutes ces mesures écologistes c’est que pour faire beau, mais la ville est loin de pouvoir changer aussi brutalement sans des vraies conséquences pour les automobilistes et surtout pour les entreprises. Il faudrait l’enfermer cette dame!», affirme pessimiste, Alexandre Ferreira.

Du côté de Gaz Technic, le spécialiste du chauffage à Paris et alentours, avoue avoir commencé à faire des devis pour s’équiper en voitures électriques. «Juste sur la capitale, j’ai 8 véhicules concernés. Et en plus le problème de stationnement va forcément se poser à un moment ou un autre, car même si on pourra stationner ou se recharger sur les bornes Autolib’, je suis conscient que très vite elles aussi vont être saturées, car il y en aura pas assez pour tout le monde», reconnait Paolo Cepa.

António de Carvalho, avoue que l’idée d’une capitale écologique est «attrayante», cependant «les infrastructures ne sont pas bonnes, et il faudra vraiment les adapter au contexte actuel, et bien évidemment on se rend bien compte tous les jours, en empruntant les axes déjà saturés et le manque des transports en banlieue, que mettre en place des mesures aussi drastiques, peuvent être fatales», dit-il au LusoJornal.

Un autre problème constaté par le responsable du garage Pro-Auto à Coignières, dans les Yvelines, José Trovão, c’est sur le plan financier qui «malheureusement sera un obstacle pour beaucoup de personnes. Ni tout le monde pourra changer de voiture aussi vite, et forcément tous ceux qui travaillent sur la capitale vont être impactés».

José Trovão rappelle cependant l’affaire Wolkswagen qui avait truqué le logiciel. «C’est sûr qu’il est important de protéger l’environnement et sensibiliser à l’écologie, mais ce que la Maire de Paris est en train de réaliser, c’est une véritable révolution».

Delmar da Silva rappelle encore que sur 500 véhicules vendus, une trentaine seulement est à essence. «La plupart de nos contrats leasing sont aussi des motorisations diesel et tout cela ne fera que réduire les ventes».

D’après ce Commercial, devoir changer tout un parc automobile «cela va être très compliqué pour les concessionnaires, surtout si on n’obtient pas d’aide de l’Etat».

Même si les Parisiens sont globalement moins motorisés qu’ailleurs et que les actifs qui vivent dans Paris intra-muros, privilégient les transports en commun, selon l’Insee, seulement 13% utilisent leur voiture pour se rendre au travail contre 38% en petite couronne et 61% en grande couronne.

L’usage de la voiture est toutefois très contrasté entre Paris-centre et le reste de l’Ile-de-France. En effet, plus on s’éloigne de Paris, plus les Franciliens possèdent et utilisent exclusivement leur voiture. Son usage s’intensifie alors, au point de supplanter tous les autres modes de transport.

Ainsi, plus de 50% des résidents de grande couronne se déplacent exclusivement en voiture, contre 9% à Paris.