Collection Serge Rodrigues

Carlos Rodrigues, soldat portugais installé en France après la I Guerre mondiale

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En février 1994, Maria Isabel Rocha Silva, Chancelier au Consulat du Portugal à Lille, certifie la réception puis la traduction en français d’un document de naissance -en langue portugaise – datant d’avril 1927. L’écrit dit que le 9 avril 1893 à Lisboa, paroisse de Pena, est baptisé un garçon prénommé Carlos, né le 27 décembre 1892, fils de Rosendo Rodrigues et Maximilia de Jesus, parents non mariés. En mars 1917, âgé de 24 ans, le jeune Carlos Rodrigues embarque à Lisboa avec le Corps Expéditionnaire Portugais (CEP) pour la I Guerre, en France. Il connaitra aussi le Pas-de-Calais sous l’occupation allemande lors de la II Guerre mondiale.

 

Le bulletin militaire de Carlos Rodrigues, précise qu’il fait partie des compagnies de santé en tant que Sergent infirmier.

1919: Il est présent, en avril, à l’hôpital de base n°1 d’Ambleteuse (Pas-de-Calais).

Il est nommé à la Commission Portugaise des Sépultures de Guerre (CPSG) à La Gorgue (Nord) selon l’ordre de service du 24 juillet 1919, présent le 26 (1).

1921: Il est démobilisé en mars en France, où il réside sous le nom francisé de Charles Rodrigues.

Il travaille comme tourneur dans l’industrie textile à La Gorgue, aux ateliers de tissage des frères Hacot.

En août, il épouse une française à La Gorgue où s’étaient installées une communauté portugaise et une section locale des anciens combattants. La mariée, Blanche Maria Rousseaux est native d’Aubers, décédée à Liévin en janvier 1940.

Deux enfants naissent de cette union, à La Gorgue. La fille Simone épouse un mineur natif de Blessy, commune de l’arrière du Front des Flandres pendant la I Guerre, où se trouvait les ateliers de réparation des véhicules portugais.

1929: Il obtient en mars la nationalité française, par application de l’article 6, paragraphe 1er, de la loi du 10 août 1927. Parution au Journal officiel de la République française du 31 mars 1929 (2).

1934: Il est employé à l’«Ammoniaque de Liévin», usine chimique des Houillères de fabrication d’engrais, également comme tourneur.

1939: Une carte d’identité précise son signalement en octobre. Il mesure 1m62, a des yeux bleus et cheveux châtains.

1940: Une pièce d’identité du mois de juillet, écrite en 2 langues, français et allemand, lui donne l’autorisation de circuler avec sa bicyclette dans un rayon de 30 kilomètres autour de Liévin où il habite. La ville de Liévin dispose de cités minières. Elle est occupée par une «Kommandantur allemande». Elle est évacuée de ses habitants en 1940 (aussi lors de la I Guerre mondiale. La ville détruite avait alors obtenu la Croix de Guerre). Carlos Rodrigues détient un laisser-passer autorisant la circulation après 22h00 pour aller ou revenir de son travail.

1941: Il est décédé en novembre, suite à une chute de vélo, à l’hôpital de Lens, route de La Bassée, à l’âge de 49 ans, veuf.

Une lusodescendance vit aujourd’hui dans la région de Lens, dans le Pas-de-Calais, descendance de Simone, la fille de Carlos Rodrigues.

 

Le petit-fils Serge Rodrigues raconte: «Son père Raymond, orphelin à l’âge de l’adolescence, est hébergé par la famille française de sa mère. Coupé de ses origines portugaises, il ne parle pas la langue de son père Carlos».

Il y a 10 ans environ, son père et lui ont visité le Cimetière militaire portugais au carrefour dénommé «la bombe», sur la route d’Estaires, à La Bassée. Ils ont rencontré une personne de parcours similaire qui leur a permis de découvrir l’histoire du Corps Expéditionnaire Portugais et celui de Carlos Rodrigues, l’ancêtre soldat.

«Mon père vit toujours, il a 97 ans, ainsi que ma mère. Ils ont quitté Liévin pour me rejoindre à Aix-en-Provence» écrit-il en guise de – fin – de cette petite histoire qui nourrit la grande.

 

Merci à Serge Rodrigues, petit-fils de soldat portugais de la Grande guerre, pour la communication des documents familiaux.

 

En savoir plus :

 

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