LusoJornal / Mário Cantarinha

Fado : Décès de Joaquim Campos

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Il y eut longtemps deux références dans le fado traditionnel chanté à Paris : Mané (Mané Santos) pour les chanteuses, et Joaquim Campos pour les chanteurs, écrivions-nous dans ces colonnes il y a dix ans. Les deux enchantèrent longtemps, ensemble ou séparément, les soirées de fado du Saint-Cyr Palace, aujourd’hui disparu. Mané avait rejoint le paradis du fado l’année précédente. Et nous venons d’apprendre le décès à Lisboa de Joaquim Campos, après une carrière de plus de cinquante ans.

Une carrière, commencée à Lisboa, dans des maisons de fado réputées, dont certaines sont toujours en activité : O Faia, Taverna del Rey, Parreirinha d’Alfama…

Arrivé à Paris en 1985 pour l’ouverture du restaurant Escale au Portugal (dont l’existence fut brève) avec d’autres artistes de Lisboa, dont Tony de Matos. Tous repartirent au Portugal à la fin du contrat, sauf Joaquim Campos qui, hors de réguliers retours au Portugal pour de brefs séjours ou des concerts, fit depuis sa carrière en France, assurant pendant longtemps, outre le Saint-Cyr Palace, les nuits de fado des restaurants créés par la chanteuse Maria Galhardo, le Pátio das Cantigas puis le Palácio das Guitarras. Et bien sûr d’innombrables soirées associatives ou officielles, et des interventions dans tous les lieux de fado de la région parisienne.

Il avait aussi influencé la carrière de plusieurs fadistes à Paris, introduisant Conceição Guadalupe, fraîche lauréate du dernier concours de fado organisé à Paris en 2000, dans les milieux fadistes, collaborant avec Júlia Silva (retournée depuis au Portugal), créant avec la jeune Jenyfer Rainho un spectacle à partir de fados anciens.

Hors le fado, Joaquim Campos, comme quelques autres fadistes, anima des spectacles de variétés et des bals. Quelle différence avec le fado ? La réponse était claire : «ça rapporte plus d’argent. Bien sûr, fado ou variétés, il faut respecter le public, mais l’engagement artistique n’est pas comparable, quand on chante le fado, on se donne (ou au moins se confie), quand on chante de la variété, on se produit».

Fidèle défenseur du fado traditionnel, il se distinguait par une étonnante présence, pas seulement la voix que le fado sollicite, mais aussi par le geste, le mouvement du corps, des yeux. Joaquim Campos vivait le fado, et savait transmettre cette émotion à son auditoire.

Lors de ses obsèques, un hommage émouvant lui fut rendu par ses camarades anciens combattants parachutistes (Joaquim Campos participa aux guerres coloniales), et bien sûr par ses amis du fado, dont la «parisienne» Jenyfer Rainho. Un soldat du fado s’en est allé.

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