Dominique Stoenesco a traduit «O Soldado Sabino» de Nuno Gomes Garcia

La version française du premier roman de Nuno Gomes Garcia, «O Soldado Sabino», vient de paraître aux Éditions Petra, avec la traduction de Dominique Stoenesco, un passionné de la langue portugaise qui a déjà traduit plusieurs œuvres d’auteurs lusophones.

Le roman «Sabino, ou les tribulations d’un soldat portugais dans la Grande Guerre» raconte les aventures d’un soldat républicain portugais dans la Grande Guerre en territoire français, mais aussi des épisodes de l’histoire du Portugal, tels que le régicide, l’instauration de la République ou la guerre qui a opposé les Allemands et les Portugais dans le nord du Mozambique.

LusoJornal a voulu en savoir un peu plus sur le processus de traduction du livre auprès de son traducteur.

 

Dominique Stoenesco, vous êtes un Français avec des origines roumaines, et un amoureux de la langue portugaise. Vous avez déjà traduit des auteurs capverdiens, angolais ou brésiliens tels qu’Antônio Torres, et maintenant le Portugais Nuno Gomes Garcia. La langue est censée être la même, mais il y a surement des différences non seulement dans le vocabulaire, mais aussi dans la façon d’écrire et de penser. Est-ce qu’on doit s’adapter à chaque fois à ces particularités ou au fond tous finissent par avoir la même essence?

Oui, bien sûr, il faut s’adapter aux variantes de la langue portugaise, selon qu’on a à faire à un auteur portugais, brésilien, angolais, etc. D’ailleurs, ce sont ces variantes qui, à mon avis, font la richesse et la beauté de la langue portugaise. Pour moi, les problèmes liés à la sémantique et à la morphologie ne sont pas les plus difficiles. Car on ne traduit pas que des mots, on traduit aussi des systèmes de pensée, de représentation ou de savoirs. Il faut donc faire un gros travail sur sa propre lange (en l’occurrence le français) et en même temps bien connaître la société et la culture du pays dont est originaire l’auteur. Mon itinéraire personnel m’a permis de voyager et de vivre dans des pays d’expression portugaise, ce qui m’aide beaucoup…

 

Quand vous traduisez un livre, qui avez-vous en priorité en tête: l’auteur dont vous traduisez les mots ou le lecteur?

En priorité, je m’imprègne du texte, je dois le sonder et le sentir, comme si c’était une matière vivante. Mais j’ai aussi en ligne de mire le destinataire, c’est-à-dire le lecteur. Quant à l’auteur, il est souvent le seul à pouvoir me délivrer d’une impasse.

 

Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce «Sabino» pour que vous choisissez de le traduire?

Presque tous les livres que je traduis, c’est moi que les choisis. C’est le cas pour «Sabino», en effet. Deux choses m’ont aussitôt intéressé en lisant ce roman: l’histoire, qui va et vient entre la France et le Portugal et qui est très peu connue, puis le style et l’écriture foisonnante de l’auteur, passant de la fiction à la réalité avec beaucoup d’aisance. Sans oublier son ironie et son humour décapant.

 

Quelles ont été les principales difficultés de cette traduction et comment avez-vous travaillé avec Nuno Gomes Garcia?

La vie dans les tranchées, les bombardements, les bruits de la guerre, et les scènes parfois surréalistes, m’ont donné quelques soucis. Il était très important de pouvoir restituer une atmosphère morbide qui est assez présente dans le roman. Et puis, bien sûr, comme dans toute traduction de ce type, il fallait éviter les gros contresens historiques. Heureusement, pendant un an, Nuno et moi nous nous rencontrions souvent pour résoudre certains passages plus délicats où j’avais des doutes de compréhension. Quand on a la chance de travailler avec l’auteur, on prend plus facilement des initiatives en traduisant. Pour traduire il faut être audacieux, sinon c’est la platitude!

 

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