José Marreiro

José Marreiro a reçu la Médaille Vermeille de l’Académie des Sciences, Arts et Lettres

José Marreiro, un touche-à-tout au niveau des arts, par l’écriture en prose, en poésie et par ses belles peintures. Peintures où le réel est sublimé, les traits du pêcheur, du vieillard… et que dire de la manière dont il peint l’eau… sublime.

José Marreiro travaille dans l’automobile. Si vous avez une voiture de marque française, vous roulez probablement avec un peu du savoir de José Marreiro.

José Marreiro a reçu récemment un prix (un de plus!). Cette fois-ci, la Médaille Vermeille de l’Académie des Sciences, des Arts et des Lettres.

Nous profitons de cette occasion pour interviewer l’artiste qui a plus d’une corde à son arc. Il a beaucoup de choses à nous dire, sans langue de bois et qui fait même un appel à João Pinharanda, Conseiller culturel de l’Ambassade du Portugal en France.

 

Si vous aviez un pouvoir infini, quelle décision prendriez-vous tout de suite?

Vaste question! La pollution, le réchauffement climatique, la faim dans le monde, les politiques…? (rires). Au risque d’en choquer quelques-uns, je demanderais à Jésus de descendre de sa croix et de finir son boulot… Ce n’est pas le monde qu’il faut changer, c’est la mentalité des hommes et s’il peut, par la même occasion demander à Eve d’arrêter de manger la pomme. On souffre ici-bas!

 

Par vos écrits, on sent que vous êtes, si l’on peut dire, un anticonformiste. N’est t’on anticonformiste, le devient-on, le cultive-t-on, change-t-on avec l’âge?

Je ne dirais pas que je suis anticonformiste. Je ne dirais pas que je suis conformiste non plus, j’aime à croire que je peux penser par moi-même… Être dans la norme est le résultat probant de 50 ans de dictature me semble-t-il. Chez nous, être anticonformiste était déjà suspect. Je n’ai pas été formaté dans ce sens et j’ai échappé, non sans le vouloir, à ce conformisme préétabli…

 

Pourquoi croyez-vous que notre communauté s’affaiblît de jour en jour en ses racines?

La philosophie est normalement là pour peser le pour, le contre et son contraire, de plus chacun a la sienne. Très jeune, je voulais être publicitaire, on le voit bien, ne serait-ce qu’à la télé, les jeux d’orientations fléchés marchent très bien. Le pire, c’est que l’on arrive à nous faire payer leurs choix «Trop Fort»… En vieillissant, je deviens tout simplement plus acerbe devant ces inepties.

 

En tant qu’artiste, le besoin de créer est déclenché par un évènement, à des moments précis?

Je ne sais pas. Je ne suis pas réellement ce que l’on peut appeler un «artiste», mais oui, chacun de nous comble ses vides comme il peut. Ces moments sont toujours présents, dans chaque pore, mourir un peu, c’est mourir à petit feu et je ne veux pas, derrière moi, ne laisser que des cendres…

 

En tant qu’artiste y a-t-il eu une évolution dans les thèmes traités?

Non. Mon principal thème reste et restera le Portugal, tant que cette sève me nourrit, ce sont plutôt les supports et les techniques qui évoluent, je ne me contente pas de rester dans le même medium, il me faut sans cesse me renouveler. Et ce, pour mon pur plaisir…

 

La peinture, la prose et la poésie permettent-elles d’exprimer des idées? Exprimez-vous la même chose avec les trois ou faites-vous ressortir par chacun des trois une partie de votre personnalité, de votre intérieur?

Lorsque l’on dépose ses humeurs sur le doux papier, n’est-ce pas notre cœur, que l’on offre à moitié? N’est-ce pas notre douleur, que l’on tente de confier, ces simples moments de bonheur, que l’on veut préserver?

 

Dans ce que vous faites, il y a une certaine rigueur. Rigueur qui semble-t-il se trouve aussi dans votre métier qui est en rapport avec l’automobile. C’est quoi pour vous la perfection?

C’est vrai, je suis un peu «tatillon» mais c’est dans les détails que se fait toute la différence, un projet accepté par tous avec un suivi sur plusieurs mois et qui rentre dans les budgets… Quel bonheur! Mais personne n’est parfait, même pas moi! Et c’est vrai que j’applique les mêmes techniques et approches sur mes tableaux. Ce qui n’est pas à la mode dans l’élite Portugaise, le figuratif ne fait pas partie de leur vocabulaire. Et pourtant…

 

Les termes riche et pauvre peuvent se décliner de différentes façons. Quelle est pour vous la définition de ces deux mots?

