I Guerre Mondiale: Ambleteuse, la base arrière médicale portugaise

On connaît assez bien l’histoire du Cimetière Militaire Portugais de Richebourg, mais beaucoup moins l’histoire d’autres lieux, tel que celui de la ville côtière d’Ambleteuse dans le Pas de Calais.

Le 4 avril 1917 les premières troupes portugaises arrivèrent sur le front. La première victime portugaise fut le soldat António Gonçalves Curado. Afin de faire face aux victimes, en soignant les malades et blessés portugais, l’État Major portugais s’installe à Ambleteuse, sur la Côte d’Opale.

À Ambleteuse se côtoyaient des soldats portugais et anglais. Citons, à titre anecdotique, que les relations n’ont pas été toujours d’une extrême courtoisie. D’un côté, on provoque avec le mot «beefs» et de l’autre avec «pork and beans».

À Ambleteuse on confine chacune des nationalités dans un périmètre bien défini. On enferme les Portugais dans un secteur qui inclut Ambleteuse et ses communaux, l’État Major siégeant dans une des villas de la baie.

Dans la partie portugaise, un décochement permettait d’avoir un accès à certaines fermes pour le ravitaillement et à l’emplacement du four à pain. Le lieu-dit La Fontaine du Roi est aménagé avec des parois en béton pour faciliter l’alimentation en eau des camps. Les troupes au repos ou en période de formation des unités, sont logées dans des demi-lunes aménagées avec de la tôle ondulée cédée par des habitants de la ville. Ces cantonnements sont très froids, car ils n’ont même pas de cheminée. Pour se chauffer les soldats allumeront à l’extérieur des braseros avec du bois de charpente et boiseries des habitations inoccupées. Le Moulin d’Audresselles et la Ferme Ferquent seront ainsi dépouillés.

L’hôpital général est quant à lui un peu mieux loti, avec un poêle à chauffer, possédant par ailleurs des lampes électriques. Cet hôpital aurait reçu la visite du Président portugais de l’époque, Bernardino Machado, en compagnie de son Premier Ministre et du Chef médecin Reinaldo dos Santos.

De noter qu’à Ambleteuse il y avait plusieurs unités hospitalières pour soigner les soldats portugais:

L’Hôpital général se trouvait à proximité de la Ferme de Selles. Ici sont engagées de nombreuses infirmières britanniques. Dans la section des convalescents, avec des conditions plus spartiates, les soins sont assurés par des infirmières portugaises.

L’Hôpital Vénérien est établi au nord de la route de Raventhum, après la dernière maison d’Ambleteuse. Dirigé par le Médecin-major António J. Sousa Junior, le personnel infirmier y est à la fois portugais et anglais. On y traite un nombre important de malades des M.S.T, conséquence de la promiscuité, le manque d’hygiène et la prolifération des poux.

L’Hôpital de la Croix Rouge portugaise, de taille réduit, était situé à emplacement actuel du terrain de football, juste à côté du monument portugais inauguré en 1919 en honneur des soldats portugais. Les infirmières sont portugaises tandis que les médecins sont portugais, français et anglais. La population d’Ambleteuse a exprimé son grand remerciement au personnel de cet hôpital qui a soigné avec grand dévouement les habitants malades au moment de l’épidémie de grippe de 1917.

Dans le registre de l’abbé Derollez, Prêtre d’Ambleteuse, on peut lire: «La mortalité chez les soldats portugais fut grande, due plutôt à la maladie qu’à la suite des blessures. Il est évident que le climat du Nord ne convient guère à ses habitants des pays chauds et beaucoup périrent de la phtisie». Cette affirmation n’est qu’à moitié vérité, l’abbé oubliant que beaucoup des hospitalisés ont été victimes des gaz asphyxiants.

Rendons ici hommage au personnel infirmier portugais et au rôle primordial des infirmières portugaises.

Pour le Corps Expéditionnaire Portugais, les infirmières sont rattachées à la «Cruzada das Mulheres Portuguesas». Cet organisme est fondé le 20 mars 1916 par Elzira Machado, l’épouse du Président de la République portugaise Bernardino Machado. Parmi les infirmières détachées sur le front se trouvait Maria Francisca Bentas Machado (1889-1918). Elle est la fille du Président Machado. Envoyée dans les Flandres, elle rejoint ensuite le secteur de Boulogne-Ambleteuse et travaille à l’Hôpital militaire.

De la littérature de l’époque et qui parle de son passage par l’Hôpital d’Ambleteuse, citons le récit édité en 1930 par la librairie Valoise, du Lieutenant Pina Moraes sous le titre: «Au créneau». Dans ce livre, les derniers chapitres sont particulièrement émouvants. L’auteur décrit la visite qu’il fit, en compagnie d’un ami médecin, à la section des tuberculeux de l’Hôpital d’Ambleteuse. Plus tard, lui-même, épuisé, souffrit d’une pathologie pulmonaire qui le conduisit dans ce même hôpital, mais cette fois comme patient. Comme Officier, il bénéficia cependant du privilège d’être logé à l’Hôtel d’Ambleteuse.

 

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