Grande Guerre: Les femmes dans la grande Guerre

Le 9 avril 2018, le Portugal commémorera avec la France le 100ème anniversaire de la Bataille de la Lys dans la région des Hauts-de-France. Les communes de Richebourg et de La Couture seront sous les projecteurs du Centenaire. Autour des commémorations, une série d’évènements «Les Portugais dans la Grande Guerre», est organisée du 7 avril au 6 mai.

Tout au long du mois de mars, LusoJornal donne la parole à Aurore Rouffelaers, en charge des commémorations au sein du Comité France-Portugal Hauts-de-France, pour une série de chroniques sur la Grande Guerre.

 

La guerre est une affaire d’hommes? C’est le point de vue de la fin du XIXème et du début du XXème siècle. Le temps et les faits contredisent cette assertion.

Les femmes jouent en effet un rôle tout aussi important que celui des hommes dans la Grande Guerre. Elles sont cuisinières, auxiliaires de santé, parfois ambulancières ou femmes de bonne compagnie. Il ne faut pas non plus oublier toutes les civiles, restées à la maison et remplaçant des hommes dans les tâches quotidiennes et le travail.

Peu de ces femmes sont passées à la postérité, mais citons-en néanmoins quelques-unes.

 

Elzira et Maria Machado

C’est au sein des services de santé qu’elles sont les plus nombreuses. Les infirmières vivent le même calvaire que les soldats, soit au plus près des combats, soit dans les hôpitaux de l’arrière. Leur quotidien est fait des quolibets des hommes, de corps mutilés, d’âmes en souffrance ou de terreur, les jours de bombardements. Chaque armée aura son régiment d’infirmières.

Pour le Corps Expéditionnaire Portugais, les infirmières sont rattachées à la «Cruzada das Mulheres Portuguesas». Cet organisme est fondé le 20 mars 1916 par Elzira Machado, l’épouse du Président de la République portugaise Bernardino Machado. Il avait, à l’origine pour but de former du personnel de santé à même de travailler dans le cadre de la préparation de guerre. Son rapprochement avec la Croix Rouge en fait le producteur du corps infirmier.

Parmi les infirmières détachées sur le front se trouve Maria Francisca Bentas Machado (1889-1918). Elle est la fille du Président Machado. Envoyée dans les Flandres, elle rejoint ensuite le secteur de Boulogne-Ambleteuse et travaille à l’hôpital militaire.

 

Marie et Irène Curie

Evoquons aussi les Curie, mère et filles, conduisant leurs centres de radiologie embarqués. Au commencement du Conflit, Marie Curie est mobilisée avec tous les autres membres de l’Institut du Radium (futur Institut Curie). Avec Antoine Béclère, elle participe à la conception d’unités chirurgicales mobiles.

Sur ces propres deniers, elle fait équiper une voiture et la transforme en bloc de radiologie mobile. Cette initiative donnera par la suite naissance à dix-huit autres voitures, surnommées les «petites Curie». Petites et légères, ces voitures accèdent facilement sur les lignes de front. A bord des véhicules, une conductrice et un médecin.

Parmi les conductrices, sa propre fille Irène (18 ans). En 1916, Marie obtient son permis et part, elle aussi, au front.

 

Nicole Grandin-Mangin

Toujours dans le domaine médical, il faut bien sûr citer Nicole Girard-Mangin, la première femme chirurgien sur un champ de bataille.

Née à Paris en 1878, elle fait ses études à Paris et devient spécialiste de la tuberculose et du cancer. En 1914, elle se porte volontaire et reçoit son ordre de mobilisation. Le médecin-capitaine qui la reçoit est plus que réticent mais elle lui tient tête et il décide de la nommer dans un secteur calme: Verdun!

Au cœur de la bataille, elle opère sans relâche et devient une véritable icône pour les soldats. Vêtue de son uniforme de l’armée britannique et accompagnée du chien offert par les soldats, elle passe de fronts en fronts: Verdun, l’Argonne, la Somme, le Pas de Calais et Ypres (Belgique).

 

Louise De Bettignies

Née, en 1880 dans les environs de Valenciennes, elle fait de brillantes études au terme desquelles elle parle couramment anglais et maîtrise l’allemand et l’italien. Pendant la Grande Guerre, elle fonde et dirige le réseau Alice, le premier réseau de résistance à l’arrière des lignes allemandes.

Alice Dubois (c’est son nom de guerre) contribue à faire sortir de Lille bon nombre de soldats français pris au piège à la suite de la chute de la ville en octobre 1914.

Arrêtée le 20 octobre 1915, elle est envoyée dans un camp de travail dans la région de Cologne. Sur place elle est placée au secret pour avoir tenté d’organiser une grève des prisonnières contraintes de travailler. Louise décède d’un abcès pleural mal opéré le 27 septembre 1918.

Elle est faite Officier de l’Empire Britannique, reçoit la Military medal et la Légion d’honneur à titre posthume.

 

Flora Sandes

Et, quid du front? Ce n’est pas la place des femmes, sauf dans les bordels! Une cependant se bat au milieu de tous ces hommes. Son nom, Flora Sandes, cette jeune britannique est volontaire dans le corps des ambulances. Au grès de moult péripéties et de la confusion générale, elle rejoint l’armée serbe où elle est faite Sergent-Major. Décorée sept fois, elle est élevée au grade de Capitaine.

 

Ces cinq parcours mettent en lumière quelques destins. Mais les témoignages manquent pour illustrer tous les autres destins exceptionnels dans ce moment de crispation historique. Cependant et cela est suffisamment rare pour le citer, l’implication des femmes dans le conflit mondial aura un aspect bénéfique, celui de faire évoluer globalement leur statut. Nous sommes encore loin de l’émancipation mais les mentalités évoluent.

 

A l’occasion du Centenaire de la Bataille de la Lys, un portrait de Maria Machado sera visible à partir du 6 avril 2018, à Neuve-Chapelle. Ce portrait s’inscrit dans une série pour former un chemin d’interprétation de la Bataille de la Lys.

Pour en savoir plus rendez-vous sur le site internet de l’office du tourisme de Béthune- Bruay:

www.tourisme-bethune-bruay.fr/sejourner/les-brochures/brochure-centenaire-de-la-bataille-de-la-lys-7-avril-6-mai-2018

 

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