La I Guerre mondiale unira le soldat José Antunes et Marie Madeleine Boussemaêre mais la paix les séparera

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Les articles publiés dans LusoJornal ouvrent parfois des portes, provoquent des réactions, réveillent des mémoires, au-delà du moment de sa publication. C’est le cas de notre article du 4 février 2022 sur les couples mixtes franco-portugais qui se sont créés à Ambleteuse à la suite de la I Guerre mondiale.

Il y a eu l’amour entre un soldat portugais et une demoiselle, il y a eu une naissance, il y a eu un retour au Portugal qui devait prévenir d’un redépart vers la France, il y a eu des courriers, il y a la non-distribution du courrier à sa destinataire… il y a eu drame… il y a eu des vies qui se sont construites… Il y a eu José Antunes, il y a eu Marie Madeleine Boussemaëre, il y a eu, Madeleine Alda Antunes…

José Antunes, soldat du Corps Expéditionnaire Portugais (CEP), qui est venu participer, en France, à la I Guerre mondiale, est né le 15 février 1895, à Oleiros, ses parents étant José Antunes et Clementina Adelaide, cette dernière déjà décédée au moment de l’embarquement de son fils vers Brest, au départ de Lisboa le 14 avril 1917.

José Antunes, plaque n°42535, soldat n°502, faisait partie de la 5ème Compagnie d’infanterie au poste de cycliste.

Le 14 avril 1917, José Antunes est intégré au «comboio automovél», le «train automobile». Ce service était destiné à effectuer le transport de biens alimentaires entre la ETE (Estação Testa de Etaples) et les LR (Locais de Reabestimento). De ce service faisaient partie 224 automobiles, 24 motos et 2 vélos.

Chez les soldats du CEP, une très grosse majorité, à un moment ou un autre, ont été punis, parfois pour des raisons qui, de nos jours, nous paraissent futiles.

Les deux vélos étaient précieux, et c’est à cause d’un d’eux, que José Antunes s’est fait punir pour la première fois. Le Commandement n’a pas été de main morte. Condamnation à 10 jours de détention, le 16 juillet 1917, pour avoir cassé une pédale du vélo qui lui avait été confiée et de ne pas avoir signalé l’incident à son hiérarchie.

Du vélo, José Antunes passe à la moto. Le 25 juin 1918 il est puni de 6 jours, pour avoir, la veille, laissé un collègue de sa Section prendre sa moto. Pas de chance, la moto tombera en panne.

De la moto, on passe à la voiture. Le 4 août 1918, troisième punition : 10 jours pour s’être déplacé à Boulogne-sur-Mer, la veille, avec une voiture du Commandement, sans y être autorisé.

Lors de la dernière punition, il était à pied. Il a été condamné le 2 octobre 1918 à 15 jours de prison disciplinaire pour avoir été contrôlé par la Police anglaise à Audresselles.

Il y a sans nulle doute des circonstances atténuantes. Le rôle de José Antunes au sein du CEP ne s’est pas, évidemment, limité à des punitions. C’est presque du domaine anecdotique, à y voir de plus près.

La visite à Audresselle avait probablement tout son sens : retrouver sa demoiselle, son amoureuse, Marie Madeleine Boussemaëre.

Marie Madeleine était encore mineure quand elle fit la connaissance de José Antunes. Elle est née à Audresselles le 1er mars 1900, elle décédera à l’âge de 96 ans, le 9 janvier 1997, à Marquise. Presque un siècle de vie, partagée entre bons et moins bons moments.

De l’amour entre José et Marie Madeleine va naître une fille illégitime, que José Antunes reconnaîtra même avant sa naissance, le 9 janvier 1919. La petite, Madeleine Alda Antunes, deux prénoms à connotation à la fois française et portugaise, voit le jour le 15 février 1919.

L’Armistice, ayant été signé, les troupes portugaises qui repartent d’Ambleteuse, sont parmi les dernières à rentrer au pays, la grosse majorité par bateau, au départ du port de Cherbourg.

Le départ de José Antunes vers le Portugal se fera, quant à lui, par voie terrestre, le 15 mai 1919. Tous ceux qui partaient par voie terrestre, avaient au moins une obligation : se signaler au moment de leur passage à la frontière hispano-française. José Antunes se présente à la Délégation du CEP à Hendaye le 12 juillet.
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Avant son départ, José Antunes avait promis de revenir en France pour faire sa vie en compagnie de Marie Madeleine et leur fille commune, Madeleine Alda. Mais les événements de la vie vont décider autrement.

José Antunes écrit de nombreuses lettres à Marie Madeleine, sans pour autant avoir une seule réponse, et pour cause… Toutes les lettres ont été détournées par la mère de Marie Madeleine, Lucie Marie. Avoir un enfant, sans être mariée, était très mal vu à l’époque… la punition ira bien au-delà de la ‘faute’.

De désespoir, Marie Madeleine, encore mineure, tentera de s’immoler. Sauvée, elle gardera pendant toute sa vie, une cicatrice sur son visage.

La vie continuant, Marie Madeleine se mariera le 8 novembre 1924 à Eugène Boulogne. Ce dernier finira, lui aussi, par reconnaître Madeleine Alda, qui gardera toutefois, pour toujours, le nom de famille, Antunes. Eugène et Marie Madeleine, auront par ailleurs trois garçons et trois filles : Eugénie, Gisèle, Eugène, Marcel, Claude et Jeannine. Deux sont décédés à ce jour : Eugénie et Eugène.

Quant à Madeleine Alda, elle se mariera deux fois, dont le 19 mai 1945, juste après la fin de la 2ème Guerre mondiale, avec Raymond Pannequin. Madeleine Alda n’aura pas d’enfants. Grande fumeuse, décède à Boulogne-sur-Mer d’un cancer de l’intestin. Elle est enterrée à Outreau, auprès de Raymond Pannequin, son premier mari.

Son neveu, Jean Michel, nous dira, de Madeleine Alda Antunes : «d’un caractère affirmé, elle avait un cœur d’or».

De José Antunes, que le destin séparera de Marie Madeleine et de Madeleine Alda, après son retour au Portugal, on ne sait pas grand-chose, que quelques suppositions… une partie de l’histoire reste à écrire.

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