LusoJornal / Luís Gonçalves

Bataille de La Lys: Deux expositions «Amours suspendues» et «Racines» – étonnantes découvertes

Ça y est, les célébrations du centenaire de la Bataille de La Lys ont commencé.

Comme l’a bien dit le sous-Préfet, lors de son allocution à Richebourg ce vendredi 6 avril, les commémorations du centenaire 14-18 ne sont pas pour fêter une victoire, mais pour célébrer le souvenir de tous ceux qui ont participé à une guerre absurde. On célèbre le souvenir des combattants de toutes nationalités confondues.

Rendez-vous a été donné à la presse pour la présentation de l’exposition «Amours suspendues» à Vieille-Chapelle, village totalement détruit, mais reconstruit notamment à l’aide de fonds en provenance d’un village anglais.

Aurore Rouffelaers, Commissaire de l’exposition a mis l’accent sur le caractère inédit de ce type d’exposition en provenance de la collection d’Afonso Maia. Ce sont des cartes postales et lettres choisies et traduites, parmi les 150 autres, qui reflètent un état d’esprit qui évoluera au long des mois parmi les troupes portugaises.

Il a été fondamental pour les soldats de toutes nationalités, toutes ces lettres qui arrivaient parfois deux à trois fois par jour au front. On estime à 10 milliards le nombre de courriers envoyés et reçus par les soldats, toutes nationalités confondues.

Aurore Rouffelaers et l’Office du Tourisme de Béthune Bruay ont fait un travail exceptionnel. Elle a su, par ailleurs, intéresser les différents acteurs sur le terrain.

Pour l’exposition des «Amours Suspendues» l’accueil des enseignants a été enthousiaste. Ils ont travaillé le thème de la Bataille de La Lys, notamment avec les enfants de l’école. Ces mêmes enfants qui au Cimetière Militaire Portugais de Richebourg interpréteront les hymnes Portugais et Français.

L’image et forte et symbolique: «Amours suspendues»… Ce sont des fiancées qui restent au Portugal, les parents, le cousin, la tante… «Amours suspendues» aux lettres qui vont, qui viennent… «Amours suspendues» aux dangers et péripéties de la guerre… «Amours suspendues»… les lettres sont suspendues au haut plafond de la salle de la halte-garderie par un simple fil… fragile… mais essentiel, comme fragiles et essentiel a été tout ce courrier pour le moral des troupes.

Tout courrier envoyé et reçu par les soldats portugais passait par la censure… il fallait un peu de ruse pour faire passer les messages. On remarque une certaine évolution dans les thèmes traités: courrier très chaste au début de la participation portugaise à la guerre, plus expressif et explicite sur le manque physique et avec des demandes… demandes d’argent notamment, vers la fin du conflit.

 

«Racines»

La deuxième exposition à laquelle la presse a été conviée, a été celle de Richebourg à la salle Paul Legry qui a pour titre «Racines».

Ce sont 19 récits de soldats portugais de la 1ère Guerre et de leurs familles. Des gens qui au départ n’avaient rien à dire… et pourtant tant de choses sont dites sur les 19 portraits. Chaque famille avec la même histoire… celle d’être d’origine portugaise par leur père qui a combattu en France… et tous différents… par leur histoire très personnelle.

Dix-neuf récits de gens qui n’avaient rien à dire… et pourtant. Des familles qui cherchaient leurs racines… qui l’ont retrouvées, pour quelques-unes… des familles qui finalement avaient besoin de parler, d’ouvrir leur boite intime, personnelle, mais aussi d’ouvrir la boite jamais ouverte depuis 1918 dans laquelle on va découvrir une, des décorations, des familles qui se découvrent.

Dix-neuf portraits d’une recherche artisanale inédite et pas encore abordée dans la littérature jusqu’à présent. Un travail énorme d’Aurore Rouffelaers, des horizons qui se sont ouverts, un début d’autres témoignages vont arriver… le sentir de ceux qui ont et qui vont témoigner, en se disant: en fin de compte on n’est pas tout seuls… y a pas que moi qui cherche une paternité, qui cherche à faire disparaître le sentiment d’apatride.

Dix-neuf portraits de soldats qui tous ont cherché à s’intégrer, 17 ont obtenu la nationalité française, qui n’ont volontairement pas voulu transmettre la langue de Camões, des hommes qui pour quelques-uns ont participé à la 2ème Guerre Mondiale en tant que Français, qui ont fait de la Résistance. Les descendants eux? Ils souhaitent et veulent assumer la «portuguitude».

On a senti Aurore Rouffelaers émue, alors qu’elle prend la parole au moment de présenter l’exposition à tous ceux qui, nombreux, sont venus voir l’exposition, se voir… les témoins. Il y a comme qu’une reconnaissance, enfin, dirions-nous. Quelques-uns parmi bien d’autres. D’autres qui ont une mère, mais qui parfois n’ont jamais connu le père. On estime 50 le nombre de naissances d’enfants de père portugais, d’amours sans suite.

On sent Aurore Rouffelaers émue, presque en pleurs. L’exposition «Racines» c’est son bébé, c’est de sa conception, un aboutissement. Felicia, sa grand-mère porte-drapeau, qui vient tout juste de fêter ses 92 ans, en pleure, des pleures de gratitude envers sa petite fille.

C’est pour Aurore Rouffelaers un premier aboutissement, le début d’autres rencontres… n’est-ce pas là une preuve d’amour pour les siens, un désir de partage avec les autres?

Le Consul Honoraire du Portugal à Lille parle de sa récente découverte: sa campagne est petite-fille de soldat portugais. Un exemple parmi d’autres. Pourquoi autant de temps avant d’en parler? Bruno Cavaco dit que tous ces témoignages sont d’une importance capitale pour les générations qui vont suivre.

La Députée Marguerite Deprez, se dit émue. Que cela fait du bien de se ressourcer et au même temps de partager une page d’histoire, une page d’histoire qui est à partager avec nos enfants, le partage des souffrances, le partage de la paix.

Le sous-Préfet félicite Aurore Rouffelaers pour le travail accompli et remercie toutes les forces vives qui ont contribué à mettre en place de tels moments, se souvenir de tous ceux qui ont participé à la 1ère Guerre Mondiale.

S’ensuit un moment de partage, moments émouvants, moments de rassemblement, de photos de descendants, de témoins.

Nous rencontrons Jorge Vaz Gomes, qui filme, qui cherche son arrière-grand-père. Sa mère, Celestre Nobre Vaz, a une photo et elle nous la montre. Elle sait que son grand-père est probablement dans la photo mais ne sait pas lequel c’est. Elle demande, elle se demande si son autre familier dont ils n’ont de nouvelle, Manuel António Casalta ne serait-il pas enterré dans le Cimetière Militaire Portugais de Richebourg. João Marques avait la liste. Il semblerait qu’il n’y soit pas, ou peut-être, est-ce un des soldats inconnus parmi les centaines qui y sont.

Beaucoup est en train d’être écrit sur la participation portugaise dans la première Guerre Mondiale. Beaucoup reste à dire. La preuve? Les expositions et les portes qu’elles ont entrouvert.

 

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