Egypte: Axel Gaspar, ingénieur franco-portugais au pays des Pharaons

Le Caire, la capitale égyptienne, regorge d’histoires à raconter, surtout en ce mois où se déroule le Championnat Africain des Nations.

LusoJornal s’est penché sur l’histoire d’un lusodescendant, Axel Gaspar, né en France, mais qui est au Caire depuis plusieurs mois où il s’occupe de la construction de lignes de métro.

Ce franco-portugais nous a expliqué les raisons de son installation en Égypte, mais il nous a aussi dévoilé sa passion pour le Portugal et la France, ses deux pays comme il aime nous le répéter.

 

Qui est Axel Gaspar?

Je suis un jeune franco-portugais de 23 ans qui est ingénieur sur le métro du Caire.

 

Quel est votre rôle?

Je suis ingénieur de travaux, c’est-à-dire que mon métier c’est de superviser les travaux, d’organiser les équipes, d’assurer les moyens humains et matériels, et de faire en sorte que notre entreprise respecte le planning du client pour rendre les travaux en temps et en heure.

 

La construction du métro est particulière?

Il y a beaucoup de spécificités liées au pays. En France on a rapidement ce qu’on veut, alors qu’ici il faut faire de l’anticipation. On n’a pas les mêmes moyens qu’en France, donc on doit voir au long terme. Il faut anticiper tout simplement.

 

Vous sentez de la pression sur vos épaules?

Je ne sens pas de pression, je vais plutôt dire qu’il y a des responsabilités. Il faut savoir les endosser, mais on n’est pas tous seuls. Sur tout le projet, sur notre corps de métier, on est que quatre expatriés, donc on travaille également beaucoup en lien avec les locaux. En somme, s’il y a une pression, elle est collective, tout simplement.

 

Comment a surgi cette opportunité de vous installer au Caire?

On peut déjà dire qu’effectivement c’est une opportunité de travail. Il faut savoir que je suis ingénieur spécialisé dans les métiers du ferroviaire, et je me suis rapidement tourné vers les métiers de la voie ferroviaire, donc ça réduit déjà le champ des entreprises en France. Ensuite, il faut savoir qu’au cours de mes études j’ai réalisé un stage pour l’entreprise où je suis actuellement au Gabon. Après le stage, l’entreprise m’a rappelé et m’a proposé de retourner au Gabon ou de venir ici au Caire. J’avais envie de découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture et de nouveaux projets, donc j’ai décidé de m’installer au Caire.

 

Vous avez eu des difficultés d’adaptation?

Maintenant ça fait déjà 9 mois que je suis ici, et j’avoue que j’ai mis assez longtemps à me faire au rythme du pays, à son mode de vie. C’est un pays très différent des pays européens, des pays dans lesquels j’ai pu voyager. C’est un pays avec une forte culture, mais qui s’est détaché de son passé colonial. La culture égyptienne tourne autour de l’Egypte antique, des Pyramides, etc… c’est sûr, mais dans la vie de tous les jours, il y a une forte culture liée à la religion. On n’est pas du tout dans un pays occidental ou même du Maghreb. Il y a un véritable choc culturel malgré l’industrialisation du pays puisque on est dans un pays qui est relativement développé. Le mode de vie au quotidien est différent par rapport à la France. Une fois qu’on s’est fait au pays, on peut rester ici sur du long terme.

D’où viennent vos origines?

Mes deux parents et mes quatre grands-parents sont portugais. Mes grands-parents ont émigré de Leiria, au Portugal, vers la France dans les années 60. Mes deux parents sont nés en France, mais toute ma famille vient du Portugal.

 

Et quel est votre lien avec le Portugal?

C’est un lien fort, car il y a une véritable fierté, un véritable amour pour le pays. C’est le pays où on va en vacances tous les étés, ou pendant les fêtes, car j’ai encore beaucoup de famille là-bas. Il y a un véritable attachement au Portugal, je ne dis pas ‘oui je suis portugais, mais je n’y vais pas’, c’est tout le contraire. Je suis portugais et je vais au Portugal souvent. C’est une partie de moi. J’ai des attaches là-bas, des gens qu’on aime, et une maison aussi. Ça reste notre pays, même si je suis né en France et que j’ai vécu en France. Le Portugal, c’est aussi mon pays.

 

Vous avez eu une double culture?

Je viens de la Région parisienne, donc il n’y a pas que la culture française ou portugaise dans laquelle on baigne, il y en a plusieurs. Mais c’est sûr que quand je suis avec des amis, je leur fais souvent découvrir des choses de la culture portugaise, et pas seulement les ‘Pastéis de Nata’ et ‘o Vinho do Porto’. Moi je fais découvrir d’autres choses comme ‘a Baba de Camelo’, ou encore la ‘Carne de Porco à Alentejana’. Ce sont des choses qu’on connait moins. On peut dire que j’ai une double culture, mais mélangée avec pleins d’autres. Moi, en tout cas, j’adore partager et faire découvrir le Portugal.

 

Quel est votre sentiment vis-à-vis de cette double culture?

Moi, je me sens portugais et français. Je suis né en France, j’ai toujours vécu en France, jusqu’à récemment, et je n’ai jamais vécu sur le long terme au Portugal. Je me sens portugais de par ma famille, et j’ai vécu au sein d’une famille qui avait une culture portugaise, mais également française. On est imprégné par la culture parisienne par exemple. Mais à la maison, ce n’est pas rare de manger ‘Bacalhau com Natas’ ou d’écouter de la musique portugaise à la radio. Je suis vraiment franco-portugais. Je ne veux pas être ingrat envers la France et dire que je ne suis que portugais, car la France a permis à ma famille d’avoir une situation, qui je pense aurait été plus laborieuse au Portugal. Il faut être reconnaissant, je pense. Et en même temps je ne peux pas renier mes origines, ma culture, car c’est dans mon sang. Je suis lusodescendant, je me sens portugais et français.

 

Etant en Egypte, ce n’est pas facile d’aller au Portugal…

Ça fait longtemps que je ne suis pas allé au Portugal, ça doit faire deux ans, et ça me manque. Au Caire, c’est possible de vivre comme un français, mais quand on est français et qu’on a vécu à la portugaise, eh bien, on aimerait retrouver ce côté portugais. Malheureusement ici c’est pratiquement impossible de trouver des produits portugais. Il y a un manque qui s’installe.

 

D’ailleurs au Caire, vous êtes en lien avec la Communauté portugaise?

J’avoue que je ne parle pas très bien portugais, mais je me sens bien dans cette Communauté portugaise. Alors pourquoi ce rattachement? Quand je suis arrivé au Caire, j’étais tout seul, et j’ai intégré des groupes d’expatriés français et portugais. Toutefois la Communauté française est très importante, très grande au Caire, et finalement, c’est compliqué de se réunir. Côté Communauté portugaise, on est moins nombreux, mais plus actifs. Il y a des événements tous les mois, des repas ou des réunions, tout simplement, où on discute de nos vies et pas seulement du travail. Je me suis rapproché de la Communauté portugaise car elle est beaucoup plus accessible. Il y a une excellente entente entre les personnes. Ce n’est que du bonheur!

 

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