Pour moi, on peut être riche et pauvre à la fois, comme vous le dites si bien, les déclinaisons sont à géométries variables… Ce n’est pas de moi mais «Le Portugal est le plus riche des pays pauvres et le plus pauvre des pays riches», à cela, si vous rajoutez l’indigence d’esprit de nos politiques, vous avez votre réponse…

 

Le fait de traverser certaines étapes de la vie, le ressenti, les sentiments évoluent-ils? Avez-vous une vision un peu différente des choses?

Complètement. Depuis que je sais que je suis un «Avec», un «Portugais de seconde zone»… Pour ce qui est de seconde zone, je l’ai toujours su, c’est pour cela que je vous écris en Français d’ailleurs! Je continue de voter quand même, car c’est un devoir mais sans réelle conviction… Quelle autre vision pourrais-je avoir? Mes racines s’assèchent et je ne vois que des bouts de sparadraps. Et ce, dans tous les domaines…

 

Vous avez reçu en juin dernier un prix. Pouvez-vous nous dire pour quelle raison et quelle en est l’importance à vos yeux?

C’est vrai que j’ai reçu la Médaille de Vermeille de l’Académie des Sciences, Arts et Lettres, mais ce n’est pas la première fois. Deux fois pour les Arts et une fois pour les Lettres… C’est vrai aussi que j’ai reçu de nombreux prix, mais ce dont je suis le plus fier, c’est d’être Officier Académicien, Médaillé d’Or, Ambassadeur pour le Portugal dans l’Institut Européen des Arts Contemporains et au sein de l’Académie Mondiale Art Academia. Ma seule prétention est de démontrer par l’art et l’écrit que nous avons tous été, il est vrai, balancé contre le mur, écaillé de la première heure peut-être mais que notre culture reste et restera à jamais dans nos veines et comme toutes les cultures elle évolue aussi… Pour la petite histoire, le Conservateur du Grand Palais avait choisi une de mes toiles pour être présentée, malheureusement «vendue» entre temps et on ne sait pas par qui… Chance.

 

Quelle est votre ressenti concernant la représentation de la culture portugaise en France?

Vous parlez des cœurs brisés, de broderie et autres? Je pense très sincèrement que cela représente beaucoup d’argent pour rien. La question que l’on pourrait se poser c’est «Ces œuvres représentent-elles vraiment le Portugal»? Je vous laisse dans votre méditation… Cependant, et cela n’implique que moi, à quoi ressemble un tableau post-moderne portugais, d’un Suisse, Français ou autre? Il peut éventuellement représenter le Portugal avec un thème lié et compréhensible par tous, mais ce n’est jamais le cas… Et c’est bien préjudiciable… Idem pour l’art plastique, s’il n’est qu’art plastique, pour moi, c’est «poubelle jaune»… Comme tout le monde. J’en profite ici, si vous le voulez bien, je lance un appel au Maître de la culture portugaise «Monsieur João Pinharanda» s’il avait une petite demie heure à m’accorder, j’ai plein d’idées pour représenter la culture portugaise dans tous ses domaines au travers de son Institut, et ce à moindre frais… Je pense, mais ce n’est qu’une déduction de ma part, que les finances pour la culture portugaise ont du plomb sous ses coffres, «pas si simple à gérer pour ce Monsieur je suppose!?»… Je lui en saurai gré et l’en remercie par avance… On ne sait jamais!

 

C’est quoi être portugais?

Un motif de moqueries.

 

C’est quoi la Portugalité ?

Portugalité? What is this? Cela fait partie des mots mal traduits de l’anglais «Portugality» que je déteste, on est un peu «masochiste» (pour une fois, mot d’origine portugaise. Eh oui!). On fait toujours référence aux Anglais, comme si c’était un passage obligé… I don’t speak english, it’s not necessary, you speak portuguese? It’s not necessary too… Right!!?? C’est comme en France: «je suis en train de manger» et le Présent alors? Non! «Je mange» et cela suffit bien… Celui que je déteste le plus c’est le mot «Diaspora portugaise» et sans cliché aucun, je me vois déjà traversé la mer rouge… On ne peut pas dire Communauté comme tout le monde? C’était juste un aparté de forme. Le fond maintenant, je suis pour à 100% mais la présenter sous une autre forme… Et surtout bien l’arroser, car elle se fane de plus en plus, faute d’eau pour ses racines…